16—=—Le Soleil de Colombie, vendredi 20 avril 1979 Société Historique Franco-Colombienne La Société Historique Franco-Colombienne est heureuse de vous annoncer qu'une personne vient de prendre en main le projet “collection photos”. If s’agit de Mme Anita Charland que vous pouvez appeler au 266-4824, aprés 20h00. Anita ira inspecter vos trésors photographiques et, avec votre permission, se chargera de la reproduction des photos qu'elle choisira. Devenez membre de la Société Historique Franco-Colombienne Cotisation annuelle: $4.00 membre individuel $10.00 membre groupe A/S MME Catherine Lévesque, 211, 46¢me avenue ouest Vancouver, C.B. V5Y 2X2 La Société Historique Franco-Colombienne va enfin avoir son bureau, bien situé, rue Broadway. Nous ne vous donnerons pas adresse aujourd’hui, carle bureau ne. - pourrait pas étre plus vide! Le seul article qui puisse étre installé est le classeur métallique qui était jusqu’a présent au siége de la Fédération des Franco-Colombiens. Nous langons done un appel a tous: si vous étes en mesure de . donner un bureau, des chaises ou fauteuils, étagéres..., téléphonez au Soleil de Colombie, 879-6924 qui fera la commission. Merci d’avance! Saviez-vous quill existait un journal en francais au début de la colonie? ROKR LE COURRIER DE LA NOUVELLE-CALEDONIE informait les premiers colons de la Colombie-Britannique Procurez-vous les exemplaires existants_ du 11 septembre 1858 au 8 Octobre 1858. ‘ ECRIVEZ A: SOCIETE HISTORIQUE FRANCO-COLOMBIENNE a/s Mme Catherine Lévesque,. 211, 46eme avenue ouest, . Vancouver, C.B. V5Y 2X2 PRIX: $1.25 + $0.25 pour la poe JE PARS AVEC * CLEMENT TRAVAILLER SUR UN CHANTIER DE CHEMIN DE FER DANS LES ROCHEUSES [suite] La direction de l’hdtel était un consortium de plu- sieurs gros bonnets, dont un ou deux d’Athabasca méme, avait fait de bonnes condi- tions 4 Armand et a sa femme: naturellement logés et nourris, avec un.salaire . global de 90 dollars par mois. Le seul point qui efit pu étre un obstacle était que cette place était temporaire, n’é- tant valable que jusqu’a la fin de l'automne... La gérance était, a partir de ce moment, donnée a un ménage de Canadiens irlan- dais qui, ayant vendu un hdtel en Saskatchewan, avaient investi leur argent dans la construction de celui d’Athabasca. Etant-partis en voyage de famille dans I’Est, ils s’étaient réservé ce délai. Mais cette circonstance n’avait pas préoccupé Ar- mand car, depuis quelque temps, nous avions compris a certaines allusions qu’Ar- mand et Marguerite trou- vaient la vie de ce pays trop rude, surtout en hiver, et trop sauvage pour une jeune femme tout nouvellement arrivée de notre douce Fran- ce, et habituée au confort et aussi a la vie mondaine. Ils avaient donc projeté d'aller se fixer 4 Victoria, en Colombie-Britannique, dans Vile de Vancouver. Cette région bénéficiait, en effet, d’un climat clément, étant touchée par les courants chauds apportés par le Paci- fique. C’était en somme, pour le Canada, comme la Floride ou la Californie pour les Etats-Unis, notre belle Céte d’Azur, pour notre France. Je quittai done Athabasca au début de juin pour rejoin- dre Clément qui m’attendait avec impatience a Edmon- ton. I s’était déja renseigné dans les «Employment Offi- ces» et avait signé un enga- gement pour nous deux. Nous devions rejoindre, comme «laborers», une en- treprise qui travaillait a Fétablissement d'une ligne de chemin de fer a travers les Rocheuses. Le chantier auque( nous étions affectés était déja parvenu aux premiers grands contreforts des mon- tagnes. Le salaire journalier était de 6 dollars, sur lequel la nourriture était retenue pour 75 cents. Ce n’était. donc pas si mal payé. Le transport de la «bunch» engagée (nous étions une dizaine environ, destinés 4 remplacer des partants ou des malades), se fit par le train de service de Yentreprise qu comportait simplement des wagons pla- tes-formes et un wagon-dor- toir garni de lits de bois superposés. I] ne fallait pas rechercher le confort, car nous étions considérés un peu comme du bétail hu- main, ayant droit aux soins juste suffisants pour le main- tenir en état. C’était, en somme, le wagon illustré par la guerre de 1914: 40 hom- mes - 8 chevaux... La premiére partie du voyage fut banale, car nous circulions sur la portion de ligne déja en activité depuis . un certain temps; arréts, voies de garage pour céder le passage a un envoi des- cendant, départ, re-arrét, etc. Pour nous, il n’y avait pas de probléme, puisque ~ notre temps était décompté du jour de notre engage-: ment. Mais le voyage devint plus intéressant quand nous ef- mes atteint le début de la voie qui était en travail et n’était pas encore livrée. Le rail courait sur des traver- ses qui n’étaient pas toutes encore bien fixées et sur un remblai qui n’avait été nive- 1é que trés superficielle- ment. Evidemment, la vites- se du train était en rapport, et je crois qu’on aurait trés bien pu suivre le convoi a pied sans fatigue et sans risque de le perdre. Ce qui était le plus ex- traordinaire et m’avait vrai- ment frappé, c’était la con- fection des ponts batis sur des rivitres qui, parfois, représentaient bien quelque cent métres, berges et lit. Ces ponts étaient tout en troncs d’arbres de belle ve- nue, cédres ou sapins, plan- tés comme des piquets et reliés par un réseau d’entre- toises en troncs également, avec des fixations de fer. Le pont ne présentait aucun garde-fou et, quand on y passait, on voyait, a pic au- dessous de soi, tourbillonner. les eaux de la riviére, et il _ ‘semblait que lon était sus- pendu a un fil. Et le train passait au petit pas, dans le grincement de tous ces ar- bres qui geignaient dans leurs jointures de fer. Enfin, aprés une nuit et “une journée de route, nous atteignimes le chantier qui allait 6tre pour nous, pen-. dant quelques semaines, no- tre lieu de travail. Aprés la réception de cette marchandise humaine qui me faisait penser aux convois d’esclaves des an- ‘ciens temps, on nous indiqua la «bunkhouse» ov nous de- vions nous installer, huit a dix, en principe, suivant la dimension. Dés que nous efimes déposé notre fourni- ment, nous nous rendimes dans la grande baraque qui servait de lieu de délasse-. ment, si l’on peut ainsi galvauder ce mot... ‘ Nous eflmes alors |’im-— pression, malgré notre habi- — { tude des bars et des saloons, © avec leur clientéle de gens «roughs» et de tous acabits, © d’étre tombés dans un camp > de forgats: jeunes tétes et vieux bonhommes aux bar- bes hisurtes et mal taillées; éclats de voix et coups de gueule, chemises mackinnaw | et foulards multicolores, le tout dans un décor de plan- ches et de banes de ron- | dins et, au milieu de la salle, des tables du méme style." © De plus, par-dessus le tout, pour ennoblir l’atmos-_ phére, une brume de fumée > de pipes et l’odeur des chi- ques dont le jus noir n’allait pas toujours rejoindre les” crachoirs de téle placés ¢a et_ la. Le réfectoire, ou plutét la tente qui en tenait lieu, - assez vaste, était cependant mieux tenu, car il était placé sous la juridiction du chef cook et de ses trois cookees, tous chinois, naturellement. (A SUIVRE) | i ; / } :