ntre ada - aval ‘his- 91 ll y a 500 ans naissait Jacques Cartier ’ L7-ENFANCE Du XVe au XVIlle siécle, nombreux furent ceux qui portérent le nom de Cartier au pays de Saint-Malo. Le plus célébre d’entre cux naquit en 1491 au foyer de Jamet Cartier et de Josseline Jansart; il fut prénommé Jacques. I] semble qu’il ait cu un frére, Jehan, et une socur, Jehanne. Si la profession de son pére nous est incon- nue, en revanche tous les actes offi- ciels et les t¢moignages concordent: il est «natif de Saint-Malo-de-I’Isle, en Bretagne», et il passa toute sa vie en cette cité. La maison familiale est si- tuée contre le rempart nord, entre le manoir de Buhen et I’hdpital Saint- Thomas, et elle dispose d’un petit jar- din. Comme beaucoup de logis ma- louins, clle allie la pierre, le bois et Ie chaume. La cathédrale est toute pro- che, et il est vraisemblable que le jeune Jacques fut porté sur les fonts baptis- maux. Lorsqu’il altcignit sa neuvi¢me année, il put contempler a loisir le nouveau chantier du chatcau; on commengait a édifier les grosses tours rondes du «quadrilatére»: la tour «Quic en groigne», les tours des Dames ct des Moulins. Il n’avait que quelques métres a parcourir pour observer |’ac- tivité intense des chanticrs de cons- truction navale. Par beau temps il pouvait aller voir les navires s’affour- cher devant la Grand-Portc et les char- rois venir se décharger 4 marée basse. Ce spectacle ne devait guére varier toute sa vie durant. Pour I’hcure, il partageait les jeux des petits Malouins sur le sable des plages ct dans Ics vagues qui battaicnt les remparts; les bandes de galopins mimaient des combats héroiques ou s’cxergaient «a la rame». Au XVIIIe siécle, le jeune Francois-René de Chateaubriand con- nut lui aussi ces distractions tradition- nelles. La vie était rythmée par la «Noguette», la grosse «cloche de ville» qui 4 la dixiéme heure annongait le couvre-feu et la fermeture des portes. LE MARIN Vers 1504, al’age de treize ans, Jacques fut probablement embarqué comme mousse sur des navires de cabotage; peut-étre méme_ alla-t-il jusqu’a Terre-Neuve pécher la moruc. Comme pour tous les gargons de Saint- Malo, l’apprentissage du métier fut a la fois acquisition de connaissances ct d’expérience, et d’autre part épreuve impitoyable destinée a tremper le ca- ractére. Durant ces années de durs labeurs, il alla sans doute «a |’ Afri- que». Puis il devint novice, enfin matclot. Vol. 4 no 2 LE COURRIER DE LA SOCIETE D'HISTOIRE, Juillet 1991 L’homme devait avoir des qualités, car il était vraisemblablement déja «maitre de nef» lorsqu’il épousa Catherine des Granges a 1’Age de vingt- neuf ans, en avril 1520. La fille de Jacques-Honoré des Granges, cheva- lier du roi et connétable de la ville, il était un fort beau parti pour le fils de modestes notables. Les deux familles étaient voisines, les des Granges pos- sédant des biens rue de Buhen et l’un des moulins du Naye. Si la science nautique de Car- tier ne fait aucun doute, ses expéricn- ces américaines sont discutées. Une chose est certaine: Cartier faisait sou- vent référence au Brésil. En juillet 1528, sa femme fut la marraine d’une «Catherine-dite du Brésil», une In- dienne qu’il ramena peut-étre sur son navire. Travailla-t-il pour les Portu- gais? Il parlait 4 coup sir leur langue. On dit aussi qu’il envoya a1’amiral de Chabot-Brion de beaux perroquets, ce qui constituerait une preuve supplé- mentaire. En revanche, la participa- tion de Cartier aux voyages de Verra- zano est extrémement douteuse; sa présence a bord de la «Dauphine» n’est mentionnée dans aucun document, ct nulle part il n’y fait la moindre allu- sion. Ii reste qu’il eut sans doute con- naissance des cartes dressées a partir des explorations du Florentin. Source: «Le monde de Jacques Car- tier» - Fernand Braudel.