20 Le Soleil de Colombie, vendredi 9 Une nouvelle inédite Tnérual Esiobed octobre 1981 Le groom de Vancouver Pour Ariane En ce temps 1a, la ville de Vancouver s’étendait au mi- lieu d’une plaine trés calme. En ce temps 1a, Nestor était groom dans I’unique gratte- ciel de Vancouver. Un trés beau gratte-ciel de 58 étages, flanqué d’un ascenseur exté- rieur. Cet ascenseur mon- tant et descendant en moyen- ne une fois toutes les cing minutes, Nestor grattait le ciel prés de 84 fois par jour. Nestor grattait trés calme- ment, mais avec beaucoup de conviction. car son systéme était aussi simple qu’efficace: parvenu au sommet du grat- te-ciel, au 58 éme étage, - Nestor dépliait un escabeau, ouvrait une lucarne sur le toit de l’ascenseur et labou- rait consciencieusement le- bleu, au-dessus de sa téte.Le ciel frétillait d’aise,et arbo- rait son soleil le plus écla- tant. Le grattoir de Nestor, en ébéne incrusté d'ivoire, était trés au point, si bien que quelques secondes de gratta- ge toutes les cing minutes suffisaient. De jour comme de nuit, Nestor prenait bien soin de gratter le nombril formé par la lune, parce qu'il savait que, la surtout, les étoiles démangeaient le ciel. Et Nestor grattait avec d'am- ples mouvements de bras, parce qu'il n’oubliait jamais son erreur de jeune groom. Quelques dizaines d’années plus tét, en effet, lors de son entrée en fonction, Nestor avait chatouillé le ciel, par ses grattages mesquins de novice. Or, comme chacun le sait, le ciel est trés chatouil- - leux: il avait éternué, déclen- chant un immense orage sur la plaine d’habitude trés calme de Vancouver. Le foin soulevé par les bourrasques ‘s'’était engouffré dans les rues de la ville, et le Maire avait failli se noyer dans sa baignoire pleine d’épis de blé. Depuis ce facheux incident, ses administrés le surnommaient “Epi de Blé”. Mais quand Nestor grattait le ciel dans le sens des rayons du soleil, il faisait toujours beau. Ou plutét il faisait toujours beau aux heures de loisir. Pendant les heures de bu- reau, Nestor était trop occu- pé pour gratter le ciel fré- quemment. le ciel se fachait un peu, tournait au vert de gris, et crachait une fine bruine, histoire de taquiner les Vancouverois. Mais les Vancouverois n’en avaient que faire, puisquils étaient enfermés dans leurs bu- reaux. En revanche, pen- dant les vacances ou les fins de semaine, Nestor pouvait - Nestor le premier: parfois, derriére les lourdes portes métalliques ‘de l’ascenseur extérieur, les badauds enten- daient les rires étouffés du groom de Vancouver. C’était Nestor qui pouffait tout seul sur sa moquette rouge: “Dire que les bonnes gens s’imagi- nent que mon gratte-ciel gratte le ciel comme ¢a, sans méme lever le petit doigt”. Mais pour rien au monde Nestor ne leur aurait révélé son secret. Il s'était juré de ne le transmettre que de bouche a oreille de groom. Or, il était le seul groom de Vancouver. se ek eK Un beau jour, un vilain jour plutét, tout se détraqua, et le ciel fit des caprices. Car le Maire Epi de Blé eut une idée, comme cela lui arrivait ala premiére lune des années bissextiles. Epi de Blé décida d'‘instal- ler la télévision 4 Vancouver, parce qu'il s’ennuyait dans sa baignoire. Mais Nestor voyait Epi de Blé venir, avec ses gros sabots. Le Maire de Vancouver dresserait. des antennes de télévision au 58éme étage del’unique grat- te-ciel de la ville, de longues antennes effilées qui feraient vibrer le ciel de plaisir, et ‘rendraient dérisoire le grat- toir de Nestor. I fallait agir. Nestor organisa une cam- pagne de