II - Le Soleil de Colombie-Britannique, vendredi 2 juin 1995 PCUETURE, Memoires d’un Peruvien PAR JOHANNE CORDEAU Mario Vargas Llosa a publié en 1993 «Le poisson dans |’eau. Mémoires». La traduction francaise vient de paraitre chez Gallimard. Il s’agit d’une autobiographie orientée principalement sur trois thémes prépondérants de la vie de Vargas Llosa: ]’écriture, la politique et l’amour. Pas forcémentdans]1’ordre, ni vice et versa. L’ouvrage fait alterner de chapitres en chapitres la jeunesse, lenfance de ]’auteur et sa campagne €électorale de 1990 a la présidence du Pérou, comme leaderdu Mouvement Liberté. Jai triché un peu avant la lecture dece livre. J’ailuune critique de Nadine Sautel de la revue «Magazine littéraire» de février 1995. C’est d’ailleurs la lecture de cette Critique qui m’a lancé a la recherche du bouquin. Elle qualifie cet ouvrage de «feuilleton policier». Elle ajoute: «Un poisson dans l’eau est conduit aun rythme qui coupe le souffle». On dirait que nous n’avons pas lu le mémelivre. Mon interprétation de la lecture de ces mémoires est beau- coup plus mitigée, ou du moins hési- tante. Pour les chapitres ayant trait a la politique péruvienne, il faut s’y connaitre un peu, sinon on risque d’étre noyés dans ce fouilli de noms et de partis. Vargas Llosa a, soi-dit en passant, une mémoire phénoménale. Il arrive a citer, bien souvent a plus de 30 ans d’intervalles, les noms des connaissances, des professeurs, etc. Et cette faculté de trangresser de facon toute naturelle, vient sirement du fait que dans ses écrits, la fiction et la réalité sont en parfaite osmose. Il a résolument décidé de se plonger dans le réel afin denourrirsa prose. «(...) ce que j'ai fait ensuite comme romancier: utiliser une expérience personnelle comme point de départ pour l’imaginaire; employer une forme qui feint le réalisme au moyen de précisions géographiques et urbaines; une objectivité obtenue a travers des dialogues et des descriptions d’un point de vue impersonnel, effagant les traces de l’auteur et, enfin, une attitude critique d’une certaine problématique qui est le contexte ou lV’horizon de l’anecdote.» Les chapitres concernant sa Gallina carriére politique sont plutdt désincamés, sauf quand il parle de ce pays qu’il aime viscéralement: le Pérou. Quand il vit la politique, on partage avec lui les affres d’une campagne électorale, mais son propos est plus digne d’intérét lorsqu’il philosophe sur la politique, le pouvoir, l’engagement moral et le nationalisme. II relate que dans sa famille «(...) on vivait le Pérou, le fait d’étre péruvien, comme le don le plus précieux échu a notre famille». : Malgré de bons passages dans les chapitres consacrés 4 la campagne électorale, oti j’ai eu bien du mal 4 m’y retrouver, j’ai préféré, sans conteste, les mémoires «de l’enfance». Sa découverte de la peur et de la violence, incarnées par son pére, se posera comme reflet de la société péruvienne toujours en ébullition. Il sera tour a tour, étudiant, journaliste, écrivain, politicien, arrachant 4 la vie tout se qu’elle peut lui offrir. Ces expériences et trou- vailles de jeunesse se retrouveront dans «La Ville et les chiens», «La Maison verte», «Les caids» et par bribes, ici et 14. Dans ces parties réservées 4 ]’éveil du jeune Vargas Llosa, les descriptions et la narration entourant les relations des personnages tiennent du miracle. Méme s’il occupe le pavé politique depuis déja un bon moment, a un point tel que sa femme Patricia lui rappela, inquiéte: «Tu te rappelles encore que tu fus écrivain?», le génie de 1|’écriture n’abandonne pas Llosa. Fém de poésie péruvienne, de Sartre, d’Alexandre Dumas, la lecture lui a toujours procuré un havre de paix. Lerepos aprés la tourmente politique. Croyant, peut-étre plus que n’importe quel politicien péruvien, en |’avenir du Pérou, il vit encore de cet engagement moral, pris d’abord envers lui-méme. Si Ja corruption, bien souvent, couche dans le lit: de la politique, c’est la poésie qui se glisse dans celui de Mario Vargas Llosa. 