6 Le Soleil de Colombie, vendredi-4 juin 1982 Roman policier par N. Barbour L'assassin roulant 2eme épisode Bouchard soupira. “Voila qui gfche tout. Avoir I’assas- sin en dix minutes, serait trop beau. Et maintenant, les petits-enfants, si c’est eux, ont eu le temps de rentrer chez eux...ah, voici du monde.” “Je leur ai téléphoné, aux Tremblay,” dit une femme d'un certain &ge, en anglais, “et ils disent qu’ils ne voient pas pourquoi ils vien- draient.” “Vous &tes la gérante, ma- dame...? eo chargé de l’enqué- ti Se! - “Mademoiselle. O’Connel, Shelagh O’Connel. Oui, c’est moi.” “J'ai regardé ma montre avant de commencer, juste- ment je me demandais s’ils seraient chez eux; il était une heure moins dix, juste aprés larrivée du gendarme. Je lui ai montré le chemin, et puis je suis rentrée dans mon bureau pour téléphoner.” “Si vous avez les numéros la, je leur ferai venir. Merci, Mlle O’Connel, je vous parle- rai plus tard, si vous avez un moment...” Et, lorsqu’elle fut partie, “Nagy, trés bien! Vous avez la téte sur les épaules. Vous pouvez par- tir.” “Une heure moins dix,” soupira Wong. “Qu’elle dit - si sa montre marche bien. D’ailleurs, en auto... Sunny, prends la liste, +t téléphone-leur, fais-les ve- nir de suite - aprés tout, c'est leur grand’pére. et chrono- métre leur arrivée. S'ily ena un sur le tas qui arrive en Bouchard regardait autour de lui: pas d'indices visibles. Le cendrier était de toute évidence une arme parfaite, en verre lourd, poli et propre sauf a un endroit ov il y avait une tfche sinistre. Il avait été ceretainement sur la petite table ronde et bvasse, a cété du canapé. Tl allait a la fenétre, notant une légére trace sur la moquette, ot l’assassin au- rait trafhé sa victime. Du balcon, on ne voyait que les balcons de l'autre aile, et e un pan de la route. ne téte blanche apparut, en face, une vieille dame; ille lui faisait signe. Un témoin? A noter. Il descendit voir la gérante. Ason retour, Sunny raccro- oi ae i. Sous-Inspecteur es, on le © chait le téléphone. est?” “J'ai dQ &tre ferme, mais ils viennent tous. Ce sont tous des Tremblay, deux fils et deux filles; il y a un frére et une soeur, mais ils ne vivent pas ensemble... les voici, je crois. Six minutes.” “Bonjour, monsieur Trem- blay. Vous parlez frangais? Bouchard, sous-Inspecteur.” “Bonjour, je suis Luc Trem- blay. Alors, il a fini par mourir, le vieux? Et j’aime- rais saboir aussi, pourquoi je dois recevoir des ordres de la Gendarmerie de venir voir le corps, jallais repartir pour mon bureau -” “Monsieur Tremblay, votre grand’pére est mort par la violence. Assassiné, méme. Od étiez-vous a une heure moins vingt?” “Je savais que vous alliez me demander ¢a. J’étais chez moi, seul. Et alors?” “Ov habitez-vous?” Ilnomma une rue, ajoutant, “Deux blocs d'ici. Si vous croyez que je l’ai assassiné - enfin, j'aurais bien aimé l’assassiner des fois -” “Qui, moi?” Merci du compliment, cher. Et toi, donc! Maintenant, si c’était pas contre la loi, je l’aurais fait bien bien des fois.” Wong regardait sa montre; huit minutes. La nouvelle venue portait un pantalon gris et une chemise bleu d'uniforme, sous un parka entr’ouverte; elle était gan- tée. “Mademoiselle Tremblay? bouchard, sous-Inspecteur.” “Véronique, j’suis la soeur “Ca y quelque’un je serais pas du tout surprise. II est mort, grand’pére? II était temps. La derniére fois que: nous nous sommes disputés, je lui ai dit.” “Tu ne sais done pas te “Quoi? Eh la, y a un autre, un chinois. Deux gendar- mes? J'ai tué quelqu’un avec mon bus?” “Je commence a me le demander, mademoiselle. Seulement, votre grand’pére n’est pas mort écrasé, il a été assomé et jeté par lafenétre. Est-ce par vous? Puisque vous vous étes disputés, vous dites. Que faisiez-vous 4 une heure moins vingt? Peut- &tre étiez-vous chez votre frére?” (a suivre) Le coin du linguiste J.