ENTRETIEN AVEC: 6 Le Soleil de Colombie, Vendredi 17 Juin 1977 Edith Butler Propos recueillis par Marc BELIVEAU Q — Vous venez de réaliser deux récitals 48 Vancouver dans le cadre du Festival Héritage. Quelles sont vos impressions? — Je suis agréablement étonnée et tres ravie. Les deux soirs ot j'ai chanté au “Vancouver East Cultural Centre” m’ont fait dé- couvrir un public réceptif et trés chaleureux. Les Acadiens sont en quelque sorte des exilés, des Juifs errants. Ils sont libres d’aller partout, ils n'ont pas de barriére et c’est ce que j'ai ressenti avec le public d'ici. Q — Vous avez fait deux récitals a guichets fermés... ... Bt jaurais aimé en faire plus que deux. Le public anglophone me connaift sans doute par les nombreux enregistrements que j'ai fait pour CBC. Les Acadiens sont des gens qui trimbalent avec eux leur bagage. Nous sommes disséminés partout. Nous sommes en Louisiane, au Nouveau-Brunswick et nous sommes également en France. Je chante un paradis perdu et tout le monde se rattache a ga. Les Acadiens parlent de linté- rieur de leur étre. Q — Etre une chanteuse Aca- dienne, qu’est-ce que ¢a signifie? — Dans le métier que je fais, je dois me servir de la fagon de Le séparatisme dans les “Credit Unions” | par Jean AUSSANT Directeur général de la Caisse populaire de Maillardville. [Cet article a paru.en anglais, dans l’Enterprise de Mai 1977, revue de la B.C.Central Credit Union, institution qui regroupe toutes les crédits unions de la Colombie britannique,de méme que les deux Caisses Populaires de langue francaise de cette province.Fn voici l’adaptation en francais. ] La plupart des gens associent la notion de séparatisme avec le Québec ou avec les Canadiens- francais,mais l’on s'inquiéte de plus en plus d’un certain sépara- tisme qui s’infiltre dans les Crédits Unions de la Colombie britannique. Les Crédits Unions semblent, présentement,s'éloigner de la philosophie fondamentale des Credits Unions(ou Caisses Popu- laires)pour s’engager dans une philosophie expansionniste. A cette époque de l’année, des gérants semblent se poser la question suivante: “Quelle a été notre croissance?” Sommes-nous parmi les vingt plus grosses caisses populaires de la Colom- bie britannique? Avons - nous gardé notre position en rapport avec les autres caisses populai- res, ou avons-nous glissé en arriére? Pourquoi poser ces questions? Il ne s’agit pas d’un concours! Sommes-nous uniquement mo- tivés par l’idée d’édifier des empires? Nous inquiétons-nous uniquement de savoir a quelle vitesse nous croissons? Ou, som- mes-nous préoccupés par le bien — AP BDANT 4 chanter qu’ont toujours eu les Acadiens. J'ai appris 4 maftriser le “rill A bouche”, par exemple; j'ai assimilé les frioritures voca- les acadiennes, j'ai cherché a retrouver les contes, les légen- des acadiennes. Au cours des années, j'ai fait mes valises, j'ai appris A devenir acadienne. Au- jourd’hui, je chante ce que je ressens par des chansons tradi- tionnelles et modernes. Quand on dit qu’au Nord Est du Nouveau-Brunswick, les gens s’assimilent et disparaftront bientét, pour moi, c'est tout le contraire que je vois. La culture acadienne est flexible.. elle se chante entre autres. Les Aca- diens seront sans doute les derniers a s’éteindre car ils sont habitués a la luite. S'ils veulent atteindre l'vniversel. ils savent plus que d’autres qu'il leur faut parler de l'intérieur Q — “La Sagouine” d’Antonime Maillet vous inspire-t-elle? — Oui, et je la vois vivante comme dans un réve réel. La Sagouine peut parler de ce qu'elle ressent. Elle me sert de guide. Les Acadiens ne sont pas disparus comme |’ Acadie. Par exemple, j'ai été parmi le pre- mier groupe de finissants de l'Université de Moncton. Méme si les Acadiens ne semblent pas vivre a un endroit précis, bien qu'il y en ait 225,000 au Nord-Est du Nouveau-Brunswick, leur culture est trés vivante. Q — Vous é@tes une Acadienne qui réalise bien des projets... — Au niveau de ma carriére, je réalise un disque par année. J’en ai 3 derriére moi et j'ai aussi 15 ans de métier. En septembre, il y en aun autre qui sera lancé. Il s'agit d'un enregistrement “live” que j'ai fait au Patriote de Montréal. Aussi, il y a un projet sur lequel je travaiHe présente- ment. C'est l’enregistrement d'un disque qui sera destiné aux personnes qui apprennent le francais. Fn ce moment, je vis a Montréal, aussi temporairement que ma carriére m’y oblige. Q — Si étre Acadienne signifie ne pas avoir de barriére, est-ce a dire que vous pourriez venir vivre a Vancouver? — Je suis certaine que j'aimerais vraiment vivre ici. Vancouver est une ville si attrayante. Le matin, aprés mon premier réci- tal, je me suis levée assez tét et en longeant la plage, je me suis rendue au parce Stanley. Je pensais pouvoir en faire le tour assez rapidement, mais apres avoir marché des milles, regar- dant quelle heure il était, j'ai d@ Edith Butler rebrousser chemin. La tranquil lité qui régne dans cette ville, les fleurs qu’on y trouve... je me verrais trés hien habiter dans cette ville. Q@ — Reviendrez-vous nous visi- ter? — D'ici un an, il faut a tout prix que je revienne chanter 4 Van- couver. Ca me décoit de repartir de Vancouver sachant que j’au- rais pu y chanter encore. Les