Oura Cest la nouvelle techni- que de démarchage ban- caire. La Banque Rothschild Vapplique en France depuis Van dernier. Elle dispose de 800 démarcheurs formés spécialement a ce travail par les soins d’un organisme américain qui a inventé la L'1.0.S. est un fonds d’in- vestissement. Le principe en est simple : le client donne son argent au Fonds qui le place et verse des dividen- plus important fonds d’in- vestissement international il compte environ un million de clients, emploie 15.000 employés et gere dans les 9.3 milliards de dollars (soit dans les 13 milliards de frances nouveaux), La réussite de ces fonds vient de ce quils placent leurs capitaux dans le monde en- tier avec une grande mobi- lité. Ce sont les Fonds d’in- yestissement qui contrélent le plus gros de ce qu’on ap- | pelle Jes « capitaux flot- tants » dont les mouvements ont fortement contribué, en 1968, a « casser > le franc. Ce sont également les Fonds d@inyestissement qui ont le plus largement profité de la reevaluation du mark, en automne 1969. L’l.0.S. de Cornfeld a poussé comme un champi- gnon : Cornfeld eut lideée, en 1956, de collecter l’argent des soldats américains ins- fallés en Europe because le Pacte atlantique, Il eut rapi- ennui est que de telles opérations exigent, pour prospérer, une expansion économique continuelle. Une récession de courte durée est dangereuse : une réces- sion, méme relativement leé- gere mais tres durable, est plus que dangereuse. Or, de- puis six mois, la Bourse americaine se porte mal. La presse financiére annonce réguliégrement que la mau- vaise passe est finie, que des au client. L’J.0.S. est Je - gan sur le fric international 5, Le Soleil de Vancouver, 14 aott 1970 LO. Sis: Cae EPUIS plusieurs mois pas mal de citoyens et de D citoyennes frangais recoivent un appel télé- phonique qui, d’abord, les surprend. — Ici, dit l'interlocuteur, la Banque Rothschild. Je vous téléphone de la part de notre ami M. Uniel. Avant méme que la personne appelée ait le temps ‘de dire un mot, l’interlocuteur enchaine et. déebite une déclaration d’ou il ressort que placer son argent a la Banque Rothschild est la meilleure affaire qu’on puisse faire, qu’un représentant de ladite formule, Cet organisme s’ap- elle « Investors Overseas Service », dont Je patron est Bernard Cornfeld.. - Or, depuis quelques se- maines, I’ « Investors Over- seas Service », alias 1’J.0.S., prend un bouillon. gigan- tesque. : Chute libre dement affairé aux banqués américaines qui lui firent interdire de collecter aux U.S.A. eux-mémes. Des sol- dats américains, il passa aux civils européens, Le rende- ment fut rapide et Cornfeld eut beaucoup d’imitateurs. _Cornfeld créa des filiales, embaucha des armées de deé- marcheurs a domicile. I ‘installa son siége en Suisse, prés de la frontiere fran- caise, du cdoté de Ferney- Voltaire, avec ordinateurs et tout, En 1969, son J.O.S. a récolté cent millions de dol- lars par mois! De plus en plus fért : il créa un «< fonds de fonds >, c’est-a-dire que le Fonds @investissement 1.0.8. pré- tait de Vargent 4 d’autres fonds d’invéstissement, etc. C’est beau, la technique financiére. Trahison tout va réprendre : en vain. C'est que si le dollar a « vaincu l’or », l’an dernier, et passe maintenant pour la grande monnaie de_ reéfe- rence mondiale, il est tenu pour une monnaie malade aux U.S.A. eux-mémes. Le cout de la vie augmente de- puis deux ans d’environ 5 % par an aux U.S.A., ce qui ne s’est jamais vu. Les Améri- cains d’Ameérique perdent confiance dans leur propre banque passera chez vous, qu'il vous expliquera tout, etc. L’interlocuteur s’exprime bien, avec des argu- ments séduisants. Si la personne accepte de