6— _ Le Soleil de Colombie, vendredi 16 novembre 1984 Profil des francophones Suite de la page 1 que les anglophones, sauf au niveau du revenu moyeR pro- vincial (12 500$) ow ils sont a égalité. Ainsi au niveau des revenus de 15 000 dollars et plus, un francophone gagne 95,6 % de ce que gagne un anglophone. De plus, les Colombiens britanniques de langue maternelle francaise ont un revenu inférieur a la moyenne des autres minorités linguistiques. IL EST PLUS SOUVENT CHOMEUR. Compte tenu du pourcentage global de 1,7 %, la population francophone est sur-représentée au sein des rsonnes au chémage, puis- que 2,4 % des francophones ne travaillent pas en Colombie britannique. Emploi et immi- gration étant un organisme fédéral, ce chiffre refléte en partie la forte proportion de Québécois qui arrivent tous les ans en Colombie britanni- que en faisant transférer leur dossier et, qui gonflent ainsi § les statistiques des franco- phones au choémage. IL TRAVAILLE COMME TOUT LE MONDE. Prés les | deux tiers des populations anglophone et francophc -¢ travaillent dans les services sociaux, le commerce et les = usines. Il n’y a pas de diffé- rence notable entre les sec teurs d’activité des franco- phones et des anglophones, a deux exceptions prés: d’une part le commerce occupe la deuxiéme position chez les anglophones et la troisiéme chez les francophones, et d’autre part les francophones sont légérement plus nom- breux — proportionnellement dans les secteurs des mines, du batiment et des travaux pu- blics. Sur les pistes de l’Ouest Suite de la page 1 mais il est indispensable qu'on puisse tout dégager en quel- a secondes si jamais il y a anger”. D’ailleurs c’est avant tout 4 son chargement qu'on distingue un amateur d'un professionnel. Les cavaliers emménent leur nourriture ur neuf jours; bien sir, des ae doeufs figurent au menu et, sourit Herve, “tout cavalier mettra un point d’honneur a ne pas en casser un seul durant la randonnée”. Le chargement terminé, on part, au pas. Pas besoin de se presser. Et surtout, le terrain ne permet généralement pa le moindre petit galop. A Lac Louise, on est loin des grandes courses dominicales sur les plages de Ladner.Ca monte et ca descend tout le temps, et le chemin est étroit. Le code de la piste n’a pas encore été inventé, mais il pourrait tenir en une simple formule: la confiance absolue entre le “Je suis un pauvre cow-boy solitaire loin de chez moi” ([La ballade Lucky Luke] cavalier et son cheval. “Un cheval qui s’échappe, indique Hervé, c'est la ran- donnée foutue, un cheval qui rue, ce peut étre l’accident”. A plusieurs heures, ou mémes jours, de la radio la plus proche, toute égratignure peut prendre des proportions dramatiques. Ainsi, il y a trois ans, un cavalier comme Hervé a trouvé la mort dans des conditions qui donnent le frisson. Son cheval a rué et un coup de sabot lui a fait éclater le foie. “il a pu se trainer jusqu’a son chargement pour prendre un stylo et un papier et écrire une lettre d’adieu a ses parents, raconte Hervé, il savait qu'il allait mourir. Ona retrouvé son corps deux ou ‘trois jours plus tard”... Pourtant, les accidents sont. rares. Grizzlis et chevaux font bon ménage (ils font en sorte -de ne pas se rencontrer) et, tout le monde s’arrange quil'n’arrive rien. Mais il y a les impondérables: une piqu- re de mouche 4a cheval mal placée, un sabot qui glisse... et tout peut “ basculer: au cours de l’été, Hervé et son partenaire ont une journée de guigne, une seule, mais ils ne sont paspréts de l’oublier. Sains et saufs En plein mois d’aoit, le soleil chauffe le lit du torrent et ils décident de passer par les berges au lieu de prendre le sentier habituel. Sur le pont, une planche est cassée, Hervé s’en apercoit, mais trop tard. Monture et cavalier ont déja fait la culbute: aprés un saut périlleux le cheval se retrouve dans la riviére et le cavalier se recoit sur un des madriers du pont. Plus de peur que de mal, a un détail prés: Hervé est tombé a quelques centimé- tres d'un clou saillant de douze centimétres. “. anciens Le tourisme, un Sauvegarder son