La rose emprunta un sentier. --Le ciel était radieux, la forét dominait marchant, elle taquina lorée dun bois, puis sourit a l’6cureuil. Au moment ou elle S‘apprétait a sauter sur un caillou, un moineau plana au-dessus de Sa téte. -Jaimerais posséder tes ailes! {ui confia -t-elle. Déja le moineau courait au loin, beaucoup trop pressé pour ralentir son entrain. La taille du bouleau apparut bient6ét a I’horizon et la rose haussa sa tige. C’était bien in- consciemment, pour égaler en hauteur le grand arbre. Elle se préparait al’affronter et, sans se l’avouer, cela /’impressionnait. Pour I‘avoir vu, ou du moins en avoir entendu parler, tous les habitants de cette terre le connaissaient. Tous savaient: «/mpossible de lui en imposer. Cest un 6tre décidé et plein de fougueuse volonté, agressif aussi!» La rose arriva au pied de l'arbre. Heureuse quand méme de /’approcher, elle fit: =Bonjour, Maitre Bouleau. Celui-ci bougea un de ses noeuds: /a pupille de son écorce s abaissa et i/ vit la rose. - Bonjour, toute petite, répon- dit-i| d'une voix grave mais bienveillante. Quelle agréable surprise! - Jepassais, feignit larose. Et comme ta silhouette dessina ses formes, j'ai pensé te saluer. - Jen suis ravi! Comment la fleur s'’engage- rait-elle sur le véritable motif de sa venue: elle préférait généra- lement Jes choses claires, évitait les hésitations. Elle avait ‘impression de tourner en rond. Elle rectifia donc. -A vrai dire, ma visite est provoquée. Je suis ici pour discuter avec toi des motifs d’un de tes refus. Le bouleau émit un rire léger, - dintonation si grave que |’écho frappa sept fois la montagne. - Parle! Voila que |’atmosphére com- mengait, malgré lui, a intriguer le maitre des jardins. C était un peu mystérieux. Il se redressa, leva les branches au ciel, puis recula. D’en haut, il regarda’la petite fleur. - Eh bien! vois-tu, j'ai rencon- tré Violette, Marguerite et Pivoine. Le bouleau fronga les sourcils. Les feuilles touchérent son - centre puis se rouvrirent en bouquets. Oui, il était digne, l'arbre. La rose poursuivit : les champs. En Les ailes de lespoir LOUISE BRISSETTE - Elles mont mentionné ton désaccord avec leur idée de construire leur nid sous une de tes branches. - Ah oui! - Et je me suis dit quil se cacherait peut-étre sous une roche, ou dans le vent... enfin, quelque part, une solution allant dans le sens de tes convictions et dans celui de leur espoir, un arrangement dont vous nauriez point encore scruté la possibilité. A linstant, Maitre Bouleau comprit. Il comprit que la rose venait intercéder auprés de !ui. ll était heureux de la ravissante présence. Lui aussi aimait les fleurs. Mais _ changerait-i/ davis? La discussion prendrait- elle une direction différente de la premiére? - Maitre Bouleau, avec tout mon respect, peux-tu mindi- quer les raisons de ton refus? - Tu. veux -‘connaitre mes motivations! - Sil te plait de me les dévoiler. - Eh bien! affirma le grand arbre décidé, cela ne me plait pas du tout. Déja avec Violette, Pivoine et Marguerite jai été trés clair, aussi limpide que l'eau de la-source. Le bouleau se tut, dérangé dans son intimité ou peut-étre dans sa fierté. Le silence frappa l’espace. Puis il ajouta: - Petite Rose, je n'ai pas envie d’échanger avec toi /a-dessus. Pour moi, cette affaire est classée. Larose en fut abasourdie. Ses feuilles rhabrillérent sa corolle pour se sauvegarder de | ‘incom- préhension. Insisterait-elle. ou en finirait-elle a l'instant? Elle tenta encore, bien que cette | fois, hésitante. - Si tu voulais, a deux, on trouverait. sans doute une entente!... L ‘arbre, pour une premieére fois en cette matinée, fléchit le tronc. Ses bras rasérent le sol et soulevérent la rose, la portérent prés de son coeur. La douceur d'un duvet cdtoya Ja rudesse d'une €corce. C’était du velours Sur une chair trop apre. Le _ bouleau adoucit le timbre de sa voix et se montra méme un peu doux, pour caresser sa compa- gne. - Petite fleur, le désir d’aider tes compagnes est remarqua- ble. Permets-moi de te louan- ger. Mais sil te plait, arréte ton discours. Encore une fois, ma décision a été prise: Violette, Marguerite et Pivoine ne sont pas autorisées a batir leur maison sous l'une de mes ‘branches. Redevenant ferme et énergi- que, /a sévérité du bouleau se découvrit. conte poétique Chapitre troisiéme - Jeneressens point le besoin d ajouter ace qui a été dit, ni de rendre un sens a mes propos. Jouissons plutét de /a brise. Si tu veux, oublions cette impas- se. La rose avait 6couté un peu décontenancée. Elle n’osa pas continuer. Et méme si la géne ne len avait empéchée, elle se serait abstenue. La volonté de l ‘arbre était de clore le chapitre et elle |'‘acceptait. Toutefois, des questions multiples |lassaillirent. Pour- quoi le bouleau adoptait-i! la politique du silence? L’agressi- vité avait commencé a gagner le géant. Il agita si violemment les branches que les _ nuages au-dessus de sa téte en