-P. Vinay, qui fait partie de la paroisse de Victoria depuis 1966, linguiste de profession et de dilection, a réfiéchi pour vous a deux questions posées par le nom méme de la paroisse: la premiere reléve de la gram- maire et de l’usage, et peut paraftre insignifiante. La seconde touche a la concep- tion méme que se font les paroissiens de la nature et du réle de SJB. [a] Un probléme de gram- maire. Le nom de la paroisse figure sur plusieurs docu- ments comme Paroisse fran- gaise Saint-Jean Baptiste. I] figure dans l’annuaire du téléphone a la _ rubrique Catholic Churches and Ins- titutions sous la forme St Jean Baptiste Paroisse Fran- gaise — sans cédille, bien entendu! Les “Pages jaunes” reproduisent cette version. Il n’est peut-étre pas inuti- le de rappeler que Saint est susceptible de prendre plu- sieurs formes graphiques en francais. Comme le note justement le Petit Robert, il s’emploie sans majuscule et sans trait d’union devant le prénom oule nom du saint ou de la sainte: saint Jean, le saint patron; il a une majus- cule dans des expressions figées telles que la Sainte Famille, la Sainte Vierge, mais non dans la sainte table, la sainte Croix, la sainte Bible. Il prend un_ trait d’union et une majuscule dans les expressions tradi- tionnelles la Sainte-Trinité, le Saint-Esprit, et par ellipse, dans les noms de f€étes qui utilisent gus nom ou ue Banvean, a Saint Cyiver tre. On notera que les noms de lieux en France sont généralement donnés en en- tier, sans abréviation, lors- qu’ils comportent le mot saint: je pense a Saint-Etien- ne, Saint-Germain, et la rue du Faubourg Saint-Germain, a Paris. A. Thomas, qui nous a donné un précieux Diction- naire des difficultés de la langue frangaise (Paris, La- rousse) nous rappelle la régle ci-dessus en ces termes: “Saint s’écrit avec une ma- juscule et se joint au nom qui le suit par un trait d’union [Saint-Michel] quand on veut désigner la féte, l’église mise sous l'invocation du saint, un ordre, une ville, une rue, etc., qui porte son nom.” Il faut exactement: donc écrire Saint-Jean Bap- tiste, ou Saint-Jean-Baptiste, l'usage étant ici un peu flou (Thomas recommande Saint- Vincent-de-Paul]. L’abréviation de Saint est, en anglais, St.; mais en fran- gais, on ne met jamais un point si l’'abréviation conser- ve la derniére lettre du mot. C’est ainsi que Monsieur s'abrége en M. ouen Mr (sans point), et Madame, Mademoi- selle, en Mme, Mlle, sans points. Done, notre saint pa- tron n’aura pas de point (St. Jean Baptiste) mais un espa- ce vide (St Jean-Baptiste] ou un trait d’union [St-Jean Baptiste, St-Jean-Baptiste]. Malheureusement, ni Tho- mas, ni Dagenais [Dictionnai- re des difficultés de la langue francaise au Canada] ne parlent de cette question. [b] Deuxiéme probléme de grammaire: En fait, il s’agit seulement de rappeler une régle, qui devrait étre bien connue, mais qui est souvent violée: les noms propres de peuples prennent une majus- cule: les Anglais, les Fran- gais, mais non lorsqu’ils sont pris adjectivement: le dra- peau francais. Mais les noms de langue ne prennent pas de majuscule: il parle frangais. Il résulte de (a) et de (b) que “canadien frangais” peut s'écrire de plusieurs facons: canadien-francais, avec ou sans trait d’union; Canadien- francais, si c’est un homme; et méme Canadien-Frangais, ou Canadien Francais. Au Québec, peut-étre pour sim- plifier la grammaire, on écrit Québécois et québécois, se- lon les cas, et il n’y a plus de traits d’union... fei - [c] Un probléme de séman- tique: La paroisse Saint-Jean Baptiste est décrite comme “une paroisse francaise”. La question est done: que faut-il entendre par “francaise”? En principe, “frangais” est ladjectif et le nom corres- pondant a France, soit qu'il s’agisse du pays ou de la langue: il parle francais; c’est un Frangais (les dames vou- dront bien excuser tous ces masculins; c’est l’usage de considérer le masculin en grammaire comme représen- tant aussi le féminin!) ¢ Selon cette acception, une paroisse francaise serait une paroisse groupant des gens qui viennent de France. C’est certainement [l’inter- prétation qu’en donnent des immigrants ou des visiteurs européens (cf. L’Académie francaise): ce n’est pas celle qu’avaient dans l’esprit les Péres fondateurs. e Mais ce peut étre aussi une paroisse groupant des gens qui parlent francais: cette interprétation permet de considérer tous les peu- ples qui parlent frangais: Belges, Suisses, Québécois, etc., et ceux qui utilisent le francais comme langue se- conde. (1) SJB est done, a ce titre, une paroisse qui parle francais. (Quelle que soit