VOYAGES Le Soleil de Colombie, vendredi ter juin 1990-15 Grenoble, capitale des Alpes francaises Par Jean-Claude Boyer Gare de Barcelone, Espagne (non loin de la_ frontiére francaise), 3 novembre 1984. Il me reste juste assez de devises espagnoles pour me payer un bon petit déjeuner, supréme consolation aprés ma_ nuit désespérante (voir «Hystérie dans un train espagnol»). Je monte ensuite dans le Talgo en partance pour la Suisse; confiant de pouvoir récupérer quelques heures de sommeil. Ce train sans compartiments a tout pour plaire: confort, musique, teintes jaunes et brunes joliment agencées... Je ne tarde pas 4a _ perdre conscience de ce monde. Au réveil, mon regard se porte vers l'horizon infini, ou le ciel se confond avec la Méditerranée ensoleillée. Port-Bou, Cerbére. Le bel «accenn channtann» du midi me parvient a |’oreille. Devant moi, un Espagnol d’un certain Age semble infliger a sa femme, sans doute muette de résignation, un sermon Jourd de morales. Mes paupiéres s’alour- dissent a nouveau. Je me rendors pournem’éveiller, cette fois, qu'un bon deux heures plus tard. Délicieuse sensation de bien-étre. L’Espagnol ser- monne encore! Un monceau de spaghettis fumants envahit tout a coup mon imagination, que je laisse vagabonder librement, histoire de tromper ma faim. Je finis par me revoir dans |’aréne deux fois millénaire de Vérone (nord de l'Italie) en ce soir de juillet 1979. J’assistais pour la premiére fois a «La Traviata» de Verdi. Soudain: éclairs, tonnerre, pluie torrentielle. Cet orage sauva in extremis, pour ainsi dire, la Dame aux camélias. L’approche de Grenoble (Dau- phiné), ma destination, me rameéne a la réalité. Les Alpes majestueuses rap- pellent «La mélodie du bon- heurm et, bien sir, les plus beaux paysages dela Colombie- Britannique. Grenoble apparait dans son site enchanteur (c'est pourtant, dit-on, la ville la plus plate de France par sa parfaite plaine - 220 m d’altitude). Je suis bientét attablé devant une petite montagne de... spaghet- tis fumants. Puis, jetéléphonea Danielle et Pascal Fries, une mére et son fils quej’ai connus a Vancouver; ils m/’avaient fait promettre, avant leur retour définitif en France, de leur rendre visite. Pas de réponse. Sac ados consigné, je me rends a l'AJ a pied, distance respectable qui m’aide a digérer le kilometre de nouilles absor- bées. Longs bruissements de feuilles mortes sous le rythme de mes pas. Auberge accueillante mais plus chére que les autres (9$). Je fais la connaissance d’un Breton et d’un «bel apdtre barbu» d’lsraél a qui je raconte, -en anglais, |’aventure vécue la nuit derniére dans un train espagnol. Le Breton prétend que cette «mentalité hystéri- que» remonte a |'Inquisition et au régime Franco. «Les autori- tés sont trés strictes, affirme-t- il, parce qu’elles ont peur des Basques et de /a multitude des voyous... Cela dénote un grand complexe dinfériorité.» Je laisse la ces propos discutables’ pour prendre une bonne douche. Surprise: il faut garder son doigt appuyé sur un bouton pour obtenir un jet continu! Le lendemain, soleil «domini- cal» éclatant. Aprés un deuxié- me bol de café au lait, je me sens comme ressuscité. Bavar- dage avec un adonis brésilien et un jeune artiste de Saint-Jean- Port-Joli (Québec), ancien éléve des maitres sculpteurs Bour- gault. Le Brésilien raconte qu’il a déja loué une chambre d’hétel trois 6toiles au Pérou pour a peine 2$ (ces étoiles ne devaient pas étre particuliérement bril- lantes!) et vante le célébre Machupicchu. Le Québécois, lui, se montre fort intéressé par le récit de ma visite a Oradour-sur-Glane (non loin de Limoges), village martyr de la Deuxiéme Guerre. (J’ai fait le voyage Limoges-Oradour en auto-stop avec un