8, Le Soleil de Vancouver, 2 octobre 1970

CARNET D’UN PROMENEUR

par Roger DUFRANE

EN FRANCE; DE PIERREFONDS A SENLIS

Hier , nous avons traversé
la Foret de Compiegne et visité
le Chateau de Pierrefonds, Et
ce matin nous quittons le villa-
ge ou nous avons passé la nuit:
Saint—Jean—aux—Bois,

Nous voici hors de la forét.
D’autres bois moutonnent a 1’ho—
rizon. Des liserés de verdures
les relient d*’un fil ténu, rap—
pelant 1*%@poque ot toute la Gaule
se couvrait d’un immense man—
teau vert,

Dans la vallée dort l’églisero—
mane de Morienval, Sous le
soleil matinal, la nef prend des
tons rose pale. La statue de
pierre du sire de Hangest, mort
a la croisade, repose dans un
coin, C%est ici que son coeur
a ete recueilli,

Tout au long de la valleed’Au—
tomne, les moindres ponts de
pierre forment dans la verdure
d’exquises aquarelles, A hau—
teur de Béthisy , des femmes
descendent vers la rivitre pour
y faire leur lessive.

Entre Verberie, localité an—
cienne et décrépite, et Raray,
beau chateau, se rencontrent des
arbres touffus, tout en grappes,
d’une lourde ‘verdure qui pend
vers le sol. Hors du bocage,
les plaines jaunies se couvrent
de javelles et de meules fleu—
rant le foin, La paysanne qui
passe marche si fierement que
Gérard de Nerval aurait dit que
le sang des Valois coule dans
ses veines,

Raray est un superbe chateau
Renaissance, Un coup d’oeil
a travers la grille: Une meute
de chiens de pierre, sur des
arcades, offre un spectacle sin—
gulier, J’ai vu ce décor dans
un film @étrange et beau de Jean
Cocteau; La Belle et la Bete,
C*est ici en effet que le poéete
est venu faire son film en 1945,

Les chateaux de 1]*Ile de France
jalonnent d*anciennes routes, Les
chaussées romaines, nommées
au Moyen Age chaussées Bru—
nehaut du nom de l*’enchanteur
dont on les croyait l’oeuvre, s’a—

lignaient sur des donjons
remplacés plus tard par des pa—
lais classiques. Aujourd’hui ces
routes sont devenues des chemins
secondaires: Leurs bornes &
fleurs de lys se sont enfoncées
dans le sol. Les routes, co—
me les hommes, ont leur jeu—
nesse et leur déclin,

Senlis est la reine du Valois,
La verdure et la mousse s’in—
sinuent dans ses ruelles aux bor—
nes usées. Des maisons so—
lides s’adossent aux murailles
gallo—romaines qui ceinturent la
ville. Dans les caves fraiches
de Senlis se trouvent des frag—
ments de rues, Au Moyen Age
s’étendait sous la ville tout un
réseau souterrain, et cette cité
secréte se révélait utile en temps
de siege, On pouvait mé@me,
par des labyrinthes, déboucher
trés loin dans la forét, =

Au restaurant, une enseignea—
musante: La Maison ne répond
pas des vétements perdus, tachés
ou @changés! I] est vraiqu’apres
quelques verres du bordeaux que
je savoure on risque des mé—
prises. Je m*imagine coiffé en
sortant du chapeau de 1]’Anglaise
assise en face de moi, et je
ris tout doucement &4 cette pen—
sée,

Si vous aimez lart religieux,
vous visiterez la Cathédrale. La
dentelle de pierre de la fléche
ajourée se voit loin A la ronde,
A lfintérieur, on peut admirer
un monde de statues et desculp—
tures. Si vous aimez la chasse,
vous irez au Musée de la ve—
nerie, Il est unique en Europe,
On y retrouve toute une tra—
dition de la chasse, des élégan—
tes du Moyen Age, qui chevau—
chaient, le faucon sur le poing,
aux amazones du 19me siécle,

Quant & moi, je préfere flaner
dans les rues étroites, Elles
sont bordées d*honneétes maisons
en belle meulitre, Et je m’ar—
réte sur une place ot les pi—
geons picorent, sans souci des
voitures qui 14—bas ronflent sur
la route de Paris...

Sondage sur I’‘adoption du
systeme métrique aux EU.

WASHINGTON — M. Maurice
Stans, secrétaire au commerce,
a ouvert un série de confére—
rences d*une semaine sur les

conséquences de l*’adoption ou:
de la non—adoption du syst®me -

métrique aux Etats—Unis,

Plusieurs centaines de repré—
sentants de l*industrie et du
commmerce vont peser, avec les
représentants des services pu—
blics, les avantages et les in—
cony.nients d’un changement du
systéme de poids et mesures aux
Etats—unis,

Les Etats—unis sont le seul
pays industrialisé qui ne se soit
pas encore engagé & adopter le
syst®me métrique. Mais M,Stans
doit soumettre au Congrés un
rapport sur la question assorti
des reommendations du gouver—

nement d*ici 1*6té prochain. C’est
en vue de la rédaction de se
rapport que le gouvernement a
entrepris de larges consultations
avec le ea de prive,

{

Epuisement

Une dame affolée téléphone a
son vétérinaire:
|
{
|
|
isi apa ear ee

—Docteur, je vous en prie,
yenez vite chez moi! Mon pau-
vre chien vient d’avaler une |
jampée d’essence.

