page 6 L’APPEL Septembre 1966 LE RAPPORT BEAUPRE... ET NOUS... La Commission Scolaire Centrale provisoire des écoles catholiques de l’archidiocése de Van- couver, présidée par M. T. N. Beaupré, re- mettait 4a l’archevéque de Vancouver, Mgr Martin M. Johnson, le 14 juillet dernier, un rapport moral de son travail ainsi qu’un pro- jet de constitution des “Catholic Public Schools of the Archdiocese of Vancouver”. Selon Vhebdomadaire “B.C. Catholic”, ce pro- jet de constitution ainsi que les conclusions du rapport ont été approuvés, en principe, par les autorités archiépiscopales. Etant donné les circonstances particuliéres de l’évolution actuelle de notre pays et en raison de la tenue, dés le mois prochain, du congrés annuel de la Fédération Canadienne francaise de la Colombie Britannique, je crois qwil est opportun de proposer, dés maintenant, la seule alternative 4 notre disposition comme Canadiens de langue frangaise, si nous ne vou- lons pas perpétuer un état de clivage qui ne rend service ni 4 |’Heglise dans ses structures temporelles, ni 4 ’Etat dont nous réclamons la reconnaissance pratique de la dualité fon- damentale du Canada en matiére de langue et de culture. Il n’est pas de mon intention de traiter des mérites de la constitution proposée par la Commission Beaupré sinon de dire, aprés l’a- voir étudiée attentivement et en avoir discuté, que rien, dans les perspectives qu‘elle laisse supposer, ne laisse prévoir une reconnaissance légale des écoles catholiques dans un avenir visible. C’est-d-dire qu’elles conserveront, aux yeux du Ministére de Education de la provin- ce, leur statut d’écoles privées au dela de la période de grace accordée aux Canadiens fran- cais pour s’insérer dans la facture politique d’un Canada en devenir. Notre seule alternative consiste done a con- sidérer le probléme des écoles catholiques com- me secondaire pour le moment. Il est de ces circonstances dans histoire des peuples ot il faut regarder la réalité en face et intervertir Vordre traditionnel des valeurs afin de ne compromettre ni les unes ni les autres: ¢’est notre cas. Face au dilemme Depuis au moins trois ans, nous avons de facon systématique tenté de dénouer ce que nous avons appelé un dilemme en le proposant & la discussion. C’est le congrés de ACKELF, tenu 4 Vancouver en aotit 1963, qui a été la premiére occasion publique de livrer toute erue une situation de fait soupgonnée de tous mais jamais attaquée de front en assemblée. Nous avions qualifié de “bicéphalie” cette double identité qui, assimilant foi et langue, avait contenu nos aspirations nationales 4 l’in- térieur d’une collectivité confessionnelle oti nous comptions de moins en moins en nombre relatif. Jl est clair, maintenant, aux yeux de tous, qu’au moins en Colombie, notre situation minoritaire 4 l’intérieur d’une collectivité elle- méme minoritaire nous oblige a reviser notre attitude d’une facon plutét radicale. Les jeux sont maintenant faits. Nous avons eu un moment d’hésitation au moment de la publication du rapport de la Commission d’é- tude des problémes scolaires catholiques Lou S. Grant. Mais, comme je le dis plus haut, la constitution qui vient d’étre soumise ne revét aucun caractére apte a hater la reconnaissance légale de l’Ecole Catholique en Colombie . Il n’y a done pas lieu de prévoir qu’une dissocia- tion totale des deux aspects langue et foi de notre personnalité ne compromette l’avenir de Vécole confessionnelle. Par contre, il est pos- sible de prévoir que le contraire serait désas- treux et pour l’une et pour J’autre. En effet, la seule autorité légale habilitée a statuer sur l’existence juridique de l’Kecole Frangaise, en Colombie Britannique, est celle du Ministére de Education. Aucun autre pou- voir temporel ne peut lui étre substitué. Le “School Law” est bien spécifique 14 dessus: “The Minister (c) shall advise the Council of Public Instruction on all matters relating to e- ducation in the Province. 1958, ¢. 42, s. 6.” Or, sans vouloir étre fataliste, on peut dé- clarer qwil s’agit pour nous du “maintenant ou jamais”, du moins pour ce qui est de notre place comme citoyens de langue frangaise dans le contexte de la prochaine page d’histoire ca- nadienne. Les lignes de force se précisent de plus en plus, et, bien qu’elles tendent a4 réduire le Canada francais aux dimensions immédiates de la province de Québec et de sa périphérie, il nest pas dit qu’un revirement est impossi- ble 4 la faveur d’une politique plus libérale de la part des gouvernements. Mais une nou- velle polarisation, pour étre opportune et effi- cace, doit étre immédiate. Le désastre serait que des structures paroissiales, auxquelles nous devons d’avoir maintenu une certaine cohésion jusqu’ici, se transforment en ghettos ot nous serions condamnés au suicide national. Ce n’est sfirement pas la responsabilité que voudraient endosser les autorités catholiques (suite 4 la page 7) Hotel ROGER Ltée. Hastings et Carrall VANCOUVER 4 Tel: MU1-5948 Taux raisonnables “Ici on parle frangais”