identité na- tionale et se tailler en méme temps une place honorable dans la vie socio-économique canadienne, tel est le défi de taille de la fin des années 1980 que le francophone _ hors Québec devra relever. Le tourisme . culturel lui offre cette chance en ce moment s'il sait la reconnai- tre. Je suis fermement convaincu que ce n'est plus qu'une question de temps avant que les nétres ne posent des gestes de solidarité d’un bout a l'autre du Canada pour mai- triser les 6léments de ce nouvel -outil qu’il est 4 découvrir dans le tourisme. Partant de 14, nous aurons un levier puissant pour trans- former radicalement notre existence et nous permettre de réaffirmer notre identité par un moyen autre que par notre éternelle lutte pour notre langue. S’organiser Guy Rouleau, |’ex-responsa- ble du programme loisir a l’Association canadienne- francaise de |’Ontario, lancait , un message clair aux Franco- Ontariens en 1982, alors qu’il animait un atelier en_loisir pour le Comité de développe- ment de Prescott-Russell en Ontario. “Avons-nous tous les outils nécessaires pour mousser le développement de nos indus- tries de loisirs? C’est la ques- tion a laquelle on doit d’abord répondre pour s'organiser.” “Nos chambres de commer- ce se préoccupent-elles des: questions de tourisme? Avons- nous des associations touris- tiques? Avons-nous des asso- ciations régionales de dévelop- pement?” “Qui fait quoi et que pou- vons-nous faire pour les ai- der?” “En répondant 4a toutes ces questions, on risque, en méme temps, de prendre les moyens de remédier a des situations de soumission totale a tout ce qui vient de l’extérieur, 4 ce qui apparait comme une fata- lité (la loi du sous-développe- ment)” “Les développements, c’est la prise en main. C’est vrai pour les loisirs comme pour le reste. Et il est important d’agir aussi dans ce domaine, compte tenu de ses consé- quences sur l'économie et du facteur d’entrainement qu'il peut étre.” “Tl faut s'organiser pour ne pas se faire organiser”, avait conclu Guy. La grande s ligue Plusieurs facteurs militent fortement en faveur du dossier du tourisme pour les franco- phones hors Québec et je me permet d’en effleurer quel- ques uns: Nous produisons chaque an- née des miliers de diplémes bilingues dans notre réseau d'écoles secondaires, mais nous démontrons peu d’inté- rét a créer des emplois perma- nents pour nos jeunes qui dé- boucheront bientét sur le marché du travail. Ouvrir par le biais du tourisme culturel un nouveau marché du travail pour le francophone hors Québec au- rait pour effet immédiat de motiver nos finissants,; et par- tant de 1a, de remonter drélement le moral de nos éducateurs. Ceux-ci se posent souvent la question sur le bien-fondé de dispenser un enseignement en langue francaise a des éléves, ui poursuivront leurs études fear des institutions anglo- phones pour se perdre ensuite bras ere at dans l’anonymat du marché anglo-saxon du travail. On pourrait par ricochet agrandir de facon moins arti- ficielle le bassin d’éléves qui alimente les rares institutions qui dispensent présentement des cours en tourisme chez- nous afin d’assurer ainsi la continuité de ces initiatives et la création de nouvelles 14 ot elles s’avéreront nécessaires. Le tourisme est di’ailleurs lun des rares champs d’action ouverts 4 notre francophonie ou l’on puisse espérer attein- dre rapidement ce fameux auto-financement. Et tous les initiés de la fran- cophonie hors Québec réali- sent pleinement l’urgence d’ancrer solidement des initia- tives avant que le gouverne- ment fédéral ne juge qu'il est temps de débrancher cette sempiternelle francophonie subventionnée a tort ou a raison depuis quelques an- nées. Avec un peu d’imagination, le tourisme peut aussi nous permettre de réactiver un cer- tain bénévolat, car aujour- d’hui dans le monde égoiste que nous vivons, il faut beau- coup plus que “la fierté de participer”’. Il faut posséder la certitude d’aller quelque part avec un but clair et un échéancier précis. Nous devrons aussi appren- dre a partager les retombées économiques d'une certaine facon avec