— Que fait-il?

—TIl tourne en rond 4 toute
allure. Que faire en vous at-
tendant?

—Rien du tout, madame, 7
s’arrétera tout seul lorsqu’il
n’aura plus de carburant.

Des professeurs de physique
réclament [abolition des émissions

dastrologie

MONTREAL — “‘I] est inaccep—
table que, pour des raisons d’%é—
coute, on encourage le public a
croire 4 un mythe comme celui
de l’astrologie” déclarent les
professeurs de physique de 17U—
niversité de Montréal endeman—
dant au Conseil de la radio—
télévision canadienne de prendre
‘des mesures pour abolir les
émissions d’astrologie”,

A l’appuie de leur demande,
les professeurs du département
de physique de l’Université de
Montréal ont adressé au chef du
contentieux du CRTC un court

En faveur d'une
monnale européenne

-LONDRES— M, Gabriel Hauge,

président de la grande banque
américaine Manufactrers Ha—
nover Trust, s’est prononcé &
Londres en faveur de la créa—
tion d’une monnaie commune eu—
ropéenne qui ferait au dollar
**la concurrence dont ila besoin”
et ‘‘briserait son monopole®’, En
route pour Copenhague ot il.devait
assisté a l’assemblée annuelle
du FMI M.Hauge a ajouté que
l’adhésion de la Grande—Breta—
gne au Mache commun, lui per—
mettrait de devenir le leader
d’une troisieme force mondiale,
entre les Etats—unis et 1’URSS?

Israél, le pays le
plus endetté du monde

TEL—AVIV — La dette nationale
isralienne en devise étrangeres,
qui était de 2,135 millions de
dollars au début de ]’année, s’é—
lévera & la fin de cette année
a 2,8000 millions de dollars,
faisant d’Israel le pays le plus
endetté du monde (plus.de $1,000
par habitant),

80 pour cent de cette somme
sont dus par le gouvernement,
et la moitié (environ un millirad
quatre cent millions) sont en
obligation de 1*’emprunt ‘' Bonds
for Israel??,

Se référant & cette dette natio—
nale, le ministre des Finances,
M. Pinhas Sapir, avait déclaré
récemment; ‘ Les générations qui
viennent devront partager avec
nous le poids de la défense na—
tionale,”?

mémoire rédigé par undes leurs,
M, Gilles Beaudet, mémoire dont
la conclusion se lit comme suit:
**T] est inconcevable que la té—
lévision et la radio contibuent
a répandre dans une société des
théories reconnues comme
fausses par tous ceux qui ont
une connaissance scientifiquedes
phenoménes astronomiques, II
est depuis longtemps démontré
que les massmédia ont sur la
population un impact psycholo—
gique qui n*est pas toujours en
rapport avec la qualité ou la
vraisemblances des messages

qu‘ils véhiculent, I] est done du
devoir de 1’Etat de veiller A ce
que cette puissance énorme de
Persuasion ne soit pas mise au
service des charlatans’,

Dans la lettre qui accompagne
le mémoire, M, René J. A, Le—
vesque,directeur du département,
fait remarquer, au nom des pro—
fesseurs de physique, ‘*la carence

d’émissions scientifiques quiau—
raient pour but de rendreacces—
sibles au public les connais—
Sances du monde matériel qui
sont I*’héritage de notre civili—
sation’’,

Des savants tentent de
rechauffer Il’ionosphére

NEW YORK — Un groupe de
trois savants va tenter, a partir
de l’observatoire d’Arecibo, a
Porto Rico, de réchauffer arti—
ficiellement plusieurs milliers
de kilometres cubes de 1*iono—
Sphere au—dessus de la mer des
Caraibes. Cette expérience leur
permettra d’étudier au radar la
multitude de phénomenes: qui se
produisent quotidiennement dans
l*ionosphére sous l’effet des va—
riations des températures cau—
sées par le soleil.

Les divers couches gazeuses
de l'ionosphére qui enveloppent
la terre se situent & 80 kilo—
métres d’altitude environ a leur
point le plus bas, Elle s*’éten—
dent ensuite dans l’éspace sur
plusieurs milliers de kilométres

'd’épaisseur,

Le professeur William Gordon,
doyen de la faculté des sciences
de lfuniversite Rice, assisté de
MM, Donald Farley, professeur
de sciences aA _ 1l*université
Cornell, et Herbert Carlsson, de
l’observatoire d’Arecibo, bra—
quera un puissant transmetteur
d’onde radioportées quiréchauf—
feront ]1*ionosphére dans une zone
située entre 250 et 300 kilome—
tres d’altitude, La température
des électrons de ]*ionosphére au—
dessus d’Arecibo, qui est en
moyenne de 260 degrés (500 « de—
grés Fahrenheit) ,sera Glevée &
1,500 degrés (2,880 degrés fah—

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La dilatation des couches
gazeuses de l*ionosphtre sous
l’effet de la, chaleur transmise
artificiellement 4 partir du sol
permettra aux trois savants d’e—
tudier les réactions chimiques qui
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