Le Soleil de Colombie, vendredi 11 aodt 1989 - 11 _ VOYAGES Par Jean-Claude Boyer Le 4 septembre 1984, dans le train pour Sligo, au nord-est de l’Irlande. Temps chagrin. Un clergyman assis en vis-a-vis, les yeux rivés sur son bréviaire, me rappelle le curé de «La petite diligence», vieille chanson frangaise dont j’aime le rythme cahotant. A mes cdétés, une infirmiére retraitée de |’armée irlandaise. Elle me parle avec force gestes de sa carriére, qui me parait héroique, et du rédle indispensable, a son avis, que joue la reine Elisabeth. Puis, comme nous approchons de Sligo ot Yeats enfant passait ses étés, elle évoque le célébre 6crivain en termes on ne peut plus élogieux. .La demiére semaine d’aott, m’apprend- elle, est consacrée a son souvenir. Pendant cette conver- sation-monologue, je tourme souvent la téte vers les villes et villages, tous ressemblants, et les vertes prairies quadrillées de murets en pierre. Si j’étais en voiture, je m’arréterais volon- tiers pour prendre en photo ces clétures pittoresques derriére lesquelles paissent moutons, vaches et chevaux. A l’une des stations, une centaine d’écoliers en unifor- mes gris et rouge vineux assistent, sous l'oeil réjoui de bienvenue écrit en gaélique, accents joyeux, flGtes a bec aux sons meétalliques. Une caméra sur trépied saisit, du haut d'une petite muraille, cet événement sans doute longtemps attendu. Lascéne se passe a deux pas du wagon, juste sous ma fenétre; jen’ai qu’amelever et, clic!, une photo. Une percée de soleil accompa- gne |’entrée du train en gare de Sligo. Promenade délassante dans les rues _ paisibles. Clocher, riviére, grosses chemi- nées identiques alignées sur les toits. Au’ loin, des collines boisées. Un autobus scolaire me rappelle que c'est la rentrée des classes. Soudain, un bel arc-en-ciel, phénomeéne qui ne me laisse jamais indifférent. Sur un mur défraichi, je lis, en majuscules rouge sang: DON’T THROW BROKEN BOTTLES BACK OR FRONT OF THIS HOUSE (ne pas lancer de tessons de bouteilles devant ou derriére cette maison). Des cartes postales me renseignent sur les principaux attraits de la petite ville et sa région. (Les commentaires sont parfois donnés en gaélique - tout a fait incompréhensible pour moi.) L’une d’elles montre le petit cimetiére, a |’extérieur de la ville, ot Yeats fut innumé. Surla pierre tombale, ces simples mots: «Jette un regard froid sur la vie et la mort, cavalier, et va ton chemin». Sur ce, je retourne alagare et reprends le train pour la capitale. De ce retour, je ne retiens que ceci: un faucheur maniant vigoureusement son outil, puis, prés de la voie ferrée, deux gamins penchés, nous mon- _trant leurs fesses et tapant ~-/__ religieuses,..a_ l’arrivée__d’un_ neommnser SOAREGE IMPORT. “Mot de Récit d’un tour du monde De Sligo a Galway | dessus! Cette innocence ne durera pas, autant quiils en profitent. Je n’ai pas de mal a m’endormir, ce soir-la, le petit dortoir de mon auberge étant singuliérement paisible. Le lendemain, je me rends a pied, dans lafraicheur matinale, jusqu’a la Brasserie Guinness, sur les rives de la Liffey. Vieille de plus de deux cents ans, cette brasserie reste laplus importan- te d’Europe, avec plus de 2000 ouvriers et une production quotidienne de 10 000 hecto- litres, qui s’écoulent dans 70 pays. Présentation d’un excel- lent vidéo sur tous les secrets de la _ précieuse boisson. Chaque visiteur aensuite droit & une demi pinte - de’ cette «potion magique» des Irlandais. La premiére gorgée me fait grimacer un peu mais, influencé sans doute par ce qu’on dit de ses vertus revigorantes, la derniére me parait délicieuse. Je glisse dans mon sac une brochure contenant, en plus de I’historique des lieux, diverses recettes «guinnessiennes» et des illustrations publicitaires a la mode d’autrefois. Parmi celles-ci, le dessin d’un ouvrier qui, aprés avoir consommé sa guinness, transporte sur sa téte tien de moins qu'une grosse poutre de fer. Un autre dessin représente. deux bicherons, un ae Ssemte ‘caté d'un énorme tronc d’arbre; tandis que |’un n’a réussi a faire que quelques entailles, l'autre, bouteille et verre vides 4 ses cétés, abat le géant d’un seul coup de hache (digne du LIVRE DES RECORDS GUINNESS)! J’aime ce calem- bour, malheureusement intra- duisible: «Sometimes we feel the whole world is aguinness [against usp, «on a parfois ‘impression que tout le monde est... contre nous». ll est suivi de la formule paradoxale, en petits caractéres: «/t is. So it isn’t». Vive la force... des mots! Vive la Guinness! A la_ station Heyston, proximité, je prends ensuite c train pour Galway, la porte du district de Connemara. Assis prés du couloir avec un couple belge a la retraite, j’en profite pour sortir mon «frangais de Radio-Canada». Les innombra- bles murets de pierre que