le recevoir, ca fera un client de plus pour la banque. Si elle refuse, le démarcheur lui demande de lui donner au moins le nom d’un ami qui, éventuelie- ment, serait intéressé. Et si elle le donne cet ami est a son tour appelé au téléphone : — Ici la Ban- que Rothschild, je vous téléphone de la part de notre ami M. Untel. Et ainsi de suite. monnaie. Un des effets de cette crise de confiance est que la Bourse américaine at- tire beaucoup moins de clients (primo parce qu’ils craignent que Vinflation ac- tuelle ne grignote les bénéfi- ces, deusio parce qu’ils pré- ferent acheter des biens de consommation avant qu’ils augmentent). Donec la Bourse chute : or, l’I.0.S. de Corn- feld a placé énormément d@argent dans des valeurs américaines. Il s’ést alors produit un phénoméne dit de boule de neigeé : pas mal de clients de Y’I.0.8., craignant pour leurs placements, ont de- mandé a rentrer dans leur fric. Attaquée sur deux fronts — les valeurs US. qui s’ef- fritaient et les clients qui prenaient peur — I’LO.S. a perdu des plumes. Sur les places suisses, Yaction « I.0.S. limited », qui valait 17 dollars em fevrier der- nier, est tombé a 5,75 dol- lars la semaine derniére. luant a Vaction de la fi- liale « I.0.S. management > qui cotait 66 dollars au dé- but de l’année, elle est au- jourd’hui a 16. Comme il est dit dans les Ecritures: dégringolavit de brancha.in brancham et fe- cit poum, Bon public C’est dans la pieuse at- mosphére causée par ces événements que s’est teny, vendredi dernier, dans un hétel parisien, sis prés de la Tour Eiffel, le 149° déjeuner de I’ « Opinion en 24 heu- res ». Le théme du débat était des plus folichons : « Investissements et Epar- gne » : les orateurs appar- tenaient a la banque Roths- child, a la banque de Neu- flize et a des compagnies d’assurances : le gratin, qua- siment. Aussi beaucoup de distingués pédégés et assimi- lés se pressaient-ils pour as- sister au déjeuner. Tl est vrai qy’on attendait une vedette : un certain Ha- rold Kaplan. On se souvient de lui : il était l’assistant de Harriman, le premier chef de la délégation améri- caine négociant a Paris avec le Nord-Vietnam et le Front du Sud-Vietnam, Aprés le départ de Harriman, Kaplan est entré dans le secteur privé : il est devenu le vice- président d’ « I.0.S. ». Or, la veille de ce vendredi, les actions d’I.0.S. avaient pris - un nouveau bouillon. On annonca aux convives que M. Kaplan — s’excusait congrument mais il avait manqué son avion... Virus Les déboires de 1’J.0.S. (qui ne signifient pas, pour le moment en tuut cas, sa déconfiture) ne touchent pas directement Ja finance francaise. Elle ne touche que les clients francais de YLOS... parmi lesquels~ se trouvent eévidemment des établissements financiers mais pas pour des sommes fabuleuses. Du moins, c’est ce qu’on dit. Mais elle la touche indirectement. Il existe en effet en France des « §.LC.A.V. » (sociétés d’in- vestissement a capital va- viable), qui fonctionnent selon des principes analo- ‘gues a ceux des Fonds d’in- vestissement internationaux. Ces SICAV sont solidement controlées par les banques et les compagnies d’assu- rances, qui les ont fondées et a qui elles rapportent de la _grosse galette. : Il y a cependant un dan- ger : si une affaire comme 11.0.8. buvait le bouillon, les SICAV, qui ont copié leés méthodes de démarchage et de publicité des fonds inter- nationaux, perdraient de leur prestige auprés des Radio Canada ou Radio Québec par Jean Brat Si 1?on @coute souvent l?emis— sion **Le monde ce matin’, émission nationale, d’informa— tions générales et ‘*mondiales”, comme son titre l"indique, on peut se poser la question; Est— ce Radio Canada qui émet ou la