Ere 16, Le Soleil de Colombie, 5 Décembre 1975 SOUS LE PROJECTEUR par M. Monnet - BAPTEME D’UN TRAVERSIER - LE REINE DE COQUITLAM GLISSANT VERS L'OCEAN Samedi dernier le 29, dans l’aprés-midi, aux chantiers maritimes ‘‘Burrard Dry Dock’’, le premier des trois “nouveaux traversiers prévus pour agrémenter vos va-. cance., attend. REINE DE COQUITLAM. Couleur brique, la structure aux cing étages percée de centaines de fenétres, la coque nue repose sur de larges étais. Quelques échafaudages et machines 4 souder traf- nent prés du bassin de carénageot une estrade toute neuve . drapée : de tricolore, se dresse. Des gabiers au casque rouge ajustent les derniers gréé- ments; un charpentier, tout vétu de jaune, vérifie une fois de plus les glissiéres. Les casgques blancs (contremaftres, intendants, in- génieurs et autres) s’affairent, habitués des lancements, _ mais un peu plus sérieux, celui-ci est un important. Il y a 14 aussi, venus des Etats-Unis, ingénieurs et dessina- teurs désireux de voir sur c place, les résultats tangi- bles de ce qu’ils ont pu réver ou imaginer. — Pendant que les invités importants (huiles et gros bon - nets) sont conduits aux places d’honneur, que les musi- ciens chamarrés et que les tpusiciennes aux jambes fi- nes s’installent et essaient leurs instruments, jetons un coup d’oeil sur ce nouveau traversier. Il est en vérité composé de deux arriéres, presque si semblables que, si vous en voyez une moitié, vous connaissez l'autre. Longueur totale: 475 pieds, une hélice et un gouvernail a chaque bout, voici donc un bateau qui ne recule jamais et ne fait pas demitour; ilavance dans les deux sens; une -seule et énorme cheminée au centre, troisétages pour environ 350 véhicules, un étage réservé pour les passa- gers, cafeteria, salons, toilettes, ascenseurs, escaliers roulants et, pour ceux qui veulent encore conserver jeu- ne, leur coeur, 60 marches dupont principal au pont pro- menade. RS # ; La, le capitaine dispose de deux cabines de pilotage, une & chaque extrémité, suivant la direction (pourquoi ne pas mettre deux capitaines). De 1a, 1’été prochain, vous serez a 65 pieds au-dessus de la mer. : Lorsqu’un paquebot était lancé, autrefois, un condamné Aa mort était chargé de désenclaver le dernier madrier placé en avant du batiment pour le retenir. S’il s’en tirait vivant, il était gracié; mais il y avait peu de vo- lontaires. Maintenant, un cable d’acier suffit, on le coupe au dernier moment. Une fillette, les bras chargés de fleurs, attend prés du groupe des officiels; son pére est l’un des meilleurs contremaftres de la compagnie et avec unnom bien fran- gais: L’AMOUR. On a beaucoup parlé frangais sur ce navire, lors de sa construction. Francophones 1 Quest ou ceux venus de l’Est, émigrés de France ou d’Italie ayant bourlingué dans tous les chantiers de la Méditerranée, tous, dés que possible, ont repris cette langue qu’ils aiment et, sur leurs lévres, sont revenus les mots techniques de leur métier: carénage, radoub, cale séche, mots couverts de soleil, de mer bleue, de réves et de sueur. L’instant approche, les remorqueurs pavoisés battent l’eau et dansent, la fanfare éclate et la femme de notre Premier Ministre lance la bouteille de champagne, qui se brise avec un bruit mat. . » eMais le navire ne bouge pas. ‘‘Sans doute l’eau est trop froide’’ murmure un spectateur 4 mes cétés, peut- étre est-ce le froid sur la graisse. Puis, soudain, la pression d’air dans les vérins s’accentue et alors la Rei- ne de Coquitlam s’ébroue, avance lentement puis, de tout son poids, s’élance vers la mer en laissant vibrer toute sa structure. Au moment ow l’avant de la coque frappe l’eau, les sirénes des remorqueurs hurlent. Cela se passe 4 Vancouver. Un grand traversier dans la mer Heureux comme un poisson dans l’eau’ Il s’en va par monts et par vaux. On est heureux et il fait beau Tout autour de petits bateaux, Des touristes prennent des photos Sur les quais dorment les autos. Maintenant tendus, les cables des remorqueurs arr6tent la Reine pour la ramener 4 quai of.Ja construction va se continuer jusqu’&A ce jour de vos vacances ou, par un grand soleil, vous partirez dans l’Ile sans avoir 4 faire la queue. 