ee ee”©§6=hGlhlFr 2 ae ”6h 6m lvl eee eee ...l artiste doit inventer de nouvelles LA GAL ID méthodes de voir le monde” Entrevue avec Robert Walker Vous vivez ordinairement a New York. Avez-vous quit- té le Québec de fagon perma- nente ou temporaire? J’ai quitté Montréal il y a quelques années déja et vécu a Toronto pour un an. J’ai trouvé Toronto une ville sans ame, “plastique”, com- merciale et complétement abrutissante. L’art 4 Toron- to est comme le jazz - propre, bien articulé, profes- sionnel, mais jamais défini- tif. J’ai fui Toronto bien plus que je n’ai déménagé 4 New York. Je ne peux pas dire que j'ai quitté le Québec de fagon permanente, puisque jy retourne réguliérement pour voir des amis. — Vous étes né a Montréal et y avez vécu toute votre vie. Comment vous sentez- vous en tant qu’anglophone du Québec face a la situation politique actuelle? — Méme si je suis né a Montréal, j’ai toujours senti qu'il y avait 14 quelque chose d’aliénant, et qu’un jour ou l'autre, je partirais. Ce qu'il arrive au Québec mainte- nant était inévitable, mais je trouve dommage que certai- nes politiques soient menées de facon vindicative. — Vous étes-vous senti poussé a quitter le Québec — si oui, de quelle fagon? — Jene me suis jamais senti obligé de partir et il y a plusieurs choses de Montré- al qui me manquent mainte- nant alors que je n’ai jamais su les apprécier a leur juste valeur lorsque j’y restais. Les problémes artistiques a Montréal, c’est une autre histoire. I] y a quelques années, une exposition appe- lée “Québec 75” a été mon- tée, supposément pour mon- trer les nouvelles tendances artistiques du Québec. Cet- te organisation a été sans ‘doute la plus controversée jamais vu au Québec. Ils ont discuté des mois et des mois au sujet du provincial oppo- sé a l’international; les artistes anglophones étaient accusés de favoritisme parce qu’ils se servaient d’idées prises dans les sales jour- naux d’art américains, les- quels dérangeaient les artis- tes québécois dans leur déli- cate période d'incubation; ou, comme le disait un directeur de musée montréa- lais: “L’art, pour étre perti- nent au Québec, doit suivre la tradition de Borduas et des néo-plasticiens. I] n’est jamais arrivé 4 personne de faire la relation entre l’expo- sition et ce qui se passait alors dans le monde. J'ai trouvé toutes les solutions ennuyantes, mais au moins tout le monde savait qu’elles Vétaient. Quand l’exposition est partie en tournée a travers le Canada, personne n’en a parlé. C’est pourquoi je vous réponds que je ne me suis jamais senti obligé de partir; les solutions apportées ne prornes Robert Walker, Nice "N Easy 11976), 3M color-in-color, $8.9 x 71.1 cm ell = VANCOUV 1145, GEORGIA OUEST, VANCOUVER répondaient seulement pas a mon développement comme artiste. — Vous considérez-vous comme un artiste politique? — Non. Un véritable ‘artiste politique a toujours peur pour sa vie. Je pense qu'il est prétentieux de se définir comme artiste politique en Amérique du Nord. Je ne pense pas que l’art puisse réellement changer une si- tuation sociale pour la bonne raison qu'il peut étre récupé- ré trop facilement. Un exem- ple classique est “Country Joe” et “Fish singing”, deux chansons contre la guerre présentées a |’émission d’Ed _ Sullivan et suivies tout de suite aprés par la présenta- tion de quatre pilotes de guerre américains juste de retour du Vietnam. Tous deux furent applaudis avec le méme enthousiasme. La culture américaine est tellement énergique et floue qu'elle peut tourner n’impor- te quelle révolution en “Show biz”. Les seuls artis- tes auxquels je puisse pen- ser en Amérique du Nord qui puissent actuellement changer n’importe quoi sont les photographes Jacob A. Riis et Lewis Hine, mais il ne -se considérent pas comme artistes. — Vous décrivez votre tra- vail comme un “Cross Cultu- ral Hybrids”. Est-ce que vous pensez que votre expé- _ rience comme membre d’une - société contre-culturelle est au centre de vos préoccupa- tions? — Non. Je suis plus inté- ressé aux effets des médias sur la société. “Cross Cultu- ral Hybrids” s'est développé 4 partir d’une oeuvre précé- dente intitulée “Six Suites — Sex Sweets”. Un de mes amis qui avait un studio dans un immeuble ou plusieurs vieux objets étaient abandonnés m’a un jour donné l'idée des vieilles cartes de jeu pornographi- ques. Chaqué fois que l’un de ces vieux: hommes mourait, mon ami allait assidiment faire le tri d’un sac complet d’objets personnels jeté a la poubelle. A plusieurs occasions, il en est revenu avec plusieurs articles | pornographiques, lesquels avaient été conser- ’ vés depuis plus de 20 ans. A peu prés 4 ce moment-la, j’ai trouvé dans les poubelles. “i'r ae Le Soleil de Colombie, Vendredi 24 Mars 1978 9 > DEED -{3- (<> (><> TED €) <> ED ( () ELE ) EEE >-( <-> ED (