deux récitals que j'ai fait ici ont été a guichet fermé. Q — Avez-vous des projets qui de nos membres et par la qualité des services que nous pouvons leur donner? Ilest juste de croire qu'une caisse populaire en croissance doit donner de bons services. Mais ce n’est pas toujours vrai. Pensez aux Credit Unions qui grossissent parce qu’elles atti- rent de l’argent. Certaines peu- vent tomber sous la tutelle de la Credit Union Reserve Board parce qu’elles ne peuvent pas accumuler les réserves statutai- res, ou, elles ne peuvent pas payer a leurs membres un dividende raisonnable. Est-ce que l’on peut appeler cela du service? Une bonne part du service aux membres consiste en une sécurité, en une bonne gestion. Qu’est-ce qui arriverait si la nouvelle I.oi Bancaire ou, enco- re, si l'économie générale deve- nait la cause d’années maigres pour les credit unions? Nous ne pourrions pas dépendre de nos taux élevés d’intérét pour gar- der nos membres. La seule ressource. avec laquelle nous pourrions garder nos membres resterait le service. Nous pou- vons peut-étre attirer des mem- bres en annoncant des taux dintérét élevés, mais ce ne sont que les services qui nous conser- veront leur loyauté. Dans les congrés. nous cro- yons tous au mouvement des caisses populaires parce que c'est de mise. Mais, que faisons- nous dans la pratique pour le mouvement? Certains diraient: “Eh bien, j‘essaye de réaliser des gains bruts de $10 millions cette sa Ce 18s année.” Fst-ce 1A que nous en sommes? Les gens du Quéhec savent ce que c’est qu'une caisse populai- re. Ils en ont 1400, en comparai- son des 180 credit unions que M. JEAN AUSSANT nous avons. Ia moitié de la population est membre de caisse . populaire. Ces caisses populaires du Québec sont orientées vers leurs membres et vers les servi- ces A ces-membres: elles ne construisent pas d’empires. Pourtant, elles travaillent conjointement. Elles sont une force sur laquelle il faut comp- ter. Une credit union doit connaf- re une certaine croissance du- rant une année, mais la motiva- tion doit en étre l’accroissement des services, non seulement pour que ceux-ci soient raisonna- bles mais excellents. Pourquoi une personne passerait-elle de- vant plusieurs banques pour se rendre a une Credit Union? Est-ce uniquement 4 cause du taux d’intérét? Une Credit Union peut étre parmi les 20 plus grosses, mais. est-elle l'une des meilleures? L’on pourrait répondre qu'il est bon de bien servir, mais que les gens sont intéressés au dollar. Je suis d’avis que si les gens ne peuvent pas trouver les services, ils tireront ce qu’ils peuvent d'une institution finan- ciére et coureront aprés le dollar. Nos concurrents. présente- ment, ne sont pas les banques ou- les compagnies de fiducie: ce sont plutét les autres credits unions. Une credit union peut étre forcée de paver un taux d'intérét plus élevé parce que: l'autre credit union du voisinage le fait. Il semble se glisser un manque de respect de plus en plus prononcé contre le lien-na- turel d’une Credit Union par une autre. Les petites unions sont forcées de se fusionner. Il y a un mouvement de séparatisme A J'intérieur du mouvement des credit unions de la Colombie Britannique. Cer- taines credit unions eréent des services paralléles plutét que de recourir a ceux de la B.C. Central. Filles doivent appointer et entrafner du personnel pour dispenser ces services et acheter ou louer de l’équipement. Ce genre d’indépendance cofite cher et tout le mouvement des credit unions en souffrira 4 la longue. Nous avons une centrale, ser- sont en quelque sorte des réves que vous aimeriez réaliser? — Tout comme il y 2 beaucoup de produits japonais qui circu- lent sur le marché canadien, jaimerais bien un jour chanter l’Acadie en japonais. J’aime bien cette langue. Il y a peut-étre la possibilité, par exception, que je chante une ou deux chansons en anglais qui exprimeraient quel- que chose que je ressens. De par leur riche tradition orale, les Acadiens parlent tout autant du passé que de l'avenir. Tl semble que c’est le privilége d’un peuple sans frontieres. vons-nous en. A ces credit unions a l’esprit indépendant je dis: “Si vous vous croyez plus compétents que la Centrale, pourquoi ne venez-vous pas au secours de la Centrale pour l’aider a servir adéquatement toutes les credit unions?” Est-ce que ce n’est pas 1a la philosophie fondamentale de la formule coopérative? Certains disent que la B.C. Central est trop puissante. Je leur demanderais de me définir ce qu’est la Centrale. Qui fait partie du Conseil d’Administra- tion? Nous sommes les mem- bres, NOUS avons le droit de vote. NOUS, les caisses populai- res et credit unions sommes puis- santes! N’importe laquelle d’en- tre nous peut proposer une réso- lution 4 un congrés. une autre peut l’appuyer, le vote est pris. Si elle ne passe pas ce n’est pas la Centrale qui l'a bloquée, ce sont les membres. — Nous devons tous travailler _ dans le méme but: celui de collaborer avec la Centrale qui, en retour collaborera avec nous” en procurant les services que nous sollicitons. ; Retournons ala philosophie — des credit unions et des caisses populaires qui consiste a aider les gens a s’entr'aider et trai formonns-la en I’exp dirait: aider les cais