F oie 12 Le Soleil de Colombie, vendredi 6 avril 1979 Passé défini - 1939-1949 Histoire d’une décennie 1939-1949 C'est avec de chaudes ima- ges du Québec d’hier et un court extrait de Maria Chapde- laine que débute Passé défini — 1939-1949, ce trés riche docu- mentaire que les_ téléspecta- teurs des Beaux Dimanches pourront voir le 8 avril & 21 h 30. Tous les Québécois se re- trouveront dans ce film qui se- ra pour les uns le souvenir d'u- ne époque difficile, pour les au- . tres la redécouverte des per- sonnages et des événements que des mémoires d'enfants ont retenus. Quant aux plus jeunes, ils verront quelques-uns des hommes politiques d'aujourd'hui au temps de leur jeunesse. Si ce documentaire est suffisam- ment étoffé pour provoquer u- ne réflexion, il contient égale- ment plusieurs éléments diver- tissants. Les vedettes du sport et celles de la vie artistique y cétoient les plus grands hom- mes politiques de |’époque. Les années du soldat Lebrun 1939 rappelle a tous le début de la Deuxiéme Guerre mon- diale. Au Québec, Maurice Du- plessis perd ses. élections aux mains du libéral Adélard God- bout. Selon les statistiques, le salaire hebdomadaire du travail- leur canadien moyen est de $21.26. Tout au long de ce film qui se déroule sans un moment d'ennui, les images se succé- dent au rythme des événe- ments. Cependant, ce que nous voyons du_ conflit européen nous semble un peu différent de ce que l’on nous montre habituellement. C’est que les deux réalisateurs ont pu se pro- . curer des films réalisés par les Allemands et dans lesquels nous avons des vues saisissan- tes, des prisonniers juifs, entre autres. Parallélement, des scé- nes de la vie montréalaise pas-+ sent devant nos yeux. C'est la mode du «jitter bug» et sur les ondes radiophoniques, on en- tend la voix d’Alys Roby et du soldat Lebrun. Deux commen- tateurs de Radio-Canada nous renseignent sur cette guerre Barbara Ann Scott 95,090 Cana- diens: il s'agit d’Albert Du- quesne et de Louis Francoeur. On assiste également a un es- sor sur la scéne artistique ou Wilfrid: Pelletier commence a devenir un personnage impor- tant. On parle aussi de Gratien Gélinas et des Compagnons de Saint-Laurent. Quelques annees plus tard, le maire de Montréal, Camilien Houde, qui s’est élevé contre la Conscription, est en- voyé dans un camp. En 1942, malgré le vote négatif de 85% des Québécois, 64% des Cana- diens acceptent d’obéir aux vo- lontés du gouvernement fédéral qui engloutira ’ et d’aller se battre en Europe. D'autres images nous donnent une idée de I'enfer qui ne fait que s'étendre davantage puis- que les Russes sont mainte- nant attaqués. De |’Angleterre, Charles de Gaulle tente de re- Faut voir ¢a: Brel Brel: l'art d’émouvoir - et de séduire Les Beaux Dimanches présen- tent a Faut voir ca, le 8 avril a 19 h 30, une émission spéciale intitulée «Quand on n’a que l'amour», Jacques Brel. ‘Au cours d'une brillante car- riére qui l’avait mené de son «plat pays» jusqu’en Amérique, en passant par le Québec ou il a chanté souvent, la plupart des pays d'Europe, |’Amérique du Sud et l’Afrique du Nord, ‘Jac- ques Brel s’était acquis une immense popularité autant com- me chanteur que comme comé- dien de cinéma. Fils de grand bourgeois, Jac- ques Brel a tourné le dos a la cartonnerie de son pére pour devenir enfant de la balle. A- prés des débuts difficiles, il a conquis Paris et le reste du monde en peu de temps. II avait un style bien @ lui et peu d’imi- tateurs., Personne ne pouvait chanter la Belgique comme lui. Il avait humour parfois cin-’ glant, et ses compatriotes de l'autre langue, les Flamands, ne lui