14 Le Soleil de Colombie Le régiment de Carignan-Saliéres (suite) bord uni, ressemblait de prés au chapeau porté par les paysans francais de l’époque. Le bord du chapeau était relevé par-devant et " quelquefois aussi par-derriére. Un , ruban noir et chamois entourait la . base de la calotte et se terminait par un noeud pouvant pendre par- dessus le bord. A l’origine, ce ' tuban servait a ajuster le chapeau ala téte du soldat. Une veste a manches longues se ‘portait sous le justaucorps. Elle “servait de vétement de dessus lorsque la petite tenue était de ‘mise, et €galement de tenue de ~ combat pendant les grandes cha- leurs. La culotte était confectionnée ‘ d’un tissu brun semblable a celui du justaucorps, et les bas étaient en serge brune; en effet, les bas «des soldats étaient fréquemment taillés dans un tissu et cousus plutot que tricotés comme ils le sont aujourd’hui. Ils étaient retenus par des jarretiéres, posées juste en dessous du genou, 1a ot la culotte rejoignait le bas. Des noeuds de ‘ruban pendaient au bout de ces jarretiéres; ceux du Carignan- Saliéres étaient noirs et chamois. Pour compléter sa tenue, le sol- dat portait une cravate blanche et une chemise de méme teinte dont les poi gnets dépassaient des ‘manches du. justaucorps. Les souliers de l’époque, étaient bouts carrés, et comme les deux chaus- - sures d’une méme paire étaient taillées selon le méme patron, donc identiques, on encourageait les soldats a les changer fréquem- ment de pied afin de les user éga- lement! Les cargaisons de véte- ments destinées au régiment Ca- rignan-Saliéres contenaient des aiguillettes pour les souliers, les- quelles étaient probablement des cordons tressés utilisés comme lacets. Les tambours des régiments de ligne portaient des habits aux couleurs de la livrée du colonel. La livrée du prince de Carignan était un justaucorps rouge doublé de bleu et garni du galon de livrée bleu et blanc. Les hauts tambours de bois étaient peints en rouge et portaient le blason du colonel, une croix blanche sur le bouclier rouge. A cette époque, les officiers de l’armée frangaise préféraient s’ha- biller 4 leur guise. Malgré cette coutume, les officiers du régi- ment de Carignan-Saliéres por- taient un uniforme semblable a celui de leurs hommes. Les véte- ments des officiers étaient faits d’une étoffe plus fine et on leur permettait certaines modifications. Quel ques officiers portaient des justaucorps garnis de boutons argentés et de boutonniéres or- nées de fil d’argent; d’autres portaient des chapeaux gris, de préférence aux noirs. Le baudrier blanc de l’officier était orné de franges de soie et son épée avait une garde et une poignée argen- tées. Ce distingué régiment n’était ni formé ni équipé pour la conduite de guerre en Amérique du Nord. Jusqu’a présent, aucun document ne décrit la tenue portée par les soldats durant la campagne d@’hi- ver 1666. Chose certaine, ]’uni- forme réglementaire aurait été inadapté aux hivers canadiens. Les hommes de la milice cana dienne portaient le capot, il est fort pro- bable que les soldats du régiment aient aussi adopté ce capot en plus des mitaines, mocassins, tuques, jambiéres et autres articles néces- saires a la tenue d’hiver. L’équipement du soldat se composait d’un baudrier de cuir naturel retenant une courte épée et une baionnette a manche. Un sac a balles et une poire a poudre en laiton, retenus en bandouliére, pendaient du cété droit. En Europe, chaque compagnie d’un régiment comptait un cer- tain nombre de piquiers. Mais on Croit que tous les soldats du régi- ment de Carignan-Saliéres en Nouvelle-France étaient munis d’armes a feu. On expédia au régiment quelque deux cents fu- sils, le reste des armes a feu con- sistant sans doute en mousquets a méche, communément utilisés par les armées européennes de l'épo- que. Source: L’uniforme militaire au Canada 1665-1970 Jack L. Summers - René Chartrand Vol. 4no 3 LE COURRIER DE LA SOCIETE D'HISTOIRE, Octobre 1991