sculpteur, justement, qui m’a appris que Limoges est jumelée a Saint- Jean-Port-Joli.) Cette région de la France s’ajoute aussitét 4 son itinéraire. J’accepte avec plaisir ses dépliants sur Grenoble. Avant de quitter |’auberge, j'apprends I’expression «gauler des noix»: battre un noyer avec une gaule. J’apprends égale- ment que les noix de Grenoble peuvent servir a faire du vin. Il est grand temps de prendre l’autobus pour le centre-ville. A 11h00, je me retrouve a la portedes Fries. Ils n’y sont pas. Les voisins ne sont au courant de rien. Je glisse donc ce message dans leur boite aux lettres: «Bonjour. J’aurais bien aimé vous saluer de vive voix. Mon voyage autour du monde: extraordinaire. Portez-vous bien. God Bless you. Jean- Claude Boyer.» Assis maintenant au soleil de la place Grenette, je lis le dépliant illustré «Bienvenue a Grenoble», publié cette année a l’occasion du cinquantenaire du téléphérique de la Bastille et du neuviéme centenaire de la Grande-Chartreuse. Je n’hésite- rai pas a en citer ici des passages, car c'est l’un des rares documents touristiques, de toute la masse qui m’est passée dans les mains, que j’ai cru bon de conserver. «La capitale des _ Alpes francaises [...] fut, de tout temps, un lieu de passage, une étape pour les voyageurs. De l’époque romaine [son premier pont fut lancé par un lieutenant de César en 43 avant J.-C.] a l’6poque napoléonienne, du régne des Dauphins a la naissance de I’alpinisme spor- tif, Grenoble a toujours été une plaque tournante du tourisme, bien avant, que ce mot ait été inventé!» Ledépliant mentionne ensuite quatre «naissances» : le premier Syndicat d’lnitiatives du mon- de, le grand alpinisme, le ski (grace a Henri Duhamel) et de nombreuses spécialités culinai- res - du gratin dauphinois au poulet en vessie. L’embléme de la ville: trois roses, le tourisme, |’université et l'industrie... «Grenoble a été en avance sur son temps en découvrant et exploitant la fameuse Houille Blanche, pro- voquant un _ bouleversement économique et social qui déferla ensuite sur le monde entier... Elle est aujourd'hui en téte dans les domaines électro- niques et nucléaires.» Quant a son Université, c’est l'une des premiéres de France (1339). «Entre cette Université, son Institut Polytechnique et |'in- dustrie de pointe, mille liens ont créé une véritable symbiose. Ce qui afait naitre cette expression imagée: Grenoble, capitale de la matiére grise.» Le texte ajoute un mot sur ses Jeux Olympiques d’hiver (1968), puis quelques paragraphes sur sa Grande-Chartreuse, fondée par saint Bruno en 1084. Curieusement, Stendhal a situé sa «Chartreuse» a Parme (dans sa chére Italie) ot il n'y a pas de Chartreuse, alors que la premiére a été fondée ici, prés de sa ville natale. Il est vrai que Grenoble lui faisait «mal au coeur. Ma lecture terminée, je vais me perdre. un peu dans _le labyrinthe aux maisons Renais- sance du _ vieux Grenoble. Chaque ‘bout de rue semble avoir son décor de cimes, jaillissant de ses toits. Je m’informe ensuite auprés d’un chauffeur pour savoir quel autobus m’en ferait voir le plus en peu detemps. I! m'indique tel numéro. Voyant que mon ticket n'est plus valide, il m’avise de ne pas le montrer. Ce que j’ose faire, et le tour est joué. J’apercois |'lsére. Le long de ses quais, la ville plate, d’un coup, grimpe sur la montagne. En un rien de temps, j’admire foréts et neiges éternelles, le belvédére de la Bastille (obser- vatoire naturel), un moderne téléporteur composé de trains de petites bulles, de nombreu- ses réalisations d’architecture contemporaine... Une passagé- re agée me conseille d’aller visiter, entre autres, la cathé- drale Notre-Dame, le musée d'art et la crypte Saint-Oyand, monument funéraire chrétien