PW ec

La langue francaise me fait penser
parfois a une vaste forét ow il fait
bon se promener pour y re-
découvrir, au hasard d’une ran-
donnée, un lieu familier.

Au détour d’un rayon de bibliothé-
que, j’ai trouvé, il y a quelques
jours, un livre regroupant les édi-
torlaux qu’avaient écrit Albert
Camus en 1955-1956 pour L’Ex~-
press. Comment ne pas trouver a~
propos pour notre époque un texte
intitulé Terrorisme et répression.

« Il faut, avant toute chose, rame-
ner Ia paix en Algérie. Non par Iles
moyens de la guerre, mais par une
politique qui tienne compte des
causes protondes de la tragédie
actuelle. Le terrorisme, en effet,
n%4 pas muri tout seul; il n’est pas
le fruit du hasard et de l’ingrati-
tude malignement conjugues. [...]
En Algérie, comme ailleurs, le ter-
rorisme s‘explique par l’absence
despotr. Il nait toujours et par-
tout, en effet, de la solitude, de
lidée quill n’y a plus de recours,
mi davenir, que les murs sans fe-
nétre sont trop épais et que, pour

respirer seulement, il faut les faire
sauter, »

Vous me direz que l’Algérie de
1955 n’est pas le Moyen-Orient de
2007 et qu’il ne s’agit pas ici de
différences culturelles entre Occi-
dentaux et Arabes partageant une
méme terre, mais plutdt d’une
invasion. Bien sir, mais les gou~
vernements des pays occidentaux
qui ont envahi Iraq ne Il’ont-ils
pas fait en réponse 4 une menace
grandissante des attentats terroris-
tes ayant lieu dans les pays occi-
dentaux? Ne faut-il pas plutdt se
questionner quant aux raisons qui
poussent des jeunes gens 4a partici-
per a de tels attentats? La répres-
sion apparaitra toujours comme
une solution a celui souffrant
d’anxiété, ou s’imaginant étre la
prochaine victime. Mais voici ce
que dit Camus de cette solution :

« Chaque répression, mesurée ou
démente, chaque torture policiére
comme chaque jugement légal ont
accentué le désespoir et la vio-
lence chez les militants frappés.
Pour finir, les policiers ont couvé

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JUIN ~ JUILLET 2007
La SFV a 65 ans!

les terroristes qui ont enfanté eux~
mémes une police multipliée. Au
terme affreux [...] de cette évolu~
tion [...] la responsabilité collec-
tive est érigée en principe de ré-
pression. »

Comment ne pas voir, a la lecture
de ces lignes, les terribles images
d@’Abu Ghraib, ou pire encore,
comment ne pas étre abasourdi
par le silence de ceux qui, a Vins-
tar de Maher Arar, subissent en~
core des sévices corporels et psy-
chologiques a la suite d’une dé-
portation Kafkainne.

« Bientét, demain peut-étre, il sera
trop tard, voila Ie cri que doivent
pousser sans relache tous ceux
[...] qui refusent en méme temps
Ja solitude et la démission. »

Quel bonheur que de retrouver la
voix si chaleureuse de Camus sur
notre ile du Pacifique! En termi-
nant, j’aimerais vous souhaiter de
belles découvertes de lectures pour
Vété qui vient.5m

Réal Roy, Ph.D., président de la
SFV

Carl McLean
cD, BCom
can@racharmorigages.cam

Roger Lévesque
CD, B.Sc, MBA
roger@roecharmmorigages.com