INFORMATION. Le Soleil de Colombie, vendredi 3 novembre 1989 - 5 de Lac Meech Le rapport du Nouveau-Brunswick bien accueilli au pays FREDERICTON (APF): C’est peut-étre le monde a l’envers, mais le premier ministre du Nouveau-Brunswick, Frank Mic- Kenna, est passé la semaine demiére de détracteur en sauveur de laccord du_ lac Meech. M. McKenna a endossé les recommandations d’un comité spécial constitué de sept députés libéraux, dont trois ministres, qui ont tenu des audiences sur |’accord dernier. Le rapport se montre plus conciliant que prévu, en respectant les demandes cons- titutionnelles du Québec, tout en proposant des améliorations a l’accord, afin, “soutient le comité, de parvenir a un compromis enre les anti et les pro Meech. Le premier ministre McKenna a indiqué aprés le dépdt du rapport, qu’il croyait mainte- nant avoir un mandat clair pour négocier une entente paraliéle, le seul moyen selon lui de sauver l’accord du lac Meech. «Je crois fermement que nous aurons un lac Meech» a-t-il affirmé. Les recommandations du rapport du. Nouveau-Brunswick des discussions été . constitueraient la base de ce qui pourrait 6trele contenu dans cet éventuel accord paralléle. Le Québec, qui avait fustigé le rapport du Manitoba, s’est dit plus favorable envers celui du Nouveau-Brunswick. Le minis- tre des Affaires intergouverne- mentales, Gilles Rémillard, a méme déclaré que sa province serait d’accord pour entamer informelles avec le Nouveau-Brunswick au sujet d’un accord paralléle. Mais il n’est pas clair si les deux gouvernements pensent a la méme_ chose _lorsqu’ils parlent d’un accord paralléle. Québec semble dire que la négociation d’un tel accord devrait débuter aprés la ratifica- tion du lac Meech, alors que le Nouveau-Brunswick exige que les deux processus se déroulent simultanément. «Je dois avoir un engagement concret de mes collégues» dit M. McKenna. On aura l’heure juste sur le dossier constitutionnel au début novembre, lorsque les onze premiers ministres se rencontreront a Ottawa pour leur conférence annuelle sur l'économie. Le dossier du lac Meech sera alors a l’ordre du jour. Le rapport appuie les cing conditions du Québec qui sont mentionnées dans |’accord du lac Meech mais, du méme souffle, certaines recommanda- tions affectent les conditions en question. C’est le cas de la recomman- dation qui veut que la Charte des droits et libertés soit inclus comme |’une des caractéristi- ques fondamentales du Cana- da. Cela signifie que la Charte ferait contrepoids au statut de ~ société distincte du Québec. En d’autres termes, les droits collectifs des Québécois prévus par la clause de_ société distincte, auraient le méme poids que les droits individuels inscrits dans la Charte. Dans le cas d’un conflit entre les deux notions, un juge aurait a évaluer quel droit |’emporterait sur l'autre, dépendamment du cas. Une autre recommandation pouvant avoir des répercus- sions sur les demandes du Québec, est celle qui veut que le fédéral ait la responsabilité de protéger et de promouvoir les minorités pays, que ce soit les anglopho- nes du Québec ou (les francophones hors Québec. Les législatures provinciales ne seraient alors tenus que de ‘LL linguistiques ~ du . protéger leur minorité linguisti- que respective, laissant a Ottawa le réle d’en faire la promotion. L’Accord du lac Meech prévoit que les minorités seront seulement protégées, donc pas de promotion, et par les législatures provinciales, non par le fédéral. La question des droits des minorités linguistiques provin- ciales est l’un des points que le premier ministre McKenna tient le plus a coeur. Et pour démontrer que le Nouveau- Brunswick n’est pas en reste, le rapport recommande qu'on enclenche immédiatement le processus devant déboucher a l’enchassement de la Loi 88 reconnaissant l’égalité des deux communautés linguistiques du Nouveau-Brunswick. La communauté acadienne revendique depuis plusieurs années cet enchassement, et les nombreux mémoires d’orga- -nismes acadiens présents de- vant le comitéallaient tous dans le méme sens. Outre au Québec, le rapport du Nouveau-Brunswick a suscité des réactions positives par la presse nationale et plusieurs organismes qui y voit une lueur d’espoir dans les ténébres constitutionnelles. La Société des Acadiens et des Acadiennes du Nouveau- Brunswick, dont