suite André Piolat a rN \ WN 4 Ba A Bite 1% docteur Albert Schweitzer. C’est le 14 janvier 1875, presque quatre ans jour pour jour de la signature(18 jan- vier 1871) du traité de Versaille, mettant fin a la guerre entre la France et la Prusse, rattachant les deux provinces frangaises d’Alsa- ce et Lorraine au nouvel empire Busmarkiien que nait & Kayserberg(Haut Rhin), Alsace le premier né des époux Schweitzer, 4 autres enfants: Paul, Adéle, Mar- grit et Louise, s’ajoutent a la famille. Le pére, pasteur de l'église évangélique protestante de Kayserberg, quelques mois aprés la naissance de son premier né, est promu a une plus grosse paroisse, du village voisin de Gtinsbach. A Gunsbach, la majorité de la population est protestan- te, mais d’aprés un décrét du roi Louis XIV les églises protestantes d’Alsace doi- vent, quand il y a une minorité d’au moins sept familles catholiques, parta- ger leur église avec ceux-ci. De plus en l’absence d'un euré catholique, le pasteur doit rendre visite aux mala- des de cette religion. Cette coutume a un effet — sur le jeune Albert, stant dans son esprit cette tolérance d’autrui, quia influencé toute sa vie. Dés l’ége de cing ans, son pére, qui en plus d’étre pasteur est un organiste accompli, lui enseigne le piano. Trois ans plus tard, il débute a l’orgue, instrument sur lequel il, par la suite _acquiert une renommée in- ternationale. ° Ses études primaires et secondaires terminées al’age de 18 ans, en 1893 ils’inscrit a la faculté de théologie de Université de Strasbourg suivant ainsi la tradition familiale. Ses deux grand-pé- res paternel et maternel, Le Gabon: Dr Schweitzer os ak fey comme son pére, étaient pasteur dans l’église évangé- lique protestante. Sans négliger ses’ études théologiques, Albert schweitzer continue a déve- lopper ses talents de musi- cien, ayant fait 4 Strasbourg connaissance du composi- teur-musicien Charles Munch, il devient son éléve. en 1898 il se rend a Paris, poursuivre ses études théolo- giques 4 la Sorbonne. Le célébre artiste compositeur Charles Marie Vidor, l’ayant entendu jouer de l'orgue l'accepte comme éléve. Sous sa tutelle Schweitzer devient un virtuose et participe par la suite avec son maitre 4 de nombreux récitals d’orgue. ide, “3 Au bord de l'Ogooué.i. Par un fait du hasard, en 1904, en feuilletant une re- vue, il tombe sur un article intitulé “Henry Chapuis” et “les besoins de la Mission du Congo”. Cet article, déplo- rant la pénurie de soins médicaux parmi les tribus africaines, réveille en lui un souvenir de son enfance: souffrant d’un mal de dent son pére l’avait emmené chez un dentiste a Colmar, au retour traversant le Champ de Mars ils s’arrétérent de- vant le monument a l’amiral Bruat, célébre par ses con- quétes en Afrique. Ce qui laissa une impression profon- de chez le jeune Albert, ne fut pas le héros, coiffé de son bicorne, mais le, négre a genoux aux pieds de]’amiral. L’article d’'Henry Chapuis se terminait par “Des hom- mes qui sachent sur un geste du Roi, dire: “Maitre je pars”. Voilace dont l’Eglise a besoin”. Fermant la revue, sa déci- sion est prise, il consacrera sa vie a alléger les souffran- ces des habitants de |’Afri- que Equatoriale. Aprés avoir obtenu son doctorat en théologie, en 1905, il s'inscrit ala faculté de médecine, et passe les pro- chaines sept années a l'étude de la médecine se spéciali- sant en chirurgie et médeci- ne Troncales et la musique. Ses récitals d’orgue, dans les grandes salles d'Europe, sa ~virtuosité, le rendant célé- bre. La reine de Roumanie, l Archevéque de Canterbury et nombreuses autres per- sonnalités deviennent ses admirateurs. Malgré ces occupations, il trouve le temps d’écrire des ouvrages sur la théologie, la philosophie et la musique dont en 1905 un livre sur “Bach, le musicien poste”. Ses études médicales ter- minées, il offrait ses services a la Société Missionnaire de Paris. Aprés bien des difficultés, car le Comité de la Société, composé de protes- tants orthodoxes, acceptant difficilement son esprit tolé- rant oécuménique. Schweit- zer s’arrange pour ne pas paraitre devant le Comité en session, mais de rencontrer chacun des membres indivi- duellement son stratagéme réussi, la Société l’accepte. Le lundi de Paques 1913 avec son épouse, Héléne Bresslau, qu'il avait épousée le 18 juin 1912, il s*embarque a Bordeaux, accompagnés de nombreuses boftes et baga- ges contenant médecines et instruments chirurgicaux. Destination: une petite mis- sion protestante a l’intérieur ‘du Gabon sur le fleuve Ogoué. Dés son arrivée a la mission de