= a Pee ee ee A ae = , ae A OE ee Re ets | So Piao a a a AE a 8, Le Soleil de Vancouver, 25 septembre 1970, TROP WEGLIGEE aa BEAUCOUP “MONTREAL _Monsieur Bruno Coquatrix a et raison lors- qu’il y a quelque quinze ans, du haut de Il’Olym- pia, il s’est levé a la face de tout Paris pour déclarer que le music-hall n’était pas un genre mort mais un art en soi, indépendant des modes passageres et qu’il était prét, pour le faire revi- vre et lui rendre sa place, a y miser jusqu’a sa derniére chemise. 11 a tenu parole depuis et fait, du simple cinéma popu- laire qu’était |’Olympia, la Mecque moderne d’un art de divertir qu’on avait failli relé- guer aux oubliettes. A tel point que l’on consi- dere aujourd’ hui que méme les plus grandes vedettes américaines ne recoivent leur consécration définitive, apres Carnegie Hall, .que lorsqu’el- les ont remporté un succes a VOlympia. ON NE FAIT RJEN ICI POUR LE MUSIC-HALL Ceci pour Paris. Et que se. passe-t-il dans la deuxieme Non plus, puisque le seul endroit ou il passe actuelle ment une petite revue du genre, je cite le Caf’Con¢ de Vhotel Champlain est rempli toute la semaine. Serait-ce, en tout dernier lieu que nous manquions de tétes de file, de comédiens snécialisés dans cet art? Non plus et je ne prendrai comme exemple qu'une seule, parmi quelques autres, Fabiola que l’on a aussi sur- mommeée “la Reine du Music Hall.” GRANDE VEDETTE A LAS VEGAS Montréal commence depuis FAUTE DE PRODUCTEURS LOCAUX, ELLE A ETE CONDAMNEE JUSQU'ICI A JOUER CONSTAMMENT A L'ETRANGER métropole francophone du monde, a ce propos? Rien ou presque, ce qui revient au méme. Et l’on commence a se poser des questions. Serait-ce Vintluence améri- caine? i Mais l’Amérique rend au music-hall le meme hommage que l'Europe, sinon plus, -puisque chaque ville a son spectacle consacré a longueur d’année, sans méme parler des hauts lieux tels que les Ziegfield Follies ou Las Vegas. Serait-ce que nous man- quons de salles a Montréal pour ce faire? Ce ne sont pas les endroits qui manquent et qui peuvent accueillir suffisamment de spectateurs pour que l’affaire soit rentable. Serait-ce que les montréa- lais ne soient pas intéressés par cette catégorie de specta- cles? peu a lui rendre a nouveau la place qu'elle mérite. Je dis a nouveau, parce que tout de suite aprés l’Expo 67, pendant laquelle elle fut la premiére vedette a ouvrir le CafCong¢ a la téte d’une revue a grand déploiement qui dura 9 mois, elle mena tambour battant celle des Folies Roya- les qui connurent les plus beaux jours de leur existence pendant six mois. Depuis, la Casa Loma mise a part, faute de producteurs locaux préts, sinon a prendre des risques, du moins a inves. tir, elle a été obligée de jouer. a l’étranger et plus particulieé. rement a Las Vegas: au céle bre Tropicana. Ce qui est bien dommage pour nous! Mais puisqu’elle nous est revenue, ne nous en plaignons pas trop; revenue n’étant qu'une tagon de parler puisque domiciliée a Mont- réal, Fabiola ne nous a, en fait, jamais quittés. Derniérement on l’a vue au 2 Si ea tT oan en FABIOLA reconnait: “Rideau s’ouvre’’, au “Claude Blanchard Show” a ‘‘Madame est servie’’ et encore, en ouverture de saison pour deux jours au Bocage. UN ATOUT MAJEUR! Et d’abord le physique! Tout le monde reconnait qu’a Yinstar de Gina Lollobrigida, propriétaire des seins les plus somptueux d’Jtalie, Fabiola possede de loin ce qu’il y a de mieux dans le genre au nord des Amériques. : Non pas de l’hypertrophié mais comme dirait San Anto- nio: “Du proportionné, du bien moulé, du _ plein les mains d’un honnéte homme, du solidement attaché, bref, du musclé!”’ Ajouterais-je que l’envers vaut lendroit? Et que le dos, ce qui est rare, frise la pertec- tion? ; Le tout posé sur de longues jambes musclées de danseuse, surmonté d’une téte ravissan- te, auréolée d’auburn, éclairée par deux yeux immenses, au regard de gazelle apeurée et animée d’un sourire un tanti- net taquin. Si je parle d’abord physi- ~que, c’est qu’en matiére de music-hall, c’est un atout majeur! Son deuxieéme atout, c’est le ‘tsa’, ou du chien, ou le ce qu’on voudra d’électrique, de contagieux, de frénétique, d’onde de choc qui remue une salle, la secoue, la rythme et — crée l'exceptionnelle ambiance d’un bon spectacle de music-hall. Et puis du métier! Il faut avoir vu Fabiola travailler une salle, aller chercher les spectateurs du fond, les faire participer, les taquiner, s’as- seoir au besoin sur leurs genoux, toujours avec une sorte de gaieté, de fantaisie et de dignité qui exclit tout €quivoque, pour imaginer combien de travail a exigé la mise au point de son numéro. Du bon, du beau spectacle! ELLE A QUITTE LE MAROC IL Y - ADIX ANS Fabiola nous arrive du Maroc, qu’elle a quitté ily a quelque dix ans pour venir s’installer-avec son mari a Montréal. Elle a débuté il y a six ans, par un mensonge en préten- dant qu’elle était danseuse professionnelle. Mise au défi, elle improvisa un numéro de danse orientale tant et si bien qu’on l’engagea sur place. Elle apprit par la suite tres vite.a chanter, perfectionna son numéro et se spécialisa dans la chanson fantaisiste de music-hall. - N’oublions pas non plus “Mon succés au music-hall, c'est a mes atouts physiques que je le dois!”’ < Tae Se laise? A quang une vraie chance pour Fabiola? qu'elle posséda sa _ propre revue: “Oh, la, la, Fabiola”’ il y a un peu plus d’un an, entourée de danseurs et dan- seuses, acrobates et jongleurs. Lorsqu’on lui demande ce qu’elle pense de son corps et si elle croit que c’est grace a lui qu’elle a réussi elle répond simplement: ‘“‘Oui, puisque le music hall exige un physique adapté, des formes et du tempérament. Si je n’avais rien eu a montrer je serais peut-étre devenue chanteuse de charme...” Et l’on en vient une fois de plus, a regretter que la Radio. télévision d’Etat, nantie de budgets confortables, seule capable de grosses mises en scéne, ait délibérement tourné SeoF A QUAND DU MUSIC-HALL DE QUALITE 4a la télévision ronee: le dos aux spectacles de varié- tés et de music-hall ou pour- tant elle excellait. Le tout, au profit du gogo “a gogo’, dont je ne nie pas qu il en faille mais comme toute bonne chose, sans en abuser. Il serait peut-étre temps de | repenser la réussite de Bruno | Coquatrix et de revenir a certains des genres néo-clas- siques, ce qui permettrait entr’autres d’utiliser au mieux des talents du genre Fabiola et aussi d’avoir en mains un capital d’émissions faciles 4 vendre aux télévi- sions étrangeres, parce qu’in- ternational, et ipso facto générateur de substantiels revenus. JEAN BRAT