VOLUME 9 - 3° EDITION- ISSN 1704 - 9970 Encore un Goncourt décevant Trois jours chez ma mere est le dernier roman de Frangois Weyergans. Le personnage principal est un écrivain proche de la soixantaine, Fran- ¢ois Weyergraf. I] aimerait aller passer un peu de temps auprés de sa mére trés 4gée qui vit seule dans les Alpes-de-Haute-Provence, mais il remet constamment son départ parce qu'il voudrait aussi terminer un ro- man qu'il traine depuis plusieurs années. Personne dans sa famille, ni sa femme Delphine, ni ses cing sceurs, ni sa mére ne croient qu'il en viendra a bout. Ses dépenses personnelles, le fisc qui lui réclame des impéts lui causent des problémes d'argent malgré les avances que lui verse son édi- teur. Il a parfois envie de tout plaquer, son métier, sa femme, Paris, I'épo- que ow nous vivons. Finalement, comme dans un roman bien convention- nel, tout finit par s'arranger, I'écrivain va revoir sa mére et termine son roman. Cette ceuvre insiste sur la difficulté ou plutét l'impuissance de I'écrivain a composer un roman. Il réfléchit, écrit, se corrige, reprend certains passages, les écrit et les corrige 4 nouveau, puis encore et encore dans l'espoir d'atteindre la forme voulue, originale et expressive. Ecrire est un exercice accaparant et pénible, et essayer de jeter un éclairage sur les mécanismes incertains de l’écriture aurait pu étre une tentative intéressante. En fait, le personnage est loin d’étre dépressif, il semble méme trés a l’aise dans la procrastination et dans sa vie de tous les jours. Frangois Weyergans construit son livre en utilisant la technique de la mise en abime : le narrateur s’appelle Francois Weyergraf, il veut rendre visite a sa mére et crée le personnage de Francois Graffenberg qui pense aussi rendre visite 4 sa mére et crée a son tour un personnage, Francois Weyerstein, lui-méme écrivain qui part pour rendre visite 4 qui vous savez... Le probléme du roman dans le roman, c'est que plus on ouvre de tiroirs, plus on retombe dans le méme récit; la répétition risque de causer l'ennui qui en est multiplié d'autant. Ce n'est quand méme pas pour ces jeux habiles mais peu originaux aux- quels s'amuse l'auteur que ce roman a obtenu le Prix Goncourt 2005. II 21