( ) E-C--( EE ()GEIEC)-EEE. eae DART Be) plusieurs centaines de pho- tographies publicitaires ve- nant d’une maison commer- ciale. Je venais juste de dé- couvrir la photographie “3 m color in color” et trouvé qu'une juxtaposition de deux éléments, un trés personnel, l'autre impersonnel, réussit a produire une impression d’exotisme et un quelque chose de mondain. Cela sem- blait une juxtaposition natu- relle dans le sens que le sexe et la publicité vont main dans la main, mais quand les frontiéres du bon gofit sont dépassées, les résultats sont vraiment déroutants. De ce point-la, je suis ~ passé a l'usage de produits de consommation auxquels est confronté chaque jour Vindividu Nord américain et de Posters de propagande chinois. La reproduction 3M ou Xérox maintient une froideur commerciale, tout en exagérant les similitudes de couleur entre chaque élé- ment. — Ne trouvez-vous pas iro- nique que votre travail ait a faire avec l'idéologie améri- caine et chinoise, alors que vous habitez a4 ‘New-York a un moment ou votre propre pays est aux prises avec de graves conflits politiques et idéologiques? —Le conflit peut étre politi- que mais non idéologique. Le cabinet de William Davis et le cabinet de René Lévesque peuvent ne pas étre d’accord sur plusieurs points, mais ils sont en complete harmonie s‘ils ne donnent que le choix entre le cognac et la biére. Je pense que chacun doit faire ce qu'il peut afin de développer une habileté. Méme Borduas s’est senti forcé de quitter le Québec, mais il était plus efficace parce qu'il avait atteint sa maturité comme artiste. TEL. 682-5621 — Quelle fonction pensez- vous que I’artiste peut avoir dans la société? — Je pense que I'artiste doit inventer de nouvelles mé- thodes de voir le monde, doit étre capable de synthétiser son expérience et de lui donner une forme communi- cable. L’artiste doit avoir la liberté d’exprimer sa vision quelle qu’elle soit. La société l'appréciera col- lectivement ou pas du tout. Ce qui est jugé valable entre dans l'histoire de l'art. — Etes-vous, avez-vous déja été pour la séparation du Québec? — Au début des années 70, j'étais sympathique 4 la cau- se de Pierre Vallieres et de Charles Gagnon. Je réalise maintenant qu’installer un si beau systéme a ce stade-ci de l’évolution du Québec et survivre en Amérique du Nord est une conception trés naive. Le parti Québécois est encore trés loin de la notion de séparatisme révo- lutionnaire. Maintenant, il s'agit bien plus d’une ques- tion de bourgeoisie frangai- se prenant le pouvoir des mains de la bourgeoisie an- glaise. Il n’y a rien de fondamental dans ce proces- sus si vous n’étes pas mem- bre de cette classe. — Est-ce que le Québec va se séparer? — Je ne sais pas. Cela dépend surtout de la campa- gne de propagande de Camille Laurin. II doit pren- dre quelques artistes anglais afin de l'aider. Peut-étre que je serai le premier artiste mercenaire et formerai une compagnie. EXPOSITIONS Vittorio’s Vittorios: jusqu'au 26 mars. NOUVELLES EXPOSITIONS Christian Knudsen — 24 mars au 23 avril Suzy Lake — 24 mars au 23 avril Robert Walker — 24 mars au 23 avril Vidéo montréalais: Le vidéo comme outil communautaire ou politique — 24 mars au 23 avril Jack Shadbolt: Sept ans — 31 mars au 30 avril Suzy Lake: Chorégraphie sur pointillé — 24 mars au 23 avril. POUR RESERVER UNE VISITE GUIDEE Tél. a la Galerie, 682-5621, poste 25 ou 26. HORAIRES DE LA GALERIE De 10h00 a 17h00 - mardi, mercredi, jeudi, samedi (la Galerie est fermée le lundi). De 10h00 a 22h00 - vendredi De 13h00 a 17h00 - dimanche ENTREE GRATUITE HORAIRES DE LA BIBLIOTHEQUE De 10h00 a midi, de 13h00 a 16h00 - du mardi au samedi HORAIRES DE LA BOUTIQUE DE LA GALERIE De 10h00 a 16h45 - du lundi au samedi; de 18h30 a 21h30 -le vendredi soir; de 13h00 a 16h30 - le dimanche. ~