j'apercois dans les_ prés verdoyants ne cessent de m’étonner, ce dont je fais part aux passagers irlandais. Et je reprends la conversation en francais. Défilent maintenant de grandes tourbiéres: nouvelles questions aux Irlandais, puis retour a la langue de Moliére. Ainsi va le bavardage jusqu’a Galway, du coq belge a |’ane irlandais! | Un jeune aveugle accompagne a |’accordéon notre entrée dans la gare. Prétre en soutane a un guichet. Je mi’attarde devant une grande affiche représentant une vingtaine des plus célébres chateaux d'Irlande; une autre est remplie de maisons rusti- ques fort élégantes. J’ai tot fait de me louer un Bed & Breakfast (chambre dans une maison privée, petit déjeuner inclus), juste a l’extérieur de la ville. La preposée a l'information touris- tique m’assure que ce B&B est a lafois le meilleur, le moins cher et le plus prés du centre-ville qu'elle. ait..pu trouver. (Or, je - découvrirai, en soirée, qu’il est loin... d’6tre «le moins cher et le plus prés». Voulant tirer cela au clair, le lendemain, avant mon départ de Galway, je suis allé trouver la préposée qui m’a fait comprendre, par son embarras, que cette location lui avait rapporté une commission.) Prés> du bureau de tourisme, un garconnet et une fillette, debout devant une boite a chaussures, chantent a tue-téte «Bring Back my Bonnie to Me». Une heure plus tard, le gamin y sera encore, seul, hurlant cette fois «Nick Nack Padiwack». Ces rengaines sont précisément Jeanne “DES HEROS” Lan passé ces gens ont sauvé la vie de 480 enfants - tout simplement en envoyant des cartes de voeux quatre-saisons de l’UNICEE unicef Pour commander la brochure gratuite de |’ UNICEF ou obtenir des renseignements supplémentaires, contactez: ‘OU appelez sans frais le numéro 1-800-268-3770 (Téléphoniste 741) Barbara Bill espace pour cette annonce est fourni par la présenté publication. deux des rares chansons anglaises apprises durant mes années ‘de collége. Nous en massacrions les paroles, le sens nous échappait... Je passe les derniéres heures de |’aprés-midi 4 me promener au hasard, m’abandonnant aux impressions du moment. Pras de la grande place Eyre, au - coeur de la ville, un artiste achéve de dessiner a la craie, sur un carré d’asphalte, un superbe Mickey Mouse et sa Mickette tenant un bouquet de fleurs. Levant les yeux, je remarque un franciscain, capu- chon brun rabaissé sur le dos, qui dépose une lettre dans une boite cylindrique toute... verte. Un parfum de tabac irlandais me chatouille |’odorat. Dans un magasin de journaux et revues des plus «chastes», je demande au vendeur si les publications genre «Playboy» sontinterdites en Irlande. «Oui, me réepond-il. La morale catholique a encore trop diinfluence ici. Par contre, on vend beaucoup de livres et dé magazines prénant /a violence; les gens adorent cela» Ill affirme, sourire en coin, que je ferais fortune, et rapidement, si je parvenais a importer dans Vile de la littérature pornogra- phique. (J’écris ces lignes en me reposant dans une église, sous le regard naif d'un Sacré-Coeur a l’eau de rose.) Revenu non loin du bureau de tourisme, j’'entends encore le rossignol chantant avec la méme ardeur l’espoir de revoir sa Bonnie. Sifienl SF N’‘attendez pas la derniére minute pour renouveler votre abonnement. Faites-le des maintenant! LE SOLEIL DE COLOMBIE 980 RUE MAIN VANCOUVER, C.B. V6A 2W3 Case postale 4669 Compagnie pour jeunes publics We: THEATRE LA SEIZIEME Vancouver, C.B. V6B 4A1 QFFRE D’EMPLOIS Postes ouverts aux hommes et aux femmes Travail saisonnier (8 mois plus ou moins) Relationniste - vente et publicité [604] 736-2616 s‘occuper: etc.; francophones, compagnie; Qualifications: et avoir de | initiative. Sous la supervision du directeur artistique, le(la) relationniste doit 1) de la publicité générale de la compagnie et de la publicité pour les spectacles, événements spéciaux, réunions des membres, 2)de la publication des brochures, dossiers de presse et autres matériels publicitaires; 3) d’entretenir des relations avec les média, les associations le milieu artistique et les membres de la 4) de la vente des spectacles dans le réseau scolaire; 5) de certaines taches de secrétariat. Une formation en communication ou une expérience pertinente. Savoir taper a la machine. Bilingue. Bon sens de |‘organisation Comédiens-comédiennes bulletins d'information, tournées scolaires. Qualifications: AQUT AU: photo récente a leur c.v.. intéressé(e)s a jouer pour le jeune public et a faire de longues Avoir une formation professionnelle ou quelques années d’expérience en jeu et en animation. Bilingue. FAIRE PARVENIR SON CURRICULUM VITAE AVANT LE 12 Directeur artistique i | Théatre La Seiziéme 1754 ouest Broadway Vancouver, V6J 1Y1 Les candidat(e)s au poste de comédien(ne)s doivent inciure une