protestation contre le projet d’Epi de Blé. 1 - fonda un _ syndicat des grooms de Vancouver, dont il était a la fois le membre unique et le Président Direc- teur Géneral, et le syndicat manifesta dans les rues. Nestor criait: “A bas les antennes, a bas la télévision”, mais sans donner davantage d’explications. Bien enten- du, les Vancouverois ne com- prirent pas quel rapport liait linstallation de la télévision et le travail d’un groom. Les manifestations de Nestor ne furent done pas populaires. Fou de rage, Nestor, 4 la téte de son syndicat, décréta la gréve des grooms. Cette gréve eut des conséquences terribles: le ciel qui n’était plus gratté par le grattoir de Nestor, et pas encore gratté par les antennes d’Epi de Blé, entra dans une colére effroyable. ~Le front du ciel se noircit, se plissa, se gonfla. D’énor- mes nuages sombres craché- rent leur foudre sur Vancou- ver, des torrents: de pluie inondérent les rues, rythmés par les roulements de tam- bour del’orage. Un véritable commenca 4 monter. D’a- bord lentement, puis vite, trés vite, de plus en plus vite. Bientét les Vancouverois ne trouvérent plus qu'une seule parade a la noyade: se réfugier dans Manique gratte- ciel de Vancouver, le gratte- ciel de Nestor le groom, qui ne grattait plus rien. Le niveau de l'eau dépassa les cheminées des maisons, puis les clochers des églises ,for- cant les Vancouverois a s’en- tasser dans le 58 éme étage du gratte-ciel. : Epi de Blé faisait tout son possible pour rassurer ses administrés. Nestor, lui, maugréait que, si Epi de’ Blé avait renoncé 4 installer des antennes de télévision, “tout cela ne serait pas arrivé”. . Mais maintenant, c’était trop tard. Nestor connaissait bien le ciel. Sil le grattait en pleine colére, le ciel rirait jaune et se montrerait enco- re plus rancunier.. I] n’y avait rien a faire. Les Vancouverois, Epi de Blé et Nestor se résignaient 4 ren- dre visite aux paquerettes désormais transformées en algues, quand, soudain, un miracle se produisit: le grat- te-ciel sauta 4 la surface de Yeau: “Pof”. La pression de l’eau avait brisé les fondations de l’im- meuble rempli d’air. Le gratte-ciel s’était libéré com- meuneballe de ping pong ou un bouchon de champagne. Au méme instant, le déluge Canada -noyade. Travaux publics APPEL D’OFFRES Les SOUMISSIONS CACHETEES, visant les entreprises.ou services énumérés ci de pluie s’était arrété. le ciel avait craché sa colére. Etalé de tout son long sur un désert d’eau enfin pacifique, le grat- te-ciel de Nestor ressemblait a un immense éléphant de mer... oe se 2 3 ae sk Tous les Vancouverois a- vaient été sauvés de la Mais quand le gratte-ciel avait basculé, ils étaient tombés les uns sur les autres dans le 58éme étage. Tis démélérent leurs bras et leurs jambes, retrouvérent leurs esprits, puis se réparti- rent sur la paroi vitrée orientée vers le ciel. Nestor et Epi de Blé échangérent un > sourire, tout heureux d’étre encore en vie. Le périple qui commengait, effacait leur querelle passée. Ce périple prit trés vite des allures de croisiére, et les naufragés des allures de touristes. Car la nouvelle mer se révéla aussi calme que lancienne plaine de Vancouver quelle avait re-— couverte: toute la journée, Nestor grattait le ciel, de l'une des extrémités du grat-_ te-ciel flottant.. Le ciel, comme avant, frétillait d’aise et arborait son bleu le plus éclatant. Nestor avait beau se répéter: “Ce déluge est arrivé par la faute d’Epi de Blé”, il ne pouvait s’empé- cher de se sentir un peu coupable: C’est pourquoi il prévenait toute tempéte qui