pardonnaient pas certaines chansons. Mais lui, il riait et se souciait fort peu des gens qui ne prenaient pas la taquinerie. Non parce qu’il n’était pas sen- sible; au contraire. Il suffit de se rappeler avec quelle ferveur. il interprétait des chansons comme Ne me _ quitte pas, Quand on n'a que l'amour, les Vieux et tant d’autres, pour vi- brer et se sentir bouleversé au- tant que lui. Jacques Brel ai- mait l'amitié, l'amour, la vie et il n'est plus la pour nous le di- re. Mais ses chansons restent.. . et ses films, et il sera donc de nouveau avec nous en ce di- manche 8 avril. Des artistes de chez nous qui l'admirent et l’aiment évoque- ront son souvenir durant une heure. Julie Arel chantera Quand on n’‘a que |'amour et fa be a eet oF Valse a mille temps; Albert Mil- laire nous dira des extraits, de Jeff; Clairette chantera Jes Vieux; Monique Miller et Albert Millaire nous diront /es Vieux Amants; Monique Miller seule fera Chanson sans _ paroles; Shirley Théroux interprétera Ne me quitte pas; le mime Claude St-Denis nous donnera son in- terprétation personnelle de la belle chanson Madeleine et les danseurs de Faut voir ¢a nous rappelleront la chanson Bruxel- les dans une brillante chorégra-. phie. Faut voir ca nous rappelle- ra également le comédien Jac- ques Brel en présentant des; séquences de quelques-uns de ses meilleurs films, comme l'Emmerdeur, la Bande 4 Bon- not, les Assassins de: l'ordre et Franz. On verra en outre d’au- tres extraits de films ol Brel se raconte 4 son public. — Tous ceux qui ont aimé Jac- ques Brel-chanteur et Jacques Brel acteur reverront avec émo- tion ces séquencés de films.ou tour a tour il a fait rire et pleu- rer parce qu'il avait l'art d’é- mouvoir et de séduire, tant sur une scene de music-hall que - sur un plateau de télévision ou ‘de cinéma. Cette émission des Beaux Di- manches a été réalisée grace au travail de Marie Perreault, concepteur; . Frangois — Cousi- neau, directeur musical; Peter Georges, Chorégraphe; Jean- Jacques’ Sheitoyan, réalisateur, et Maurice Dubois, coordonna- teur de la série Faut voir ga. . miére des dont elle est l'invitée. Assise a win gah ab kb S oe grouper les Frangais, tandis que Pétain transige avec les Alle- mands. Certains seront peut- €tre surpris de voir et d’enten- dre Sir Winston Churchill par- ler en frangais aux Canadiens pour les inciter a aller défen- dre la France. Les femmes et le travail Malgré cette atmosphére de guerre dont nous subissons les conséquences, la ville de Mont: réal célébre en 1942 le tricen- tenaire de sa fondation. Sur la scéne politique, un jeune Jean Drapeau: se fait aider par nul autre que Michel Chartrand. Le gouvernement impose un ra- tionnement de plus en plus grand et les images que nous voyons de Montréal, pour sédui- santes qu’elles -soient, nous font découvrir qu'une douzaine d'oeufs cotite 88 cents. Dans les sports, la lutte de- vient trés populaire a Cause d'Yvon Robert, le favori des Québécois. A la boxe, c’est |'é- poque de Jos Louis. D’autres images nous montrent les joueurs du club de hockey Ca- nadien et du club de baseball les Royaux. 