par Paul-Emile Cormier ™] n cette année interna- tionale de l’alphabéti- sation, il est devenu évident qu’étre anal- phabéte en 1990 prend une nouvelle signification. Beau- coup plus qu’étre une question de ne pas savoir lire ou écrire, c’est également ne pas pouvoir s’intégrer au monde scientifi- que et technologique dans le- quel nous vivons. Il est d’importance capitale de sensibiliser la population a l’envahissement des ordinateurs dans notre vie quotidienne carla plupart d’entre nous n’ avons pas encore réalisé l’impact de ces transformations sur la société d’aujourd’hui. Et, si tel est le cas, comment peut-on s’atten- dre 4 ce que les personnes dites analphabétes puissent fonction- ner elles? C’est dans cet esprit que la Fédération Canadienne des as- sociations Foyer-Ecole et Pa- rents-Maitres langait en juin 1989 son projet sur l’aphabéti- sation. Ce projet veut tenter de trouver une solution pour que les jeunes, sur les bancs d’école actuellement, ne connaissent pas le sort des travailleurs analpha- bétes. Ceux-ci pourraient per- dre leur emploi au profit de la technologie. Unexemple frappant peut étre celui d’un ouvrier dans une en- treprise de pate et papier: il ajou- tait manuellement les produits chimiques nécessaires 4 assurer la résistance du papier jusqu’au jour ou... |’ordinateur est entré. Il connaissait bien son métier mais ila été congédié parce qu’il ne savait ni lire, ni écrire les instructions, du moins pas assez pour comprendre les manuels d’opération de centaines de pages. Action communautaire Egalement le projet veut mo- biliser des personnes volontai- res dans les communautés pour voira remédier et prévenirl’anal- phabétisme. Cette implication comprend la participation de tous les secteurs de la société. Donc c’est une action commu- nautaire qui va explorer des maniéres de grouper les ressour- ces du milieu pour favoriser un climat favorable 4 1’alphabé- tisme. Cette action s’appelera pourcent de la population active est bénéficiaire de l’assistance sociale. Et prés de 50 pour cent de ceux-ci sont analphabétes. Deux fois plus Chez l’ensemble des autres communautés canadiennes fran- caises, bien que moins effarants, les chiffres demeurent alar- mants: le taux d’analphabétisme Le recensement de 1986 ré- véle qu’environ 13 pour cent des gens de 15 a 24 ans avait un degré de scolarité inférieur a la 9e année. Et chez les 25 ans et plus le taux dépassait encore 50 pour cent. Ilestintéressant aussi de noter que cette région 4 forte majorité francophone démontre des sta- tistiques peu reluisantes au ni- veau de la scolarité par rapport SS aa «Echanges pour 1’alphabétisa- tion.» En tout, trois projets pilotes ont été lancés en juin 1989, en vue de 1’année internationale de l’alphabétisation. Les projets se concrétisent actuellement a Terre-Neuve, au Manitoba rural ainsi qu’au Nouveau-Brunswick francophone. Au Nouveau- Brunswick, c’est un petit coin del’ Acadie appelé Kent-Sud qui fait l’objet de ces échanges. La région de Kent-Sud a été sélectionnée a cause de son taux élevé d’analphabétes. En effet, sur une population d’environ 18 000 personnes, 44,1 pourcent des gens sont analphabétes complets ou fonctionnels. Ces statistiques peuvent ex- pliquer en partie pourquoi 20 frise les 30 pour cent, soit deux fois plus que le taux de 15 pour cent: chez les anglophones"du pays. Dans la région de Kent-Sud beaucoup de gens dépendent de Vindustrie de la péche ou du bois et occupent donc des em- plois saisonniers. Les bureaux de la Santé et des Services Communautaires de cette région rapportent une haute incidence du probléme d’alcool, de cas de protection a l’enfance, de vio- lence familiale, d’ enfants caren- cés et de criminalité. Et s’il y a corrélation, dit-on, entre le taux de chémage, les problémes so- ciaux et l’alphabétisme, il est donc évident que cette région connait de nombreux malaises économiques et sociaux. aux anglophones. En effet, le taux de personnes avec moins de cing années de scolarité est de 17 pour cent, soit 9 pour cent de plus que chez les anglopho- nes. Lors d’une réunion regrou- pant 26 organismes communau- taires, l’automne demier, il a été accepté de combattre le pro- bléme ala base, c’est-a-dire faire la promotion dans le milieu et dans les familles del’importance de la lecture et des sciences. I] reste maintenant a rencon- trer les milieux d’affaires, les commerces et les industries. Eux également doivent recevoir le message que |’analphabétisme doit étre combattu. Leurs em- ployés sont-ils encouragés 4 se recycler, leur laisse-t-onle temps voulu pour suivre des sessions de perfectionnement, est-ce que ces employés sentent qu’ils sont encouragés a améliorer leur qualité de vie, leur rendement au travail, etc. Une deuxiéme chance Il existe dans notre milieu toutes sortes de possibilités pour les analphabétes. Suite 4 un rapport intitulé «Une deuxiéme chance» rédigé en 1982-83 les Colléges Communautaires de la province furent impliqués dans le dossier. Ainsi donc le Collége du Sud- est, celui de Dieppe, offre des activités d’alphabétisation sous forme de cours en petits grou- pes, soit sur les lieux mémes du collége ou encore dans des ins- titutions locales. Les matiéres enseignées sont la lecture, l’écri- ture et le calcul sous forme d’en- seignement individuel. Les diri- geants de commerces ou d’in- dustries sont invités 4 encoura- ger leurs employés 4 joindre ces cours. Certains sont offerts le jour et d’autres en soirée. Il existe aussi des_ Conseils régionaux d’alphabétisation formés en Fédération provin- ciale qui se penchent sur |’as- pect sensibilisation, recrutement de bénévoles et d’apprenants. Il est aussi possible de suivre des cours réguliers. Tous les services mentionnés sont gra- tuits ainsi que le matériel néces- saire. La chance est donc offerte la population. Avec ce travail de concertation entre colléges com- munautaires, conseil d’ alphabé- tisation, fédération provinciale et projets spéciaux, il est prévi- sible que la population de Kent- Sud au Nouveau-Brunswick, comme ailleurs au Canada, sa- che en profiter. Paul-Emile Cormier est di- recteur du Projet en Alphabéti- sation 1990, auNouveau-Bruns- Les centres scolaires et communautaires sont des outils de premier ordre pour permettre a la langue et a la culture francaise de se manifester quotidiennement. Le président, Guy Matte Le directeur général, Auréle Thériault La Fédération des Francophones Hors Québec Ine. 1404-1, RUE NICHOLAS, OTTAWA (ONTARIO) K1N 786, TEL.: (613) 563-0311 TELECOPIEUR (613) 563-0288 2 PLACE QUEBEC, SUITE 416, QUEBEC (QUEBEC) G1R 2B5, TEL.: (418) 523-8471 TELECOPIEUR (418) 522-6449 wick. Si O66) INAe Z NP eUlEWeE {| eWNjoA-«jeUOHeN Nefuy» :uoHeonpy 4