aurait envoyé le gratte-ciel par le fond. Pendant que Nestor grat- tait le ciel, les Vancouverois survivaient. Et sans aucune difficultés: ils péchaient du Public Works Canada adressées a 2 en en ea ol poisson, ou ramassaient les fruits et les légumes remon- tés a la surface de l’eau. Le jour, ils bronzaient sur les vitres en maillot de bain, la nuit, ils dormaient a la belle étoile sur la moquette récu- pérée dans les bureaux. Bref, ils n’étaient pas mal- heureux. Mais les Vancouverois ne s’ennuyaient jamais. Quand ils ne mangeaient, ne bron- zaient pas, ne dormaient pas, ils descendaient dans le corps du gratte-ciel, pour admirer le fonds de l'eau a travers les vitres. Les champs de blé ondulaient doucement sous les vagues, les arbres dan- saient- comme de longues algues folles. Il neigeait des pétales de rose au gré des courants. seo aie oe ae oe Un matin, 4 ’aube, Nestor s’étira comme un chat pour se réveiller, alors qu’Epi de Blé et les autres ronflaient encore. Il se leva sur la paroi vitrée, et a peine avait-il commencé 4 gratter le ciel qu'un mot se coinca dans gorge. En criant de joie, il le décoinga: “Terre. Terre”. Les Vancouverois se frotté- rent les yeux, en ronchon- nant que ce n’était vraiment pas une heure pour crier comme cela, mais bientét ils durent se rendre 4a I’éviden- ce. / Aprés avoir dérivé des jours et des jours, le gratte- ciel s’était échoué sur une céte préservée du déluge. Une céte tapissée de sapins, déchirée de fjords, blanchie de plages sablonneuses et de sommets enneigés. Nestor, Epi de Blé et tous les Vancouverois en restérent muets d’émerveillement... Tis décidérent de batir leurs nouveaux foyers a lendroit ' méme ou le gratte-ciel s’était échoué: une plaine_irriguée . a 1 sit Canada Public Works par les riviéres, encerclée par les montagnes. Le Maire Epi de Blé donna !’exemple. ll récupéra du béton, des fenétres, des meubles sur le gratte-ciel, et s’en fit une superbe villa prés de la plage. Ses administrés ne tardérent pas 4 limiter. Mais les Vancouverois é- taient réputés pour leur excellente mémoire. En prévision d’un second délu- ge, ils . installérent un télé- phérique qui reliait le centre de leur nouvelle ville au sommet de la montagne la plus proche: si les eaux remontaient, ils y trouve- raient refuge. Le Maire Epi de Blé nomma solennelle- ment Nestor le groom gar- dien du téléphérique de Van- couver, pour le récompenser d’avoir crié “terre, terre”, le premier. Epi de Blé ne croyait pas si bien faire. Du sommet de la montagne, Nestor surpassait n'importe quelle“ antenne de télévision. II dépliait son escabeau, ouvrait une lucar- ne sur le toit du téléphé- rique, et labourait conscien- cieusement le bleu, au-des- sus de sa téte. Le ciel frétillait d’aise- et arborait son soleil le plus éclatant. Mais le téléphérique de Vancouver était beaucoup — plus lent qu’un ascenseur, si bien que Nestor grattait le ciel moins souvent. Le ciel se fachait fréquemment, tour- nait au vert de gris, et crachait une fine bruine, histoire de taquiner les Van- couverois. La nouvelle Van- couver devint fameuse pour son temps couvert. Une consolation pourtant: pen- dant les fins de semaine et les vacances, les -touristes af- fluaient, le rythm- e des montées.. et descentes du téléphérique accélérait, et Nestor grattait le ciel 4 tour de bras. 5 ~ Le ciel était bleu. Nestor était content. [ls se sou- riaient. Travaux publics Canada au Chef, Soumissions et contrats de la Région du Pacifique, Travaux Publics Canada, 1166, rue, Alberni, Vancouver [Colombie