parmi les plus anciens de France. Non, merci. Je descen- drai aujourd’hui méme_ vers Cannes. Me revoici sur la sacro-sainte place Grenette. J’aime cette description trouvée plus tard dans un. guide: «Centre des rendez-vous, des é/égances, du laisser-aller, du travail et du farniente, partagé par un Salomon municipal entre le flot des voitures et |immortalité piétonne». En retournant a la gare, je lis sur un tableau électronique: «AUJOURD'HU! 4. NOVEMBRE BONNE FETE A TOUS LES CHARLES» (féte de saint Charles Borromée). Achat d'une provision de_ pain- fromage-pomme. Adieu Greno- ble trop vite apercue: il faudra repasser cette porte des Alpes, dont je n’ai que de loin entrevu la splendeur. Et je reprends le train, d’abord pour Valence. (A trois reprises, je remarque sur des quais des hommes en train de s’embras- ser sur les joues.) Puis, train corail pour Marseille. Notre wagon de premiére classe est si bondé que je dois rester debout ou m’asseoir par terre sur une revue jusqu’a Avignon. Une dame se plaint a «la contré-’ leuse» : «Ca fait 200 km et j’suis toujours assise sur ma valise. Quest-ce que ¢a m’a donné d‘acheter un billet de premiére classe? A quoi y servent vos ordinateurs?» Réponse séche, logique: «La prochaine fois, faites une réservation». Un enfant demande: «Dis, maman,- pourquoi cest une contré- leuse?» Pas de réponse. La Céte d’Azur, enfin. De belles falaises annoncent Mar- seille, deuxiéme ville de France. Autre changement de train. Je ne pourrai finalement m’asseoir que peu de temps avant I’arrivée a Cannes, |’une des villes les plus prestigieuses d’Europe. | f ———"— J La pariicinacion, ca Pearecrionne § MONTREAL 1359$ 2 vs 2495 +Taxes ALLER SIMPLE 2 vols directs par semaine le LUNDI & le JEUDI MINIMUM SEJOUR: 4 JOURS MAXIMUM SEJOUR: 45 JOURS HORAIRES: Lundi: Dép. Vanc: 11h00, Arr. Mont. Dép. Mont. 6h40, Arr. Vanc. Jeudi: Dép. Vanc. 15h20, Arr. Mont. Dép. Mont. 10h40, Arr. Vanc. Nous acceptons les réservations faltes de Montréal. COMPARE? CONOMISEZ 18h40 9h20 22h40 13h20 AVIS AUX GENS D’'AFFAIRES: Le prix d'un billet adestination de 4 jours avec départ le lundi ou le mardiest de 1 220. Notre prix est de 359 $+taxes; Montréal pourun voyage de 3a $+ taxes. vous économisez 861 $. Si votre destination est Toronto vous économisez 490 $... Consultez votre agent de voyages pour réservations et conditions. No $0357 au réle Dossier No M4895-L114-4 Lineas Aereas La-TurS.A.deC.V. Une collectivité, une personne et une preuve de la signification Office national des transports instructions pour le dépdt d'une i renseignements, téléphonez a G LINEAS AEREAS LA-TUR S.A. DE C.V. AVIS DE DEMANDE DE SERVICE AERIEN national des transports du Canada une demande pour une licence afin d’exploiter un service international a la demande (affrétement) dela classe 9-4 pour le transport de personnes et de marchandises avec des aéronefs a voilure fixe des groupes G et H. : intervenir pour appuyer ladite demande, s'y opposer ou en réciamer la modification en conformité avec les Régles générales de |'0 ffice national des transports. L'intervention doit étre déposée au Secrétaire de |'Office au plus tard le 3 juillet 1990. Une copie de intervention doit étre déposée en méme temps a la demanderesse Le dépét de l'intervention auprés du Secrétaire peut se faire en mains propres, par courrier recommandé ou par messager, a (Québec), K1A ON9, ou par télex 053-4254 ou 053-3615, ou par télécopieur (819) 953-5562 ou (819) 953-8798. L’Office fournira sur demande les détails de la demande et les du Mexique a présenté a1'0 ffice ou tout autre organisme peut doit étre envoyée a |'0 ffice. du Canada, 15, rue Eddy, Hull ntervention. Pour de plus amples ordon Kritsch au 819-953-9787.