Les Indiens Tlingit et Lapérouse ses voiles et les masqua toutes, il fut déporté vers Vintérieur par la force irrésistible de la marée et c’est a grande peine qu’il évita de s’échouer. Il séjourna a cet endroit durant vingt-six jours, faisant des observations et des reconnaissances et marchandant avec les indigénes. I] donna 4 la baie le nom de Port des Frangais. Sa description minutieuse du pays et de ses habitants constitue le récit le plus exact et le plus agréable 4 lire de l’ensemble des témoignages qui nous soient parvenus des premiers voyageurs dans cette région. Sa visite devint encore plus fameuse par la perte de deux de ses embarcations avec leur équipage de vingt-et-un hommes et officiers au cours de leur tentative de reconnaitre |’embouchure de la baie. En 1886, un siécle aprés cet événement, Cowee, le chef principal des Indiens Tlingit Auk qwan qui habitent Sinta-ka-heenee dans le détroit de Gastineaux, nous raconte lhistoire de la premiére rencontre de ses ancétres avec l’homme blanc dans la baie Lituya ot deux embarcations des étrangers furent renversées et beaucoup de ses occupants noyés. Ce récit fut transmis de bouche 4 oreille durant un siécle. Ces indigénes ne possédent pas de documents. Le chef, qui ne parle pas un traitre mot de notre langue, n’a jamais entendu parler de La Pérouse. Il nous est donc possible d’attribuer une date exacte 4 cette piéce détaillée de Jhistoire indigéne dont lauthenticité est établie par le fait que La Pérouse fut le seul parmi les premiers navigateurs a se rendre dans cette localité 4 bord d’un gros vaisseau et par le fait de la perte en vies humaines au cours de la destruction des deux embarcations. Avant l’arrivée des Blancs, quand les indigénes ne possédaient pas encore le fer, les Indiens Chilkat et Hoo-nah effectuaient chaque été de longs voyages 4 Yakutat pour acquérir du cuivre des Thlar-har-yeek. Le cuivre servait 4 fabriquer des couteaux, des lances, des ornements et des tinneh ° qui, 4 leur tour, étaient échangés au cours de transactions avec des tribus plus au Sud contre des canots en cédre, des coffres, des boites pour aliments et des instruments de cuisine. ‘Les célébres "cuivres" ou piéces en forme de bouclier qui peuvent prendre valeur de monnaie d’échange et qui avaient une valeur en fonction de leur taille. Le Chronographe Printemps-Eté 1987 Volume IV:1-2 Un jour de printemps, un important groupe de Thluke-nah-hut-tees du grand village de Kook-noo-ow dans les détroits de Icy Straits, se dirigea vers le Nord sous la direction de trois chefs -Chart-ah-sixh, Lth-kah-tech et Yan-yoosh-tick. En pénétrant dans la Baie Lituya, quatre canots furent engouffrés par les vagues. et Chart-ah-sixh se noya. Les survivants établirent un camp et pleurérent la perte de leurs compagnons. Alors que ces cérémonies avaient lieu, deux embarcations pénétrérent dans la baie. Personne ne savait qui étaient les nouveaux arrivants, mais on pensait qu’il s’agissait de grands oiseaux noirs avec des ailes blanches fort étendues et qui, 4 l’instar de leur oiseau créateur Yehlh, se montraient souvent sous la forme d’un corbeau. Ils pensérent alors que celui-ci était revenu sur terre sous ce déguisement; ils eurent peur et fuirent vers la forét ot ils se cachérent. Se rendant compte au bout de quelque temps q’il n’y avait aucun danger, ils rampérent vers le littoral en ramassant au passage des feuilles de choux-mouffette qu’ils roulaient pour former des _ télescopes rudimentaires avec lesquels ils pouvaient observer Yehlh, car quiconque regardait celui-ci les yeux nus était aussitdt transformé en pierre. Alors que les voiles furent baissées et que les marins grimpérent dans le grément et couraient le long des vergues, ils crurent voir, dans leur imagination, les grands oiseaux plier leurs ailes et des troupes de petits messagers noirs s’élever de leurs corps et voler autour. Ils pensaient que ces derniers étaient des corneilles et, effrayés A nouveau, ils cherchérent refuge dans la forét. Des guerriers, d’une famille plus hardie que les autres, se couvrirent de leurs lourds manteaux de cuir, mirent leurs colliers de bois et leurs casques de guerre et, armés de couteaux en cuivre, de lances et d’arcs, montérent dans un canot de guerre. Mais 4 peine eurent-ils quitté le rivage qu’un nuage de fumée monta de l’étrange apparition, aussitét suivi par la voix du tonnerre; cela les découragea 4 tel point que leur esquif sé retourna et les occupants durent battre de pieds et des mains pour arriver 4 rejoindre le rivage.