station de la Province du Québec? A en juger du contenu, il n*y a qu*une réponse possible; le Canada se résume en une seule province, le Québec, qui serait par ailleurs l]*Etat Elu i Guide—Supreme : mouvement es ~ ple et doit ttre - contre, nouvelle d*’importance excep— tionnelle, nationale et universel— le, Nous n*aurions plus de raison de vivre en Colombie Britanni— que si tous les matins, dix mi— nutes sur les quinze dévolues a 1’émission, on ne nous appre— nait pas que Monsieur Duchnok d*Outremont avait rendu visite & son cousin Tartempion de Trois—Rivieéres. Le fait qu’ l’autre bout du pays un incident international un- ferry r condaire et ne vaut pas plus que quelques mots, Et ainsi de suite, Les quelques 250,000 canadiens frangais de 1*Ouest ont d’autres intéréts. S*ils considérent les québecois avec une affectueuse sympathie, cela ne veut pas dire qu'il y ait identité de vues ou de besoins, Le Canada fran— cais n*est Québec que pour une part; pour l’autre, il est 1’en— semble des canadiens francais vivant hors du Québec, Alors, Messieurs de la.direc— es, de s yp rétabl Mechel a sa juste mesure, [ys we nt aes Seo ce matin®? ne veut pas dire Qué— bec ce matin et Radio Canada nfest pas Radio Québec. Et CBUF—FM, d’aveu plublic, n’est pas que l’on sache Radio Mon— tréal, De vraies émissions in— ternationales et nationales et plus d*missions locales, correspon— dant & des besoins précis, re— pondraient bien mieux 4 la vo— cation de Radio Canada, chargée de promouvoir le fait frangais de la cdte de 1*Atlantique 4 celle du Pacifique et non pas seule— ment sur les bords du Saint— 7 - te masses laborieuses qui leur confient leur bel argent. Et il va de soi que la plus af- fectée serait la SICAV rothschildienne, du fait des accords, purement techni- ques cependant, liant Roths- child a P « 1.0.8, >... L’argent, c’est comme Ja pudeur selon saint Francois de Sales : le seul fait d’en parler le met en danger. Pas le ‘moment C’est dire si, au ministére des Finances et dans les banques, on surveille atten- tivement les niveaux des di- verses. actions de I’I.0.S. et des filiales. Ses ennuis tom- bent mal : tout le VI* Plan, dont on débat actuellement au Parlement et, derriére le- dit VI° Plan, toute la _poli- tique économique du régime pompidolien, tend a réaliser dans les années 4 venir d’énormes investissements pons moderniser et activer *industrie francaise. Ce no- ble objectif implique de Vépargne et des placements, notamment dans les SICAY. 1.0.S. chassé des casernes ES choses vont de ge en plus mal pour I.0.S., cet énorme fonds de, placement international en partie ruiné par la baisse de ‘Wall Street et que la banque Rothsehild désire récupérer. A Genéve, les titres J.0.S. ne valent. quasiment plus rien, Jes acheteurs ayant complétement disparu, A Londres, les autorités du Stock Exchange ont sus- pendu la cotation d’une des sociétés du groupe, aprés une décision canadienne semblable. . Mais le pavé de J’ours est venu du Pentagone, qui vient d’interdire la vente des titres J.0.S. dans les foyers de I’ar- mée. Or, la tirelire des bi- dasses américains séjournant dans les bases étrangeres était la principale ressource financiére d’I.0.S. ! ATOMISATION es malheurs se précipi- tent depuis qu’il a été révele que Jl’état-major du groupe s’était octrovye des préts per- sonnels s’élevant a 30 mil- lions de dollars (15 milliards d’anciens francs), évidem- ment puisés dans les caisses de la société en déconfiture. Sur ces 15 milliards, au moins deux ne seront jamais remboursés.., ’Retenons notre souffle... Extrait du “CANARD ENCHAINE” du 24,6.70 — Paris, France, Nos rues, nos routes, -nesont pas des dépotoirs Serv Se ;