pure qu’un agresseur aurait prise par la violence. Cette optique aurait indubitablement rendu sa position plus évidente. Toutefois, a notre humble avis, l’auteur a voulu rendre sa protagoniste moins irréprochable afin de réfuter les arguments de son héros, qui pre- nait exemple sur les moeurs de jadis afin de justifier son penchant. A Humpert qui s’appuie sur l'histoire pour préner l'union de deux 6tres dont la difference d’age est notable, 4 Humpert qui tente de tout rationnaliser en argumentant qu'il était dans les us d’autrefois de marier un homme et une enfant, Nabokov riposte que, peu im- portent les circonstances, nul n’a le droit de dérober la candeur a une jeune fille. Cela semble moraliste, mais nous ne comptons pas discuter ici des allegeances de |’auteur, seulement rétablir son point de vue. Et pourtant, bien que l’écrivain ait lui-méme affirmé condamner plutét qu’encenser, beaucoup persistent a croire le contraire. Jus- qu’a Stanley Kubrick qui, pour le film Lolita, a voulu modifier la fin originale afin que Dolorés et Humpert s’épousent avec l'accord parental. (Est-il nécessaire de spécifier que Nabokov a catégori- quement refusé 7) A ce sujet, l'auteur s’était également objecté a ce que Lolita paraisse moins de dix-huit ans au grand écran. Qu’est-ce alors qui contribue a confondre tellement le but de I’au- teur et la perception des lecteurs ? Une anecdote ? Peut-étre. On peut facilement imaginer que Viadimir Nabokov a d’abord eu toutes les difficultés possibles a faire publier son roman. Trop scabreux ! L’auteur regoit un jour un appel. On veut enfin I’éditer. II accepte, empressé, enthousiaste. Ce qu’il ignore, c’est que la mai- son en question se spécialise dans la pornographie. II est proba- ble que ce soit la l’origine du quiproquo. Qu’aurait fait auteur s’il avait su ? Vraisemblablement la méme chose, selon ses dires, car il €prouvait de graves problemes monétaires et, de plus, il désirait si ardemment étre lu. Avons-nous identifié la raison de la méprise ? Non : seulement un des facteurs. Evidemment, d’aucuns argueront que histoire ayant été reprise par le cinéma américain, il était inévitable qu'elle sombre dans le manichéisme (Humpert incarnant le bien et Lolita, le mal). 17