5 Bien que Duplessis revenu au pouvoir vers la fin de la guerre préche un retour a la terre, nous assistons a l'exode des ruraux vers les villes. C'est aussi @ cette époque que les femmes ont. fait leur apparition sur le marché du travail. Cela dérangeait beaucoup. car, di- sait-on, cette situation nuisait a l’ordre familial. Mais tout lé monde pensait qu'il s’agissait la d'une situation temporaire et qu'une fois la guerre finie, les femmes retourneraient dans leur cuisine. C’est sous le gou- vernement de Godbout que les femmes obtinrent, en 1943, le droit de vote et que l'on instaura instruction obligatoire. Le dé- but des années quarante coin- cide aussi avec les débuts du syndicalisme au Québec. En 1943, on inaugure |l’ouverture de l'Université de Montréal dans son nouveau site sur la montagne. Les étudiants sont . alors trés actifs et on remarque déja des: noms comme ceux de Marc Lalonde, Jean Chrétien, Gérard Pelletier, Jeanne Sauvé. ~ Gabrielle Roy En littérature, on aimait Ro- ger Lemelin, Gabrielle Roy et Germaine Guévremont. Au mois d’aodt 1943, la Con- férence de Québec réunit Roo- sevelt et Churchill. Mackenzie King, alors premier ministre du Canada, assiste a cette confé- rence. Mais la guerre se poursuit et 4 Moscou, on voit défiler 60,000 prisonniers allemands. Le 6 juin 1944, c'est le Débarquement en Normandie. L’année © suivante, Mussolini tombe aux mains des anti-fascistes, et les images que nous voyons nous montrent une Europe dévastée, des villes en ruines. Le président Roose- velt mourra juste avant de voir ses troupes entrer dans Berlin. Si Iles Allemands sont vain- cus et acceptent la fin de la guerre, il n’en va pas de méme des Japonais qui, aprés avoir attaqué Pearl Harbour en 1941, continuent a se battre jusqu’a ce que les Américains lancent leur bombe atomique sur Hiro- shima en aodt 1945. Cette guer- re aura fait 30 millions de morts. La Libération A Montréal, c'est l’euphorie, les gens fétent dans les rues et on voit 14 encore un jeune an- nonceur de Radio-Canada, Roger Baulu. Cette méme année, un con- grés mondial d'étudiants réuni- ra des milliers d’entre eux a Montréal, et Charles de Gaulle fera une visite & Mackenzie King @ Ottawa. Duplessis encore au pouvoir fait la guerre aux communistes -et s'attaque aussi aux Témoins de Jérovah. Certains se sou- viendront de |'affaire Roncarel- li. C'est en 1946 également que se déroule le procés de Nurem- berg dont nous voyons des ima- ges, et que Barbara Ann Scott, championne de patinage, _ fait une entrée triomphale a Mont- réal. Avec 1947, on sent déja l’ap- proche des années cinquante; c'est le début de la télévision américaine, le mariage de la’ princesse Elizabeth, future rei- ne d’Angleterre. Habilement construit, ce do- cumentaire conserve un rythme qui captive notre attention. Nar- ration: Dyne Mousso et Pierre Valcour.. Réalisation: Roland Pollack et Pierre Valcour. Pro- duction: Explo Mundo, pour la Société Radio-Canada. Héléne Fecteau Proposetconfidences Francoise Gaudet-Smet se raconte — Les habitués de Propos et confidences, le mardi 4 23 h 50 pourront voir, 42 compter.du 10 avril ét les trois mardis sui- vants: Francoise Gaudet-Smet. Francoise Gaudet-Smet est une force de la nature, une fem- me comme il s’en fait peu au cours d’une génération. Journa- liste, conférenciére, fondatrice de Claire-Vallée, ce camp de vacances modéle, grande voya- geuse, amie des arts et des let- tres, autant que de la nature, des fleurs, des arbres, de la ter- re et des hommes, on peut véri- tablement dire d’elle sans se tromper: «rien de ce qui est hu- main ne lui est étranger». C’est dans un décor qui lui sied & merveille. qu'on verra Francoise Gaudet-Smet a la pre- quatre émissions une table rustique dans son jar- din, entourée de verdure et de fleurs tout prés de la riviére bleue qui coule derriére sa mai- son peinte en rouge et blanc, Francoise Gaudet-Smet se ra- conte. Cette femme qui avoue, aprés cinquante ans de journa- lisme: «Le premier devoir d’un _ bon reporter, c’est d'écouter», a tellement mis en pratique ce principe au cours de sa longue carriére qu'elle sait aussi parler