ceux dont le travail bénévole aura contribué a poser les jalons qui méneront au tiroir-caisse. Les bagages. Il faudra aussi faire preuve d’humilité et profiter de l’ex- périence des autres qui patau- gent dans la méme mare car lexpertise globale que nous acquérons a chaque jour peut Tak Se ke Gees Fe s'avérer le point tournant de notre succés dans le tourisme. - Nos meilleurs spécialistes de- vront étre mandatés pour élaborer des plans d’action qui épouseront les structures existantes de chaque commu- nauté en respectant les aspi- rations des organismes en place. Il sera nécessaire de faire preuve de sincérité en appe- lant les choses par leur nom comme il faut absolument réaliser que le fait de se bagarrer pour faire traduire en francais tout le matériel touristique publicitaire de langue anglaise au Canada n'est pas synonyme de service d'accueil en frangais... loin de lal Nous devrons avoir a tous les niveaux des gens de chez-nous qui militent dans le domaine, qui y gagnent leur pain quotidien, qui possédent des commerces dans _ l’héberge- ment et la restauration et surtout des gens qui com- prennent fondamentalement l'importance de la coopéra- tion au niveau de ce dossier. Il faudra se parler, s’unir au niveau local, régional, provin- cial et national, pour étre en mesure de faire connaitre ses besoins aux interlocuteurs va- lables. : A partir de projets tempo- raires de création d’emplois que les gouvernements veulent bien nous accorder dans leur grande générosité, (et avec nos taxes), il sera primordial de se diriger le plus rapide- ment possible vers des struc- tures permanentes viables. Qu’on l’appelle “tourisme culturel” ou tourisme “tout court”, cette nouvelle manne du francophone hors Québec ou encore cette bouée de sauvetage socio-€conomique tant attendue, il n’en demeure pas moins que nous avons du pain sur la planche... de salut! ' et un partenaire, c’est Deuxiéme €pisode. A peine remise de l’incident, la petite troupe, détendue, s’engage dans le lit de la riviére. Il commence 4a se faire tard et il faut trouver un gué. Un des chevaux fait mine de traver- ser ; confiants dans |’instinct animal, les deux cavaliers laissent faire, mais la béte a mal calculé son coup. L’eau est profonde et le cheval se retrouve complétement im- mergé. “Tl aurait pu se noyer, exnugue Hervé, car ils per- dent la notion du haut et du bas quand ils ont de l’eau dans les oreilles”. Tout est bien, qui finit presque bien. En voulant sortir de la riviére, le cheval stoppe bruta- lement et, en quelques secon- des, disparait futon 0i- trail: il est pris dans des sableés mouvants. Rien a faire. Heu- reusement, son chargement joue le rdle de flotteur et le puits n’est pas trés profond. Il s’en sort, jusqu’au prochain . gué, ou les courants embar- quent le partenaire d’Hervé. Monture,. cavalier, équi- pement, et matériel photogra- phique s’en sortiront simple- ment... mouillés. Un pied tendre Cette journée “magique”, on la racontera sans doute encore longtemps entre cavaliers des parcs, au chaud. dans les cabines, devant un bon feu. Se rappeler les coups des constitue en effet lordinaire des soirées 4 deux. D’abord, parce quiil y a toujours quelque enseigne- ment a en tirer, mais aussi parce qu'il faut bien s’occuper, euf jours avec cing chevaux arfois un peu long. Mais cela fait artie du métier. “On travail- e ensemble, on dort ensem- ble, on mange ensemble et __.chacun de nous sait que la _. tension peut monter un jour de levier puissant ou l'autre, admet alors on fait avec”’. iene on n’aime ni lire ni pécher, les deux autres occu- ations possibles en dehors de a piste, il reste toujours les rencontres, bien rares, avec les groupesde promeneurs ou Hervé, de cavaliers. Tous les campe- ments sont occasion de dé- tour: il faut bien partager le traditionnel café, et les con- seils de route d’usage... “Bien sar, on en profite toujours pour vérifier du coin de 1’oeil si les normes de sécurité sont respectées...” Et puis, quand les pro- meneurs ne se montrent pas, ce qui arrive fréquemment pendant des jours et des jours a la