i 16 - Le Soleil de Colombie, vendredi 8 mat 1987 Congrés 87 «L’ Affaire Piquette» en personne 4 Vancouver Suite de la premiére page par la suite, c’est l’amplitude des réactions qu'elle a suscitées. En quelques jours, le NPD (dont fait partie M. Piquette) recevait des centaines de lettres et de coups de téléphone critiquant Vinitiative du député Piquette. Et le jeudi 9 avril, une affiche placardée sur les portes de l'assemblée invitait Léo Piquette a “retourner au Québec” s'il voulait parler frangais. Peut-étre n’est-il pas inutile de rappeler qu'il serait d’autant plus difficile a M. Piquette de retourner au Québec qu'il n’en vient pas: il est originaire de Plamondon, a 220 km au Nord-Est d’Edmonton, ou ses ancétres sont arrivés a la fin du X1Xéme siécle. Mais le plus inattendu, c’est la réaction que l’affaire a provoqué au Québec. Léo Piquette a recu plusieurs lettres de soutien de députés québécois. Robert Bou- rassa a trouvé “?ronzque” que M. Getty veuille refuser au Québec un statut constitutionnel spécifi- que alors que son président refusait au Canadiens-frangais le droit de parler en frangais. Quant au ministre des Commu- nications, Richard French, il affirmait: “En tant qu’Anglo- phone, tl me semble inconcevable qu'un membre diiment élu d’une assemblée nait pas le drott d’utiliser sa propre langue. Cela va a l’encontre de tout ce qu’est supposé étre ce pays”, ajoutait- -il. Dans la semaine qui a suivi Vincident du 7 avril, tous les "grands quotidiens ou presque se sont fendus d’un éditorial sur le sujet. A la Gazette de Montréal, on affirmait que le Québec “se comporte généralement mieux envers sa minorité anglophone que les autres provinces envers les citoyens francophones.” Le Devozr affirmait pour sa part que l’incident était révélateur et quil “donne une arme aux partisans de lindépendance du Québec.” Le Globe and Mail a envoyé un reporter enquéter dans la circonscription de Léo Piquette. Et un éditorialiste du quotidien national affirmait que le probléme “étazt a la fois pratzque et politique. Pratiquement, il ne serait pas économique de créer un systéme par exemple de traduction simultané dans une assemblée comme celle de l'Alberta ou le frangars est rarement utilisé. Mazs il n’y a aucune raison pour que la Chambre ne trouve pas un moyen de rendre possible l’usage, peu fréquent, de cette langue. M. ‘Piquette a méme offert de fournir des traductions de toutes les questions quil poserait en francais.” Pour ce qui est du _ cdté politique, le Globe cite un membre anonyme du NPD qui affirme que “la hazne est en train de faire surface. Politiquement, ca nous cotite terriblement cher.” Mentionnant la possibilité que d'autres minorités demandent a s’exprimer dans leur langue 4 la Chambre, le Globe conclut en affirmant qu'il serait “entzére- ment justifié que la Chambre leur refuse ce droit. Une telle réponse demanderait du courage poltti- que, mais la législature respecte- rait - sans avoir a linventer - la distinction entre langues officzel- le et non-offictelle au Canada. La Chambre devrait latsser parler M. Piquette”, conclut le Globe and Mail. LO Leo Piquette, depute a Temenbles provinciale de I’Alberta, _ participera au Congrés ’87 de la FFC. Du nouveau sur Fausse Crique... Pik Vander Zalm, le fils de lancien premier ministre Bill Vander Zalm et le nouveau député de Fausse Crique Nord, fut réprimandé hier lorsqu’il essaya d’adresser la législature en anglais. L’oratrice, Mme Olga Kempo, fit rappeler 4 M. Vander Zalm que depuis un mois déja langlais n’avait plus de statut légal et de ce fait ne peut plus étre utilisé dans le parlement de la province. En outre, Mme Kempo avertit M. Vander Zalm que s'il persistait 4 employer la langue de Shakespeare, il serait expulsé de la Chambre, aprés quoi le nouveau député s’excusa et s’assit. Ce fait divers, sans importance en soi, nous fait réfléchir sur les changements que notre province Il est encore temps de s’inscrire Le Congrés ’87 préparé par la Fédération des Franco-Colom- biens approche a grand pas. L’enjeu: L’avenzr de la franco- phonie en Colombie-Britannz- que. Plusieurs sujets seront débattus, et ce, par différentes personnalités politiques cana- diennes, les 15, 16 et 17 mai prochains a l'Université de la Colombie-Britannique. Les grands thémes qui __ seront développés, traiteront du _por- trait sociologique du _ Franco- Colombien, d’éducation, de politique et d’économie. Les conférenciers invités seront, entre autres: D’Iberville Fortier, commissaire aux Langues offi- cielles; Jacques Lévesque, con- seiller principal au Bureau du Québec a Edmonton; Nicole Boudreault, présidente de la Société de la St-Jean Baptiste; Geoff Mills, directeur des Langues modernes au Ministére de |’Education; Martine Gali- bois-Barss, présidente de VAPPCF; Paule MacDonald, professeur a Jlécole Larsen, North Vancouver; Olga Kempo, professeur 4 Capilano College; Rita Cadieux, vice-présidente de la Commission des droits de la personne; Daniel Savas, étudiant en thése de doctorat 4 UBC. Il est toujours possible de sinscrire selon les choix et prix suivants: e 75,00 $ Fin de semaine entiére - (banquet non-inclus) e 30,00 $ Spécial étudiant: fin de semaine entiére (banquet non-inclus) © 10,00 $ Session de demi- journée (repas non-inclus) © 25,00 $ Nanquet | asubi depuis l’amendement de la Constitution en 1987. Qui aurait pensé que cette province appelée encore a l’€poque, la Colombie britannique, €évoluerait aussi radicalement en si peu de temps? On se rappelle que l'année . suivante, un été éclatant a provoqu€ une forte immigration québécoise dans la vallée de l’Okanagan et, a l’encontre des années précédentes, cette popu- lation, pour la plupart trés migratoire, s’est décidée de s'y installer. De plus, qui aurait prévu que l'accord de libre échange signé cette méme année et qui était responsable de la fermeture de tant d’usines au Québec serait la cause, lui aussi, d'une énorme immigration fran- cophone dans l'Ouest canadien? Bien sar, l’expulsion des chrétiens libanais et leur installation subséquente sur la céte Ouest et la fameuse ’“deuxiéme revanche du berceau” qui a fait l'objet de tant de rapports sociologiques, n'y étaient pour rien. Cependant, on sen souvient, la balance s'est définitivement fléchie lors de l’émigration massive des Anglo- phones vers la Californie suite a louverture des frontiéres. Dés 1990 les _ sociologues voyaient qu’un grand remanie- ment linguistique s’effectuait dans la province en dépit des protestations de la communauté anglophone qui insistait sur la primauté de leur langue. Il parait maintenant, en rétrospective, que la goutte d’eau qui a fait déborder le vase est tombée en 1997, Fn ~ cette, année es centaines de milliers de Chinois fuyant Hong Kong aprés la transmission du pouvoir ont opté en quasi-totalité pour les écoles francaises. Ils n’ont qu ’entériné un fait déja accompli. On passe sous silence les histoires sans fin sur |’affichage bilingue, la radio et télévision anglaises et la formation d’Alliance-Colombie qui a essayé dendiguer la fuite vers les Etats-Unis et méme attirer ceux qui voyaient d’un mauvais oeil lenchassement de dans la constitution américaine. Mais tout cela est du passé. Nous, les Francophones, ne sommes point rancuneux ce que atteste l’engouement actuel pour l'immersion anglaise. Le gouver- nement a fait sa part aussi. Ils ont annoncé un octroi de vingt-mille dollars a la communauté minoritaire pour la promotion de sa culture. Dix postes dans la fonction publique vont étre déclarés bilingues et dorénavant un nombre indéfini de fonction- naires voyageront a Londres chaque année pour le perfection- nement de leur anglais. Evan Llewellyn adjoint au Commissatre de la langue minoritaire maz 2000 at sa a al A es “nique, en attendant de rencon- espagnol L’abonné japonais Suite de la premiére page bourse pour étudier... le japonais a Tokyo. QUE DIABLE ALLAIT-IL FAIRE AU JAPON? “Mes parents étatent trés étonnés. ‘Pourquot, me dtsazent- ils, ne vas-tu pas au Québec ou en France, au lieu d’aller au Japon?’ Jat beaucoup aimé cette année au Japon. A cette Epoque, je me suis promis d’épouser une Japonaise” - Ce qu'il fera, quinze ans plus tard... De retour en Colombie-Britan- trer sa dulcinée japonaise, Raoul Holland met a_ profit sa connaissance du japonais et du. francais: il écrit, en frangais, un livre sur les caractéres japonais, Le dragon de l'eau, qu'il publie chez un éditeur du Québec. ‘Je recows encore de temps en temps un chéque en dollars canadiens. Le livre continue a se vendre!” Raoul Holland enseigne égale- ment le francais a4 Campbell River, avant de repartir, a vingt-cing ans, pour le Botswana . (2);