furent déplacés. Les lunes chassérent le soleil. Car dans te pays, deux /unes veillaient sur/a terre. Et la fleur revint chez elle. Sur le chemin du retour, la rose - ressentit un _ certain bien-6tre. Oui, étrange. Un bien-€tre suite non pas a un échec, le mot est trop fort, mais a une confrontation ou lon n’aboutit pas aux résultats: comment expliquer cela? La rose avait le sentiment de s 6tre réalisée, non pas en terme de quantité, plutét dans la qualité de ses intentions. Elle avait suivi les élans de son coeur et cela créait une paix en elle. Liimage de ses ailes apparut soudain. Consciente d’avoir bien agi elle conclut, pour cela, mériter des ailes. Elle se réveillera le lendemain habillée d'une ou de deux Superbes ailes. Elle avait hate. Elle voulut pousser le temps et sans tarder, toucher |’aurore. Mais la nuit fuyait le matin. En tout cas! Dans quelques heures, elle contemplera la splendeur de son revétement. La rose marcha a travers _lobscurité. Dans le firmament, une pointe détoile annoncait la lumiére. Un ruisseau caressait encore un tronc d’arbre mort. Elle arriva bientdt. En piétinant l’‘herbe de sa demeure, elle apercut ses Ccompagnes ados- sées aun rocher. Oui! Les trois inséparables, possiblement dans lespoir d’une heureuse nouvelle, attendaient son re- tour. La rose porta son coeur pres du leur et /eur offrit le baiser de l'amitié. Et elle devint sérieuse. En un bref instant, elle imagina la peine quelle provoquerait. La violette, empressée, question- na, bien sar, aussit6t: - Et puis? La violette avait peine a assagir ses feuilles. Elles battaient d'un cdté et de | ‘autre si fort quon les edt dites fouettées par le vent. - Le bouleau a-t-il accepté? La rose scruta les yeux de la violette. Elle y vit le printemps. Comme elle aurait préféré lui offrir un oui. Franche, pour ne point ignorer la réalité, elle répondit: -Le bouleau ne veut pas ‘discuter. ll ne permet pas de construire votre maison sous l'une de ses branches. Le silence tomba. droit, abrupt. Ii se substitua d'un seul coup aux mots. Alors une larme glissa le long du plus _ grand pétale de /a violette. On aurait dit que la larme allait jusqu‘au bout de /a peine. Quant ala marguerite, elle nia l’évidence. Sans doute pour se défendre, pour 6échapper a une lourde réalité. -Ce nest pas vrai! Cest impossible! Le bouleau ne peut refuser! I] ne saurait ne point permettre! La rose trouva inutile de confirmer la parole de |’arbre. Que. pouvait-elle faire? Elle n était pas une fée. Sa réponse nétait-elle pas régie par l’existence d'un autre individu? L ‘autre individu, en | ‘occurence, Ps & E Travaux publics Canada No. 669442 Yoho National Park [C.-B.] Travaux de réfection Route Transcanadienne - Date limite: le 4 mai 1990 No. 669046 pour Parcs Canada Travaux de réfection Date limite: le 2 mai 1990 (C.-B.). Colombie-britannique. nécessairement retenue. APPEL D’OFFRES Des SOUMISSIONS CACHETEES portant sur les projets énumérés ci-dessous et adressées au Gestionnaire régional, Politique et administration des marchés, Travaux publics Canada, bureau 1000, 9700 Jasper Avenue, Edmonton (Alberta) T5J 4E2, téléphone (403) 495-3213, seront recues jusqu’a 14h00 a la date-indiquée. PROJETS Pont de la Kicking Horse River, km 94,0 Passage supérieur du C.P.R., km 92,6 Parc National de Kootenay, C.-B. Pont de la riviére Vermilion, km 41,23 Pont de Wardle Creek, km 51,14 On peut se procurer les documents de soumission aux bureaux de Travaux publics Canada, bureau 1000, 9700, avenue Jasper, Edmonton (Alberta); au bureau 632 Edifice Harry Haye, 220, 4e avenue S.E., Calgary (Alberta); au 1166 Alberni St., Vancouver On peut également consulter les documents de soumission aux bureaux de l’Association des constructeurs routiers situés 4 Edmonton en Alberta et a Richmond en Ni la plus basse ni. aucune des soumissions. ne sera Sopposait a leur désir. Elle laissa la marguerite s‘exprimer. Alors la pivoine releva la téte. - Mieux vaut en rire, jugea-t- elle. Les problémes font ainsi sourire des gens. Peut-étre ceux-ci sont-ils les plus opti- mistes. Et peut-é6tre les plus optimistes sont-ils les plus réalistes? - Vous n’avez aucune solu- tion? continua-t-elle calme, en dépit du refus. - Non! Aucune! Le refus prenait image de consistance. Méme | ‘interven- tion dune toute belle n‘avait point mené ala réussite. |i n’en resta pas moins pour les trois fleurs, que la démarche de la rose déversait un parfum subtil sur leur difficulté. Un autre logis devrait cependant les satisfaire. - Nous inventerons une autre demeure, conclut /a pivoine. Aprés quelques échanges, l'envie de parler se dissipa. La paix de /a nuit contrastant avec le tumulte des coeurs, /es fleurs se retirérent. La belle rentra chez elle. Elie s'endormit en révant aux ailes que le matin lui apporterait. Du dos d'un ane, les ailes descendraient jusqu’a © sa chair pour lui permettre de s envoler et de fréler les étoiles. Public Works Canada