DES CHRONIQUES ECONO- MIQUES DESTINEES AU SOLEIL ET SIGNEES PAR L’EMINENT ECONOMISTE QUEBECOIS LAURENT LAUZIN. VOICI LA DIX-NEUVIEME | TROP. D’ENTREPRISES MANQUENT ACTUELLEMENT DE VITALITE Il est normal que le chd- mage, au niveau qu’il a at-: teint présentement au Ca-: nada et surtout au Québec,: soit devenu la principale: préoccupation de nos chefs: politiques comme de tous. ceux qui s’intéressent au pien-étre de notre société.| Quelles que soient les rai- sons qui en activent la crois-| sance, et elles sont sans doute multiples, la situation ot nous sommes actuelle-| ment plongés contraste étrangement avec celle qui avait été prévue au cours du printemps dernier alors que: non seulement la création d’emplois semblait possible,| mais que l’annonce de nou-} veaux projets d’investisse-' ments occupait passable- ment d’espace dans les grands média d’information. Naturellement les événe-; ments d’octobre ont quelque peu faussé les prévisions formulées avant et 4 lasuite du dernier scrutin pro- vincial ; mais il semble- rait également que d’autres facteurs soient aussien cau-. se dont on parle fort peu pour le moment et dont lai véritable signification sera connue dans quelques semai-| nes et méme dans quelques mois. : Une relation certaine Méme si le monde des af- faires demeure plutdt silen- cieux sur le phénoméne éco- nomique qui se produit pré- sentement, il existe une relation assez directe entre le taux élevé et croissant du chOmage et le comporte- ment global de 1’économie. Il est sans doute vrai que la lutte menée contre 1’in- flation et surtout le haut loyer de l’argent ont contri- bué A ralentir la production et, par voie de conséquence, a restreindre le marché du travail. Il est également vrai que les progrés technologi- ques exercent une influence sur le niveau de l’emploi de méme que 1’épuisement graduel qui se manifeste dans les sommes disponibles pour le créditAlaconsom- mation. Mais, au niveau me- me de l’entreprise, la hausse du chdmage constitue un in- dice inquiétant en ce sens qu’elle indique un malaise d’une nature passablement grave. Autrement dit, nous sommes actuellement dans une période ot le sort mé- me de plusieurs entreprises se décidera dans les semai- nes a venir. : Il suffit de préter l’oreille aux propos qui se tiennent présentement rue Saint-Jac- ques pour comprendre que les affaires sont plus ardues et qu’il existe actuellement des difficultés sérieuses de trésorerie dans plusieurs entreprises qui pourraient conduire A des faillites re- tentissantes. Comme nous l’avons sou- ligné, cet aspect particulier de la situation économique actuelle est peu connu et il ne faut pas compter sur les milieux financiers pour dévoiler ce malaise au grand public. Nous comprenons ce silence, surtout si on tient compte de l’agressivité des syndicats quand les patrons tentent de faire valoir des arguments de cette nature. Nous sommes cependant d’ avis que nous approchons de la minute de vérité en cette matiére alors que le Québec sera touché plus for- tement que les autres pro- vinces par la disparition d’ une foule d’entreprises qui n’auront pas réussias’adap- ter auxexigences de l’écono- mie moderne et surtout 4 1’évolution constante des marchés. Le phénoméne est peut-étre normal du fait que nous avons surtout bati des entreprises A petites et mo- yennes dimensions qui ne peuvent résister au mouve- ment de concentration qui caractérise l’économie nord-américaine. Mais plu- sieurs observateurs signa- leront aussi que des chan- gements profonds devraient étre apportés A la mentali- té d’un nombre assez impor- tant d’hommes d’ affaires ca- nadiens-frangais si nous voulons non seulement conserver nos entreprises mais encore les administrer d’une facon qui en assure la rentabilité. Une véritable professior Dans un récent bulletin pu- blié par Dun & Bradstreet du Canada sur les causes principales de faillites com- merciales au Canada, il est indiqué qu’un grand nombre sont surtout attribuables 4 improvisation, c’est- a-dire au manque de for- mation de base de ceux qui se lancent en affaires. Meme si la grande agence d’infor- mation financiére que nous venons de’mentionner n’indi- que pas que cette improvisa- tion se retrouve surtout au Québec, nous sommes convaincus que cette obser- vation est encore plus vala- ble ici que dans les autres provinces 4 cause méme d’ une certaine mentalité qui existe chez nous et qui fait que le nombre de Québé- cois, notamment de Cana- diens-frangais, se lancent dans les affaires avec l’in- tention de réaliser d’impor- tants bénéfices dans le plus court temps possible. Quand leur exploitation se révéle fructueuse, ils ne pensent pas au lendemain mais son- gent plutdt a hausser leur niveau de vie plutdt qu’a jévelopper leur entreprise. Il n’est sans doute pas fa- cile de corriger cette ten- dance ; mais nous nous per- mettons de signaler qu’il existe présentement de nom- breux cours qui sont spé- cialement destinés 4 l’hom- me d’affaires ou encore 4 ceux qui veulent exercer une telle activité. Plusieurs or- ganismes dispensent actuel- lement une telle formation, notamment les chambres de commerce, en collaboration avec le ministére de 1’édu- cation. De tels cours exis- tent aussi au niveau de la gestion financiére et sont organisés chaque année par nos bourses locales et nos courtiers en valeurs. Nous sommes d’avis que la situation de notre économie serait en