fin de saison, il y a toujours la nature. Hervé n’hésite pas longtemps avant de faire un choix entre toutes les motivations qui le poussent a mener cette vie: “C'est. a cause de la beauté, des ani- maux quon surprend, de l’écume sur le torrent, et du cheval...” Sans lui, il n’y a plus de voyage; il sait ow il met les pieds et le cavalier a le loisir de regarder autour de lui, “tout en restant extré- Aenean vigilant”, rappelle- t-il. Evidemment, pour le cava- lier, sa monture est plus qu'un simple perchoir, ou méme u’un moyen de locomotion. hater avec le cheval qu’avec les autres cavaliers du parc, il faut faire ses preuves avant qu’on vous fasse confiance. Hervé, lui, a mis un certain temps. Francais, on l’a ‘d’abord considéré comme un pied-tendre, ni plus ni moins, avant de convenir que “je pouvais tenir sur cheval, long- temps, et lui faire faire ce que je veux”. Contrairement a la plupart des cavaliers classiques, qui ont appris dans les monta- es, Hervé a des notions aThippaloze et de dressage. Il commencait a monter en concours hippique en France, a Bordeaux, quand son pére a décidé que le collége lui convenait beaucoup mieux pour occuper ses loisirs. Et ses _ connaissances grandement dans les sentiers, surtout qu'il pousse le “vice” jusqu’a n’aimer que les che- vaux fougueux. Une maniére de corser ses aventures quoti- diennes qui ne _présentent selon lui qu’un seul véritable inconvénient: “L’été 4 Banff, ne dure que quatre mois”. Charles Dutoit a Vancouver Suite de la page 1 sortir l’orchestre dans les parcs de la ville. Résultat, 1’O.s.m. s'est trouvé au Québec un public, et les soutiens finan- ciers qui vont avec. Aujour- d’hui, l’orchestre est devenu une véritable fierté nationale. Restait 4 faire son trou dans le cercle des grandes for- mations mondiales. Pas facile et, curieusement, l’orchestre s'est fait connaitre sur les scénes mondiales interna- tionales grace... aux studios d’enregistrement. Avant Dutoit, l’orchestre n’avait ja- mais enrégistré. Pendant Dutoit, il.collectionne les prix d’enregistrement, 4 commen- cer par le Prix de ]’Académie Charles Cros qui récompense chaque année les saellicars artistes francophones de leur catégorie Détail, l’orchestre a obtenu cette recompense en 1980 dés son premier essai avec “Daphnis et Chloé’, de Ravel... Pour un coup d’essai, c’était un coup de “maitre”. Et les spécialistes francais de l’Académie ont crié au génie: L’O.s.m. avait redécouvert le son chatoyant et précis qu’on attribue généralement a la musique francaise. Depuis, les compositeurs frang¢ais sont pratiquement devenus les spé- cialités de la maison: une bonne partie de l’oeuvre de Ravel y est passée et Camille Saint-Saens, et son concerto pour piano, n’ont pas échappé non plus a la baguette magi- que de Charles Dutoit. iors. du’. concert=;..de Vancouver, 1’O.s.m. jouera du Ravel bien str (“La Valse”) mais pas seulement. Pour cette tournée Canada - Japon, l’orchestre a considéra- blement varié son répertoire et il se risque désormais dans les grands romantiques, obli- gatoires pour toute grande formation: Wagner, Mahler, Schumann, Berlioz etc... Le public de Vancouver de 1985 dégustera un menu différent de celui proposé en 1981, pendant la précédente tour- née nord-américaine: il y aura la symphonie No 1 de Gustav Mahler et le concerto pour violon de Jean Sibelius, une petite merveille qui sera interprétée par une violoniste japonaise de 24 ans Yuzuko Horigome. Outre ses qualités techni- ques, 1’O.s.m. s'est taillé la — réputation d’étre un orchestre particuliérement jeune ot les femmes (31 sur 97 musiciens) ont une place importante. Charles Dutoit, ma une carriére déja bien remplie a- Géteborg (Suéde) et a - Mexico, n’a lui-méme que 48 ans et son jeune age transpa- rait dans le dynamisme de son orchestre et son ouverture vers l'avenir. Ainsi il est un des rares orchestres 4 enrégistrer systématiquement, a la fois sur disque classique et sur l'inusable compact. Dans cent ans, on pourra encore parler de Charles Dutoit. ‘luis geervent 2) = Seeding een Rey crea = es nal PCT Be Pech es ae