TRIBUNE LIBRE Méme si notre Société se veut apolitique, nous ne devons pas tout de méme ignorer les témoignages exprimés par nos membres sur des questions d'actualité. a MM. Fradet, Avec la permission de ]'auteur, nous reproduisons sa lettre ouverte Brousseau et Martel sur la question d'indépendance nationale de l'Etat frangais d'Amérique. Messieurs, Je vous salue et vous remercie d'avoir eu la gentillesse de m'avoir fait dilater la rate pendant un bon quart d'heure, car ce n'est pas tous les jours que j'ai l'occasion de rire. Avec tout le respect que je vous dois, laissez-moi vous dire que j'ai trouvé votre déclaration d'indépendance nationale de l'Etat frangais d'Amérique (sic) assez farfelue et, de plus, un chef-d'oeuvre d'ineptie tant par le ton que par le contenu. Faisons ensemble, si vous me le permettez, l'analyse de votre déclaration. Le frangais seule langue officielle. La langue anglaise étant une langue internationale, il sera tres difficile de l'ignorer d'autant plus que les partenaires commerciaux qui assurent la quasi-survie du Québec sont anglophones. I1 y a fort a parier que les écoles, ot l'anglais est enseigné comme langue premiére, produiront - si ce ntest déja fait- une élite bilingue qui aura tét fait de se distinguer au détriment de certains réveurs. Les écoles catholiques. Les intéressés de confession catholique, protestante ou autre vous feront savoir en’ temps voulu de vous méler de vos affaires, 4 moins que vous ne vouliez que l'fEtat québecois soit une dictature (le ton de votre "déclaration d'indépendance" ne laisse aucun doute sur vos intentions). Les droits de la “minorité anglaise". Mémes commentaires que pour les religions. Vous n'imposerez absolument rien a personne. Ceux qui voudront étudier ou parler une langue indienne ou l'anglais le feront. La langue qui prévaudra sera celle qui sera la plus utile au développement du pays. Que cette langue soit le frangais, rien n'est moins certain. Pour ce qui est des droits de la minorité, votre condescendance a leur égard est tout simplement affligeante. Le sort des autochtones aprés lL'indépendance. Ces peuplades, comme vous les appelez, ont des droits historiques étayés par des traités. Si vous croyez avoir affaire aux mémes gens du temps de Jacques Cartier, vous vous mettez le doigt dans l'oeil. Nous avons toujours été amis avec eux par le passé dites- vous. Erreur. Vous découvrirez trés vite, et a vos dépens, que ces "peuplades" seront des adversaires redoutables quand ils traineront le Québec devant la cour de justice internationale de La Haye pour revendiquer leurs droits territoriaux. I] vous faudra réviser 4 la baisse vos prétentions sur le Nouveau- Québec et le Labrador. Le moment venu, les Amérindiens trouveront beaucoup d'amis, ne serait-ce que pour faire payer cher au Québec sa défection au Canada. La citoyenneté Québecoise et le passeport. Pensez-vous un seul instant que sept millions de résidents du Québec vont abandonner la citoyenneté canadienne parce que MM. Parizeau et consorts en auront décidé ainsi? Vous étes tous les trois d'une naiveté déconcertante. Aucun état démocratique ne peut imposer ou enlever une nationalité sans qu'il y ait consentement des intéressés. Ceux qui voudront continuer a résider au Québec pourront le faire sans étre forcés d'adopter la nationalité québecoise. Ces gens-la seront chez eux au méme titre que tout autre citoyen canadien, sans