meilleure position au Québec si l’assistance A ces cours était plus nom- breuse. Il existe différentes fagons de relancer notre économie et d’améliorer la situation de nos entreprises qui, comme nous l’avons mentionné antérieurement, n’est. pas sans relation avec le haut niveau du chOmage qui existe au Québec. Voila un autre domaine ot 1’Etat et tous nos corps intermé- diaires seraient bien avisés de stimuler une meilleure éducation. ~ cablante. Les besoins des parents uni- a sont des plus pressants. est ce qui ressort d’une étu- de que publiera le mois pro- chain l'Institut Vanier de la fa- mille; étude sur les familles canadiennes qui ont a-leur té- te un seul parent. : L’étude, réalisée par Mme Doris E. Guyatt, étudiante au niveau du doctorat de I’Ecole de service social de l’univer- sité de Toronto, révéle selon les derniéres statistiques, qu'il Co au Canada, en 1966, 1,885 familles 4 parent uni- que, soit 8.2% du total, comp- tant 577,207 enfants de moins de 25 ans, Les quatre cinquié- mes de ces foyers avaient une femme 4 leur téte. Le revenu moyen des couples mariés ayant des enfants & la maison était, en 1967, de $8,080 contre $6,700 pour. les familles a pa- rent unique ayant pour chef un homme, et $4,723 pour celles qui avaient a leur téte une fem- me. Veufs et veuves représen- taient la moitié de 1’ensemble des parents seuls ayant des en- fants de moins de 25 ans, soit le groupe le plus considérable, tandis que l'autre moitié se composait ainsi: 40% étaient des maris ou des femmes oe rés ou abandonnés (30%), 8% seulement des divorcés, soit 21,000, et environ 2%, soit 6.- 731, des méres célibataires. Il ressort- de l'étude de madame Guyatt que les meres célibataires ont de plus en plus tendance a garder leurs enfants. Regle genérale, les meres séparees se sont ma- riées plus jeunes et sont moins instruites que les autres épou- ses. . Pour beaucoup de parents, étre seul pour elever une fa- mille est une expérience an- goissante, pour ne pas dire ac- our d’autres, c est un apaisement apres des années de querelles conjugales. Ce- dant, dans un cas comme dans l'autre, les parents uni-' ques sont en butte a des pie blemes qu’on peut ranger trois catégories principales: Seonomiaues, sociaux et affec- itifs. _ Madame Guyatt a adressé un questionnaire a des groupes de parents uniques. Le pro Jeme quils mentionnent le plus fré- || quemment est la solitude: vien- nent ensuite l'insuffisance du revenu, les difficultés affecti- ves, la fatigue et. l’autorité sur les enfants. Is parlent avec émotion de leur état: ‘‘Réali- ser un juste équilibre entre l'argent, le temps et 1’énergie est un réel défi. Les trois me font défaut dans une certaine mesure et lorsque je cours apres l'un, les deux autres m’échappent.” “‘Les gens es- timent que les enfants des foyers démembrés sont des anormaux et ils sont portés a dire & leurs enfants de s’en éloigner.’ ‘‘C’est parfois ex- trémement réconfortant et par- fois extrémement dur... on est toujours seul.” etc, etc. oici comment peuvent se résumer briévement les be- soins des parents uniques: — appui financier suffisant, — logements subventionnés pour les familles 4 faible re- venu; — services, peu cotiteux, effi- ~ caces et commodes, de soin des enfants pendant le jour — gar- deries, maternelles, repas scolaires, soins apres |’école, garde des enfants et aide mé- nagere; : — exemption de l’impot sur le revenu a l’égard du coiit des services de garderie et dai- de ménagere et abattements pl: génereux pour les en- — allégement du fardeau constant des responsabilités des parents, — apprentissage; recyclage, aide financiére et a pu moral pendant cette période de forma- tion; — centres d'information et dorientation professionn rapidement accessibles, — services juridiques 4 bas prix; — conseils et assistance dans lart d’élever les enfants. Quel- qu’un qui fasse figure du pere _ lorsque c’est la mere qui est seule, et de la mere lorsque c'est le pere qui éleve la fa- mille; — services récréatifs axés sur la communauté et dont le cotit est & la portée des famil- les faible revenu; — occasions de procéder a- des expériences de groupe avec d’autres parents uniques. — assistance de la famille, des amis et de la collectivité de facon que le parent unique puis- se continuer de jouer un rdle dans la société adulte, et pour laider 4 combattre la solitude. Ce n’est awe) étant cons- cient du probléme que le public pourra modifier les structures — pou que les parents seuls et eurs enfants ne soient pas voués injustement a4 T’isole- ment, mais ’qu’ils puissent s’épanouir librement au sein de la collectivité souligne ma- dame Guyatt dans ses recom-: mandations. : _ V'Institut Vanier a transmis cette étude de la famille a pa- rent unique au Conseil canadien du développement social qui a entrepris récemment d’étudier . en profondeur ce probléme. _Secvros Bruce Photo Tony Westman D’autre part, madame Guy- att suggére que l'Institut Vanier contribue 4 mettre la popula- tion et les gouvernements au courant des changements né- cessaires, 4 aider 4 dissémi- ner l’information et 4 élaborer, des programmes d’ éducation axés sur la vie familiale. Famille recherche jeune fille, 20-25 ans, pour séjour Famille recherche, pour sé- jour au pair, jeune fille, 20-25 ans, pour cuisiner et apprendre le frangais aux enfants, 7 et 12 ans. M. Dil Guss, Tél. 922-7132, bureau ; 688-2111. X, LE SOLEIL, 23 AVRIL 1971