2 Et tout le monde s’enva, heureux. Excepté une cen - taine d’ouvriers aucasque bleu, toliers, soudeurs, chau- dronniers, pour qui le baptéme de cenavire a été la fin ‘de leur travail et qui vont rester quelques semaines ou quelques mois au chOmage, en attendant quenaisse un nouveau navire. - _ Entre Nous par J ean-Claude Arluison €.B.C. (sur la chafne 2) il a évidemment été-ques- _tion de l’inauguration: nous avons pu voir un extrait de la cérémonie dans un grand MEME PAS DE’ PRO- MESSES ELECTORALES POUR LES FRANCO- PHONES! de La campagne électorale | bat son plein et les candi- dats des divers partis riva- lisent d’éloquence. Les promesses sont innombra- bles: si nous sommes réé-_ lus, disent les uns; si nous © sommes élus, disent les_ autres... C’est un vérita- ble festival de promesses! N’est-il pas interessant de constater qu’aucun parti ne formule des promesses pour les francophones de la Colombie Britannique? Cela en dit long sur l’im- portance que nous accor- dent les politiciens! : Mais, aprés tout, mieux vaut le silence, plutdt que des promesses qui proba- blement ne seraient pas tenues. L’OBJECTIVITE DE LA -G.B.G. Comme vous avez pu le lire dans le dernier numéro du Soleil, un groupe de ma- nifestants (comprenant une large proportion d’enfants) a accueilli a l’entrée les personnalités et les invi- tés, lors de l’inauguration officielle du nouvel édi-- fice de C.B.C. - Radio ‘Canada. Il leur ont fait connaftre le méecontente-— ment de la communauté ‘francophone de la Colom- bie Britannique causé par le retard apporté 4 la cré- ation de la chafne de telé- vision francaise (elle de- vait commencer au mois de septembre). . f Le soir, aux actualités télévisées © locales = de la ag pees Se ere ee ee ee ee studio, M. Hugh Faulkner, Secrétaire d’Etat, mais pas une seule vue n’a été diffu- sée, pas un seul motn’a été prononcé au sujet de la manifestation quise dérou- lait 4 ’extérieur. ae C’est beau l’objectivité!!! LE MONSTRE DE VANCOUVER Récemment, un présenta- -teur de la station de radio cosmopolite CJVB a décla- ré, sur les ondes, que le nouveau batiment de CBC- Radio Canada était monstruosité et qu’il était déprimant de voir un tel édifice' de la fenétre de son bureau. Il serait difficile de lui donner tort! L’intérieur du batiment est certainement ultra moderne et 1’équipe- ment le plus perfectionné au monde, nous n’en dou- tons pas une seconde. Mais ce n’est pas linté- _ rieur qui est mis encause, c’est l’extérieur, la struc- ture, la silhouette de ‘‘la chose’’. Quel que soit Vvangle sous” lequel on considére le ba-— timent, il est hideux. Trés- certainement, il aurait été possible de concevoir un batiment d’une silhouette harmonieuse, sans pour cela retirer quoi que ce soit aux considérations -fonc- tionnelles ‘de 1l’intérieur. Lorsque, ayant devant vous la sinistre vision du nouveau batiment de Radio- Canada; vous songez aux merveilles architecturales des siécles passés, vous une- plications, elles n’étaient pas de fa- — _ munisme vous posez la triste ques- tion: ‘*Est-ce 14 ce que l’on appelle le progrés?”’. Dans _ plusieurs milliers d’années, quand des fouil-— les mettront 4 jour des ves- tiges de l’edifice, ce sera une belle énigme pour les archéologues! * oe OK OK OK Si vous pensez qu’il fait froid maintenant 4 Vancou-. ver, cela va certainement vous réchauffer d’appren- dre que récemment la tem- pérature était de -29°C a Tuktoyaktuk et de -31°C a Inuvik! BEJART a Vancouver N’oubliez pas que c’est le 1 “et leal2 DEGEM= BRE que vous pourrez applaudir Maurice BE - JART Ss setases BAL DES DU XXéme SIECLE. Le ll décembre, le programme comprendra: - ‘*Pli selon Pli’’, musique de Pierre Boulez. - ‘‘Ah! vous dirai-je Maman’’ a- vec musique. de Mozart et — ‘*Firebird’’, musiqre d’I - gor Stravinsky. Le 12, vous porrrez voir: ‘tFarah’’, musique Ira - nienne. - ‘‘Setait-ce la Mort’’, musique de Ri- chard Strauss et ‘‘Marteau sans Maitre’’, musique de P. Boulez. La chorégraphie de toutes ces piéces est bienentendu de Maurice Béjart. Téléphoner au 688-025 (Jocelan Limon) ou 683-3255 (Vancouver Tick- et Centre) - Lutte a la JOHANNESBURG - La chasse aux filles nues a été ouverte la semaine der- niére en Afrique duSud par un groupe d’écoliers en grand uniforme, quia or- ganisé un immense feu de joie antiporno sur la place de la ville dorp, prés de - burg. Ces jeunes gens, quiap- partiennent: 4 un ‘‘groupe d’action pour le respect de la morale’’, association formée par quelques pas- teurs particuliérement choqués par l’évolution des moeurs, ont fait le tour de tous les magasins sus- ceptibles de receler dela littérature ‘‘honteuse’”’ et, devant leur feu, ont bralé symboliquement un man- nequin de cire,ccovert d’u- ne combinaison.. .transpa- rentes -. coe L’une desinstitutrices de l’école a demandé 4 un pasteur de célébrer un of- fice d’expiation devant l’autodafé, ce que. celui- ci arefusé. L’undesres- — ponsables de Vassocia - tion a déclaré que ces pu- surtout quand brication sud - africaine, étaient 1l’oeuvre ducom- ‘international, qui tentait ainsi de ramol- lir le peuple sud-afri -_ RAM 8) te GEER aas 3 au de Venters -_ Johannes- - ERE ee Re Oe OR