Britannique] V6E 3W5 seront recgues jusqu’a l’heure et la date limite déterminée. On peut se procurer les documents de soumission par I’entremise du bureau de distribution des plans, a l’adresse ci-dessus sur versement du dépét ‘éxigible. — ' PROJET . Projet No 091126- Amélioration de I’éclairage, au Taxation Data Centre, Surrey, C.B. Les documents de soumission peuvent aussi étre vus a Association de Construction Amalgamée, Vancouver; Service du Plan de Construction, Burnaby.. : ag limite: 11h00 a.m. (heure du Pacifique), 27 octobre 1981 Dépét: $25.00 INSTRUCTIONS Le dépét afférent aux plans et devis doit étre établi a Yordre Receveur général du Canada. [Il sera rem- boursé sur retour des documents en bon état dans le mois qui suivra le jour de l'ouverture des soumissions. Le Ministére ne s’engage a accepter ni la plus basse ni APPEL D’OFFRES LES SOUMISSIONS CACHETEES, visant les entre- prises ou services énumérés ci-aprés, adressées au Chef, Soumissions et contrats de la Région du Pacifique, Travaux Publics Canada, 1166 rue i Vancouver, [Colombie-Britannique V6E 3W5 seront regues jusqu’a l'heure et la date limite déterminée. On peut se procurer les documents de soumission par Yentremise du bureau de distribution des plans, a Padresse ci-dessus sur versement du dépét exigible. Projet No 163296 Vancouver BC (centre-ville) Cherchons a louer approximativement 16, 480 métres carrés de surface pour bureaux et 400 métres carrés de surface pour entrepdt avec un stationnement pour 200 véhicules, situés dans le quartier bordé au nord, par le Burrard Inlet, au sud par la rue Pacifique, a l’ouest par la rue Cardero et a l’est par la rue Cambie. On considérera les propositions pour des superficies en petits lots ou comme suit: aucune des soumissions. 4,057 m2 superficie pour bureau 489 m2 entrpét 1,115 m2 superficie pour bureau 25nd pour embrente ; oe déluge... 2,552 m2 superficie pour bureau gratter le ciel tout a loisir, et : ee 3 : 165 m2 pour entrepéi. les Vancouveroisétaienteon- 4 peine Nestor avait-il at 1,756 m2 superficie pour bureau 25 m2 pour entrepét tents. quitté son poste que l'eau a } } a a : m2 superficie pour bureau ————————————————————— 000 m2 superficie pour bureau ttoyage et gies = S < avee une distribution appropriée pour des stationne- Guy, MA VOITURE pies _~t4 ments. LES BOUGIES SE VERIFIENT Tous - LES SOOOKM. ET SE CHANGENT APRES 2Accokm, DEUX PRECAU- TIONS A PRENDRE : D’ABORD, NE DEMARRE t : ~- LA BOUGIE AVEC UNE Lroceupation de ces locaux sera pour le ler juillet 1982, ou plus t6t que si possible, avec un loyen de 5 ans et une : NETTOYER AUTOUR DU CULOT, ET ~ PROPRE, VERIFIER option de renouveler ce loyer tous les 5 ans. ; : j DEVISSER BIEN DANS 1 \} =~ ee On doit recevoir les offres avant le 12 novembre 1981 BA, _\\ Stitomomes. 4 Ch State Pomepierdateaeipele . N \ LA POR CELAINE Saag ZFENP Weommenoenons wu constaucreve- See “aie renseignements, appelez M. J.C. Cottrell FRAGILEL, 5 . INSTRUCTIONS a y= ’ 3 ag te! Pour étre considérée, toute soumission doit étre i asl oe ee see ecemnes Inums per besarte: t pee = : ment et doit tre accompagnée de la garantie ifiée = / e ge sur les documents de soumission ne gees Le Ministére ne s’engage a accepter ni la plus basse ni aucune des soumissions est a peur-Etre ACAUSE DES BOUGIES., Sie AVANT DE REMONTER, GRAISSER Le FILETAGE, COMMENCER Rvis- SER ALA MAIN, ET FINIRA LA ‘CLE SANS BLOQUER TROP FORT. EN CAS DE MONTAGE DE BOu- GIES NEUVES, S‘ASSURER QUE LE DEGRE THERMIQUE EST CONFORME. Bux NORMES DU Soraereee (cone,caumrou Sie Jeune) Canada