et se faire comprendre des gens auxquels elle s’adresse. Et on '6écoute avec ravissement. Originaire du petit village de ‘Sainte-Eulalie, prés de Nicolet, Francoise a gardé de son en- _ fance la-bas, de ses parents, grands-parents, oncles et tan- tes et des gens du village, un souvenir «émerveillé», Ce qui la caractérise dailleurs, c'est justement cette faculté d’émer- veillement qu'elle a conservée bien qu'elle soit aujourd’hui septuagénaire. Elle nous dit das * er fen See, ra Di dedomede d tee ad ane EL la premiére émission: «J'ai ‘commencé trés jeune a cultiver l'émerveillement. A six ans, j'étais émerveillée de voir par- tir ma grand-mére, avec son pain et ses gros souliers pour un pélerinage a pied vers Trois- Riviéres ou elle voulait parler au Pere Frédéric. A la petite école du village, ot je suis en- trée avant l’age réglementaire, j'étais émerveillée par la scien- ce qui se déversait la. Plus tard, quand mes parents m’ont en- voyée chez mon grand-pére a -Saint-Célestin, j'ai été émerveil- lée de voir les cultivateurs tra- vailler a ce quiils appelaient l'arrachage des patates.» Curieuse de tout savoir, tout voir, tout apprendre, Francoise Gaudet-Smet nous dit, avec son sourire mialicieux: «J’écoutais aux portes. Je me cachais pour entendre les conversations des adultes, et de ma chambre ou il y avait une grille d’aération qui donnait sur le magasin gé- néral de: mon pére, je me cou- chais a plat ventre pour ne rien manquer de se qui se disait en bas. Comme je ne-comprenais pas tout, il m’est arrivé de faire des bévues. Comme le soir ot les «vieux» (pour moi, les adul- tes étaient tous des vieux) par- laient de Pie X qui venait de proclamer que les enfants de sept ans auraient désormais droit a la premiére communion. Un monsieur a barbe blanche ayant critiqué la décision du ‘pape, je suis descendue pour crier a Ma meére: Un_ vieux monsieur en bas chicane le pa- pe parce qu'il n'a pas d’en- fants.» = C'est avec amour, avec infini- .. ment de respect aussi que Francoise Gaudet-Smet parle de ses parents, travailleurs achar- . nés dont elle dit: «De mes pa- rents, j'ai gardé le godt du tra- vail». De Sa grand-mére elle dit: «Elle écrivait des lettres dans _@ D’amour Mme de Sévigné.» Des femmes de son enfance elle dit: «C’était des femmes instruites, une gé- nération de femmes destinées a faire le monde; non a le re- faire.» Ainsi, & entendre se raconter Francoise Gaudet-Smet, on se prend a réver d’avoir une vie comme la sienne, débordante de réalisations grace 4 son «ap- -titude au bonheur», selon sa propre expression. Propos ‘et confidences est une réalisation de Jean Fau- cher. : Fernand Coté En bref.. et d'eau fraiche nous parviendra de Sherbrooke, le lundi 9 avril & 14 h 30. Geor- ges Dor accueillera des invités qui ont connu les horreurs de la guerre. Il s'agit de MM. Do- nald Languedoct, qui a été pri- sonnier dans un camp de con- centration; Hormidas Duplessis, -ex-journalier au service d'une poudriére, et Jean Fontaine, ex- chef d’escadron dans l’aviation canadienne. Recherche et réali- sation: Christine Guillemette. ®@ Le mercredi 11 avril & 14h 30, Pierre Paquette recevra a l'émission le Temps de vivre le _club de |’Age d'or de la Mal- baie. Parmi les membres, des ™ musiciens dont MM. Gustave Dufour et Joseph Godin, ainsi que Mme Gérard Tremblay. De son cété, M. Rodolphe Lamou- ‘reux, ex-employé du CN, nous parle de sa carriére aux che- mins de fer. A la chronique in- formation, M. René Cotnoir ex- plique le programme de Vacan- ces-familles. Activité: fabrica- tion d'hamecons et de mouches pour la péche. we ee eee ee ele \ Ba? 0 gee