Le SOLEIL, VENDRED! 29 ocTosRE 1993 - 9 Farewell to my concubine de Chen Kaige Une belle saga Palme d’or - ex-aequo avec La legon de piano - du festival de Cannes 1993, Farewell to my concubine estle troisiéme film du réalisateur chinois Chen Kaige. Adapté du roman del’ auteur de Honk Kong Lillian Lee, le film retrace, a travers 50 ans de l’histoire mouvementée de la Chine contemporaine, la saga de deux acteurs de l’Opéra de Pékin. Dans les années 20, la formation traditionnelle des acteurs de l’Opéra de Pékin, trés dure et sévére, n’a guére évolué au cours des siécles. Confié dés son plus jeune age par sa mére, une prostituée, aux mains d’un maitre impitoyable, Douzi (Leslie Cheung) est formé a jouer un réle unique, celui de la concubine du roi dans |’opéra “Adieu ma concubine”. Son partenaire sur scéne, Shitou (Zhang Fengyi), qui interpréte le réle du roi, devient également son partenaire dans la vie. A la veille de invasion japonaise de 1937, les deux partenaires sont devenus des Zhang Fengyi et Leslie Cheung. acteurs de premier plan a Pékin. Tour a tour séparés puis rassemblés a nouveau par la vie, les deux acteurs traversent les épreuves et les déchirures de ces années souvent tragiques V’occupation japonaise, la guerre, la victoire des nationalistes, la prise du pouvoir par les communistes, la révolution culturelle.Tous les ingrédients de la grande épopée sont réunis : des larmes,delasueur etdusang. Chen Kaige asigné launbeau film épique et touchant, entremélant avec succés la découverte de |’univers particulier de l’Opéra de Pékin, les relations passionnelles entre deux acteurs et les drames de Vhistoire de la Chine contemporaine. Malgré quelques longueurs, ce film devrait plaire a des publics trés variés. F.L. a As You Like itde Shakespeare Shakespeare n'a pas viellli Comme toujours, voir une piéce au Studio 58 est une expérience enrichissante. On ne peut rester indifférent devant l’enthousiasme des jeunes acteurs d’une des meilleurs écoles de théatre au Canada. As You Like it, de William Shakespeare, est une comédie qui comporte pas mal de difficultés pour ces jeunes acteurs en formation ; le langage en. vers, le fait qu’ils interprétent plusieurs personnages et la complexité des personnages. Depuis l’adaptation de Kenneth Branach au cinéma, il a démontré que Shakespeare est également contemporain, vivant et sensuel. Sur la scéne, on a souvent tendance a le présenter d’une maniére trop statique. Le flot de mots arréte l’action. Dans notre monde moderne, ons’exprime plus © dans |’ action que dans des mots. Si Shakespeare vivait aujourd”hui, il ferait probablement des films d’ action. Il améliorerait cette forme ol trop souvent, le texte est pauvre. Jane Heyman a créé une mise enscéne vivante ou les acteurs bougent bien, chantent et passent d’un personnage a l’autre avec habileté. Parmi les acteurs quej’ ai particuliérement aimés, ily a Steve Griphith dans le réle du frére méchant qui se transforme en agneau gentil. Bob Fraser interpréte Orlando, au centre de |’ action. Ty apporte une intensité et une énergie qui rendent le personnage intéressant. Jane Perry doit jouer une femme qui se déguise en homme. Elle lui donne une dimension inattendue ; une femme forte et sensuelle et un homme sensible et fort. Rencontre avec quatre acteurs Aprés une des représentations, jerencontre quatre des acteurs : Steve Griphith, Bob Fraser, David Huggins et Rachel Eli. Is m’expliquent comment ils doivent faire trois semestres avant de pouvoir jouer dans une produc- .tion de1’école. Rachel ajoute : “Si on peut survivre l’horaire difficile du Studio 58, on peut survivre dans cette profession exigeante. Onnous prépare bien arencontrer les difficultés de notre métier.” Ils aiment Shakespeare qui leur permet d’explorer des personnages riches. Bob et Rachel révent de jouer Shakespeare sur des grandes scénes dumonde. Steve veut retourner 4 Montréal et aussi aller du cété de New York et Chicago. David donne la note politique. “C ‘est le gouvernement qui déterminera mon avenir. Comme le Canada coupe les budgets pour les arts, je vais aller oi je pourrai gagner ma vie.” Tous aimeraient travailler avec Kenneth Branach, Robert Lepage et Judy Davis, qu’ils admirent. Ils font partie dela jeune reléve dynamique, idéaliste, les yeux pleins de réve. Ils sont honnétes, apprécient l’expérience que leurs professeurs leur donnent. Vous avez encore jusqu’ au 30 octobre pour aller les voir dans, As You Like it. Pour plus d’infor- mations sur les spectacles du Studio 58, téléphonez au 324-5227. Marie-Louise Bussiéres Opéra : La Traviata Une saison qui promet L’ouverture de Ja saison d’opéra a eu lieu, samedi soir, dans Ie plus grand apparat. La Traviata de Verdi! a attiré une foule nombreuse d’amateurs qul ont été comblés. Somptueux décors, jeu admirable des artistes, mise en scéne magistralement menée par Bernard Uzan, directeur-général et artistique de l’Opéra de Montréal, La Traviata, sous la baguette de David Agler, directeur musical de l’Opéra de Vancouver, nous a emportés vers les sphéres envoiitantes d’un hymne a |’amour, nous plongeant dans la dure réalité du Paris du 19e siécle, au temps des courtisanes, quand I’*honneur et l’argent avaient une importance capitale. Cette adaptation de Verdi du célébre roman d’ Alexandre Dumas fils, La Dame aux Camélias étaitmerveilleusement interprétée par Susan Patterson, bouleversante Violetta, Manfred Fink, émouvant Germont et Haijing Fu, dans le réle du pére impitoyable et tendre. Susan Patterson, n’en est pas 4 sa premiére Violetta, puisque sa carriére de soprano lui a déja permis de I|’interpréter dans plusieurs productions internationales en Europe et en Amérique du Nord. Le public vancouvérois avait déja eu le plaisir de l’ apprécier, notamment dans le réle de Pamina dans La Flite Enchantée de Mozart ainsi que dans celui de Gilda dans Rigoletto de Verdi, en 1989, qui marquait d’ ailleurs, sa premiére apparition au Canada. En 1991, elle a fait ses débuts a la Scala de Milan avec Ricardo Muti. Manfred Fink, ténor d’origine allemand, fait, par ce réle sa premiére apparition 4 Vancouver. Il s’est déja produit sur les scénes européennes les plus prestigieuses, 4 Vienne, Berlin et la Scala de Milan. Haijing Fu, bariton, originaire de la République Populaire de Chine, a fait ses débuts au Métropolitan Opéra, en 1990, dans le réle de Germont. es Pour tous les amateurs de Verdi, une soirée ane pas manquer. N.D. Les 28 et 30 octobre et le ler novembre au théatre Queen Elisabeth de Vancouver. Reservations : 683-0222. Les Bonnes de Genet Le 16 novembre prochain, |’ Alliance francaise de Vancouver présente Les Bonnes, de Jean Genet, au Richmond Gateway Theatre, dans la mise en scéne de la compagnie lyonnaise, la Compagnie de la Goutte. Créée en 1947 par Louis Jouvet, cette piéce, un des chefs d’oeuvres de Jean Genet, met en scéne deux domestiques, deux soeurs, fascinées par la beauté et la richesse de leur maitresse. Fascinées jusqu’au crime. Renseignements : 327-0201.