38 RE oe OK * Mario Vargas Llosa, «Le poisson dans I’eau. Mémoires», trad. dé espagnol, Gallimard, Paris, 1995, 506 p. * Gracieuseté de la librairie Manhattan Books & Magazines, 1089, rue Robson, Vancouver. Tél.: 681-9074. fi Thédtre Québec a la bonne franquette PAR CATHERINE LENOIR «La visite ou surtout, ) sentez-vous pas obli- gés de venir!» Com- ment résister 4 un tel titre? La piéce de théatre écrite par deux dramaturges québécois, Robert Bellefeuille et Marc-Michel Bouchard, sollicite l'esprit de con- tradiction du public: pari gagné la semaine demiére 4 Vancouver au Théatre La Seiziéme. La salle était comble. I] a fallu rajouter des chai- ses. La bienveillance de l'audience rivalisait avec la clémence de la tem- _ pérature. L'ambiance était chaude. Trés chaude. Et méme le ragoiit de boulettes fumait pour de vrai dans les assiettes, sur la scéne. C'est 4 une représentation trés conviviale d'un classique du théatre communautaire que nous invitaient les étudiants du cours d'art dramatique du Théatre La Seiziéme, pour trois soirs consé- cutifs, les 25, 26 et 27 mai dernier. Construite en trois temps et trois mouvements sur le combat d'une veuve (bient6t remariée) con- tre ses invités indésirables, la piéce ne manque pas de saveur. «La visite» feuillette, des an- nées cinquante aux années soixan- te-dix, l'histoire de la Belle Province, fleurte du cété du «Misanthro- pe» de Moliére et parle a la mémoire collective québécoise. Un peu trop parfois! Il arrive que ce théatre épicé de références trés particu- liéres paraisse herméti- que 4 qui n'a pas grandi au Québec. Ne boudons pas notre plaisir. Encadré par le profes- sionnalisme de Jean- Pierre Gonthier, ala mise en scéne et Louis-Ma- rie Bournival, 4 la régie, la compétence des ac- teurs «amateurs» du Théatre La Seiziéme, et surtout l'abattage de Monique Polloni, épa- tante dans le réle princi- pal, augurent de beaux jours pour le ,théatre communautaire en Colombie-Britanni- que... en frangais. Prochain spectacle invité au Théatre La Seiziéme «La douce folie de Margot la douce» parla troupe du théatre de I'Aube, les 3 et 4 juina 20h, au Théatre La Seiziéme, 1555, 7e avenue Ouest, Vancouver, tél. : (604) 736-2616. Prix des billets : 8$. Tarif réduit :6$. | Une cloture éclatante C'est par un coup d'éclat que!'Orchestre symphonique de Vancouver a terminésa saison. Maitre Commissiona a choisid'éblouir les mélomanes a l'espagnol. Et une castagnettiste espagnole avec ca! Lucero Teno, castagnettiste, La saison orchestrale prend fin et Maitre Commissiona a rappor- té dans ses bagages une castagnettiste et une oeuvre inédite écrite par un musicien de l'Orquesta Nacional espagnol. Une musique passionnée Jen‘ai jamais dema vie enten- du une meilleure version, plus intel- ligente, plus originale, plus gaie du trop connu «Capriccio espagnol» de Rimski-Korsakov. Jamais l'or- chestre n'a aussi bien joué non plus. Cétait coloré, passionné, les tempi étaient rapides, des silences met- _|.taient en