Lambarené, le Dr. Schweitzer se met a l‘oeuvre, avec l'aide de son épouse et quelques indigénes il marrie, la hache, la scie et le marteau dans |'érection du premier batiment hépital. Avant méme que la construction est terminée, les malades af- fluent, arrivant a pieds ou en pirogues, accompagnés de toute la famille. © Devant la réticence des familles, a laisser leurs mala- Transport d’un malade. des seuls a l’hépital, le Dr Schweitzer se voit contraint a construire des gites pour abriter les familles durant le séjour du malade a l’hépital. Au mois d’aoft 1914, la guerre éclate en Europe, aux débuts des hostilités, les autorités de cette colonie frangaise ordonnent, que Schweitzer et son épouse, sujets allemands(l’Alsace é- tant devenue province alle- mande aprés la guerre de 1870) soient internés dans leur demeure et interdits de pratiquer la médecine. De- vant les protestations des indigénes, il lui est permis de reprodiguer les soins médi- caux. Mais en septembre 1917 une dépéche arrive or- donnant son arrestation. Avec son épouse, il est transporté en France et interné dans un camp de prisonniers prés de Bor- deaux. Durant son séjour dans le camp de prisonnier il con- tracte une maladie des intes- tins, et doit subir deux opérations. Aprés l’'Armistice, ne pou- vant retourner 4 Lambarené, il voyage en Europe, donnant des conférences philosophi- ques et théologiques, des concerts d’orgue, qui le ren- dent célébre, mais son réve est de retourner ason hépital a Lambarené. Finalement en février 1924, accompagné de son épouse et de sa fille Rhena, née le 14 janvier 1919, il s’embarque de nouveau pour |’Afrique. Arrivé a Lambarené, il se remet ala tache, mais se rend compte que le site de la mission ne permet pas l’a- grandissement rendu néces- saire par l’arrivée croissante des malades. Il décide de déménager 48 kilométres, en haut du fleuve, sur le site de l’ancien village du roi soleil N’Kombe, situé au pied d'une colline, dans un plateau d’une cinquantaine d’hectares sur la rive droite du _ fleuve Ogooué. Construire, méme dans la jungle africaine, prend de l'argent. L’aide financiére de la Société des missions étant insuffisante. Le Dr Schweit- zer se voit contraint de retourner plusieurs fois en Europe, pour ramasser des fonds en donnant des confé- rences et des concerts d’or- gue. Sa renommée comme confé- rencier, musicien et médecin missionnaire, devient légen- daire. Les récompenses affluent, a Paris on lui offre le siége du maréchal Petain a l’Académie des sciences Mo- ‘rales et politiques. La Reine Elizabeth d’Angleterre le décore de L‘Ordre du mérite, la Reine de Suéde lui remet la médaille du Prince Charles. En 1952, il recoit le prix Nobel de la paix, les 170,000 couronnés, servent a acheter de la téle ondulée, pour refaire les toits de l’hépital et des dépendances. Une asso- ciation des amis du Dr. Schweitzer est créée. Aujourd’hui, grace a l'aide de cette association, qui étend ses activités, non seu- lement en Europe, mais dans le monde entier, et du gou- vernement Gabonais, le réve et l’oeuvre du Dr Albert Schweitzer continuent. Sur le flanc de la colline, dans un espace de 150 hectares, un h6épital moderne a été con- struit. Blancs et Noirs y sont traités sans distinction de race ou de couleur. L’ancien hépital constitue désormais une zone histori- que et a été transformé en un musée dédié 4 la mémoire de son fondateur, la chambre du grand docteur est restée telle qu'elle était. Les pages de musique de Bach, jaunies par les années, sur le piano, semble aprés ses longues journées auprés des mala- des. Quelques-uns des anciens batiments abritent encore certaines catégories de mala- des, dont les tuberculeux et les malades mentaux, qui sont tenus isolés du nouvel hépital, de méme que les lépreux qui habitent au “Vil- , KT SCH! NDER IY lage de lumiére” a une dizaine de minutes de mar- che de la partie centrale de Vh6pital. Ces anciens bitiments, 4 toit en téle ondulée, construit en bois, surélevés sur pilotis traités contre l’incendie, soit a l’abri de l’humidité du sol. L’espace libre permet la circulation de la volaille, qui chasse les insectes et assure une protection contre les termites, qui ravagent des fondations en bois au ras du sol. Décédé le 4 septembre 1965, le docteur Albert Schweitzer repose, dans un humble cimetiére, 4 l’ombre des palmiers, prés du fleuve, dans une tombe marquée, d’une simple croix. Prés de lui reposent son épouse et quelques-uns de ses fidéles collaborateurs. (a suivre) (a suivre) La tombe du Dr Albert Schweitzer a Lambaréné.