lorigine ethnique des parois- siens): c’est certainement le cas ici. © Enfin, et peut-étre sous Vinfluence de l'anglais, fran- gais a pris au Canada le sens de “membre du groupe cana- dien-francais”, de méme qu’ anglais signifie le plus sou- vent “membre du groupe canadien-anglais”. Il y a des variantes, naturellement (Anglo, France, Etc.), mais c’est le sens qu'il convient de donner a SJB, si l'on en croit les notes diverses qui ponc- tuent les archives consul- tées. SJB est donc, dans la pen- sée de la majorité de ses pa- roissiens, une église ot (1) l'on parle frangais, (2) qui réunit des Canadiens-fran- cais, et peut-étre (3) des fran- cophones d'autres parties du monde. En fait, et c'est normal, c’est l’interprétation (2) qui domine, depuis les gravures représentant les faits saillants de la vie des Canadiens-frangais, qui or- nent les murs de la salle paroissiale, jusqu’au choix des célébrants et leurs allu- sions a la vie et a l’histoire des régions canadiennes- frangaises. D’ot le choix du saint patron, qui est celui du Québec (alors que Saint Joseph est celui du Canada); d’ot les relations étroites avec les sociétés “nationa- les”, avec le Conseil de la Vie francaise, etc. L’Action Ca- tholique du 28 novembre 1957 a bien compris cette JUUEZ AVEC NOUS wmVrs CRISES none 6—Gravures. 7—Qui appartient aux reins. - Fagonnés. &—Chiffres romains. — Course sans aucun avantage ni handicap! 12 3 4 5 6 7 8 9 10 11.12 — 9-Philosophe allemand (1765-1841). — De I’'alphabet 1 grec. i 10—Eclat de voix. — Une (anglais) . — Quatre lettres de 2 seigle. 11—Dégoit, ennui. — Dans corbeille. 3 12—Dans la rose des vents. — Prén. masc. . 4 5 HORIZONTALEMENT 6 1-Sorte de tamis de grande taille. — Pour ouvrir ou fer- 7 mer. 2—Démesuré. — Partie du corps humain. 8 3—Femme d’Irlande. 4—Dans. — Terre ott l'on séme du seigle. 9 5—Berceau. — Continent. — Du verbe devoir. 10 6—Chiffres romains. — Sentier. 7—Instruction particuliére. — Qui est de la nature de ll Pocre. 8—En matiére de. — Qui aime 4 rire. — Petit cube. 12 9—Connait. — Danse. 10—Piscine de Jérusalem. — Consonnes. VERTICALEMENT 11—De la gamme. — Nég. — Rédiger. 12—Pied de vigne. — Ville du Nigeria. 1—Sorte de soucoupe en bois. — Liqueur des viandes. 2—Largeur d'une étoffe. — Besoin. 3—Poli. — Symb. chim. 4—Tordu en spirale. — Paroisse de la prov. de Québec. 5—Rebord ou filet sou love d’un chapiteau (pl.). — S’est dit pour nichée. Solutions page 27 ' Trouvez les 7 erreurs. interprétation, quand il (elle) titre: Une paroisse canadien- ne-francaise pour nos compa- .triotes a Victoria. NOTE: (1) Le cahier des pro- cés-verbaux de la paroisse — s'ouvre, le 6 décembre 1957, par une note: “Premiére réunion des marguilliers de SETAE Se la paroisse de langue fran- _ caise St-Jean Baptiste...” Prix Veuve Cliquot [Suite de la page 1] En effet, cette maison de renommée mondiale attribue tous les ans, depuis 1974, ce — ‘prix qui fut eréé par le Comte Alain de Vogue, président de cette maison. La France, — l’Australie, la Grande-Breta- _ gne, l'Irlande, les Pays-Bas et l’Allemagne de l'Ouest et maintenant le Canada ont vu une de leurs femmes d'affaire récompensée par ce prix de la Grande Dame du — Champagne. Tout comme la fondatrice de cette maison du champa- gne, Mme McDonald a perdu son époux al’fge de 28 anset comme elle, Mme McDonald _ arepris la succession ala téte de cette entreprise laissée 4 la mort de son époux. Cette — société d’ingénieurs est pas- __ sée d'un chiffre d’affaire de $250,000 & $86 millions. La BC Bearing Engineers Ltd détient 30 succursales qui | emploient environ 165 per- sonnes dans !’ouest canadien et les Etats-Unis. Anciens éléves de Gravelbourg [Suite de la page 3]... drat: Aeon on" i spectacle préparé par les an"), ciens éléves et pour les ~ anciens éléves, suivi d'une - danse et d'un concert. Les billets pour cette soirée sont en vente le jour de l’inscrip- tion. Le dimanche 4 juillet: un brunch sera servi par les Chevaliers de Colomb, de 9h00 a midi. Pour plus de renseignements et dona- tions, écrivez Legault-Pariseau, Boite 626, Gravelbourg, Saskatchewan, SOH 1X0. Les commercants prosperes annoncent.dans le SOLEIL DE “COLOMBIE - APPELEZ Ron 879-6656 = ae. Seer ‘ a Blanche ~