valeur Churchfield et sa flite, la harpe trés lyrique de Volpe. Olé! De vieux marrons, voila la formule du VSO pour ces soirées informelles. Mais avec un vieux chef expérimenté, cela ne veut pas dire de la musi- que ennuyeuse, pas du tout, et je m'apergois que je dois vous parler de Lucero Teno. Cestun plaisir, mais enméme temps je reste trés réservé au sujet des castagnetttes, ces morceaux de bois que l'on claque dans les mains. C'est encore pour moi un instrument mineur des per- cussions, méme si Sergiu Commissiona, dix fois plus musicien quemoi,a faitcom- poser pour elle, par Enrique Regoli, une oeuvre intéres- sante. Un sombrero charmant En fait de vieux marrons, on nentend pas souvent toute la suite du ballet «Tricorne» de Manuel de Falla. Cela nous a valu un solo des plus émouvants, des plus brillants de Beth Orson au cor anglais. Des violoncelles sonores, magnifiques, un VSO chauffé 4 bloc qui n‘était plus qu'un seul instrument délicieux, si beau, sous le baton de Sergiu. Et quel instrument! - A bientét chers amis musi- ciens,et merci. On vous verra dans de drdles d'endroits cet été mais il n'y a qu'un seul Orpheum. Merci, Sergiu Commissiona pour la beauté faite musique dont vous étes un artiste supréme. Nigel Barbour La liberté intérieure PendanttouteI'histoire humaine, ona toujours lutté pour la liberté dela foi, la liberté del'expression libre, etc. Souvent, on devait mourir pour de telles causes. Néanmoins, s'il n'y a pas de liberté intérieure -étre libéré de la peine, des peurs, des compulsions, des opinions des autres- l'ame bumaine est encore dans les liens. 5 Il y aura un séminaire public, vendredi le 2 juin 1995 4 19h30, surla liberté intérieure, au Banquet Hall du Centre de récréation de Bonsor 4 Burnaby. Conférenciére: Soeur Jayanti. La soeur Jayanti est une des conférenciéres principales du Bu- reau international de coordination de l'organisation mondiale des Brahma Kumaris dont elle est la di- rectrice. Elle est connue dans plus de 80 pays et elle réside 4 Londres, Royaume-Uni. La soeur Jayanti est professeur de méditation et messa- gére de la paix depuis plus de 26 ans. Elle représente également les Brahma Kumaris aux Nations Unies de Genéve en Suisse et elle faisait partie des délégués des ONG (Organisa- tions Non-Gouvernementales) des Nations Unies lors de leur rencontre concernant le développement so- cialau Danemark. Elle est aussimem- bre du comité exécutif du Congrés mondial de la foi. La soeur Jayanti vous offrira des points de vue prati- ques concernant la rupture des liens qui limitent le soi et qui rendent votre esprit et votre coeur prisonniers - sans avoir 4 dépenser une fortune chez les psychothérapeutes. Le programme est gratuit. Pour plus d'information, appelez au 436-4795. : CB. Le samedi, 24 juin, la Société des mélomanes invite les francopho- nes et francophiles a venir célébrer la Saint-Jean-Baptiste en francais 4 Blackcomb. Ala terrasse Merlin, vous . pourrez entendre des classiques de la chanson québécoise jusqu'aux musi- ques du monde. Njacko Backo, le leader du groupe Kalimba-Kalimba de Montréal, a déja signé un contrat pour performer a Whistlerle23 juin 1995 et Festival de la St-Jean-Baptiste a Whitehorsele21 juin1995. Uneboite a chanson est prévue sur la montagne, de midi a minuit. : La production de cet événe- ment, la St-Jean-Baptiste, nous aidera a établir la valeur du marché du fait francais a Whistler. Pour information, priére de contacter Eugéneau (604) 938-9970 ou Christian (604) 322-0953. .