la position sur le lac Meech est encore vague, n’a pas voulu encore réagir au rapport. La SAANB a_= récemment rencontré le premier ministre québécois Robert Bourassa afin de lui dire qu'elle n’était pas contre le Québec, mais n’est pas allée -jusqu’a appuyer l'accord. On ne sait pas encore ol se situe l’organisme vis-a-vis cette question. Elle ne semble pas le: savoir elle-méme, puisqu’elle a convoqué son bureau de; direction afin de... réviser la position sur l’accord. La librairie du Soleil - Au 9880 rue Main. Lac Meech (bis) Le Manitoba demande une révision de |’accord OTTAWA (APF): Sans renier le fait que le Québec forme au sein du Canada une société distinc- te, le Manitoba ne veut pas que la «Belle Province» profite de nouvelles responsabilités ou de nouveaux pouvoirs grace a Paccord du lac Meech, et considére que lidentité natio- nale du Canada doit en tout premier lieu é6tre sauvegardée par toutes les provinces, y compris le Québec. Le rapport unanime du Groupe travail manitobain sur l'accord du lac Meech déposé a Winnipeg contient neuf recom- mandations, dont six qui exigent des amendements a l’actuel accord du lac Meech. Ce rapport révéle comme jamais la grande difficulté qu’ont les Canadiens de l'Ouest de voir le Québec autrement que comme une province comme les autres, et confirme le triomphe des _ tenants de la vision fédéraliste centralisatrice, chére a |’ex- premier ministre Pierre Elliot Trudeau. © Le Groupe de travail formé de représentants des trois partis politiques considére tout d’abord que l’existence du Canada en tant qu’Etat fédéral jouissant d'une identité natio- nate distincte, |’existence des peuples autochtones, et |’exis- tence de Canadiens d’expres- sion frangaise, concentrés au Québec mais présents aussi dans le reste du pays et de Canadiens d’expression anglai- se, concentrés dans le reste du pays, mais aussi présents au Québec sont, dans |’ordre, des caractéristiques fondamentales du pays qui ont priorité (mais dimportance égale) sur le concept de la société distincte québécoise. A la responsabilité de «proté- ger et promouvoir la société distincte qui est reconnue au gouvernement québécois dans l'accord du lac Meech, le ‘Groupe de travail veut substi- tuer |’expression «sauvegar- der». Pourquoi? Parce qu’on ne veut pas que le Québec ait une responsabilité supplémentaire et unique qui la distingue des autres provinces. L’expression «sauvegarder» lit-on dans le rapport, est également préféra- ble du _ fait qu’elle laisse entendre clairement qu’aucune nouvelle . responsabilité ni qu’aucun nouveau pouvoir ne sont imposés ou conférés a quelque gouvernement que ce soit, y compris celui du Québec». En fait, le Groupe de travail désire que toutes les provinces aient -la méme et l’égale responsabilité de «sau- vegardem les caractéristiques fondamentales du Canada. Convaincu que |’accord du lac Meech, dans sa forme actuelle, porte atteinte a des droits et libertés fondamentaux, le Mani- toba demande aussi que la Charte canadienne des droits et libertés ait préséance sur l'accord constitutionnel de 1987. Le Manitoba ne fait aucune recommandation d’amende- ments en ce qui concerne immigration, mais s’interroge fortement sur les pouvoirs accordés au Québec en la matiére, notamment la clause qui garantit au Québec un nombre d'immigrants propor- tionnel 4 sa population, avec droit de dépasser ce chiffre de cinq pour cent. On _ craint carrément que le Québec tente de préserver son pourcentage dela population aux dépens des autres régions. «L immigration pourrait affaiblir le gouverne- ment fédéral ainsi que le sentiment d‘appartenance_ na- tionale. Nous craignons que les provinces essaient d’accroitre leyrs activités a |’étranger dans le but dattirer plus dimmi- grants. Ceci pourrait étre particuliérement vrai pour le Québec, qui a le réle de Sauvegarder son caractére dis- tinct». : Enfin, les —.parlementaires manitobains ne veulent rien savoir dela clause qui permet a une province qui choisit de ne © pas participer a un programme national de se _ retirer, et d’adopter son propre program- me avec compensation -finan- ciére. On croit qu’en partageant - son pouvoir de dépenser avec les provinces, celles-ci n’en viennent €& menacer des programmes nationaux tout en augmentant les disparités ré- gionales. «Le Groupe de travail ne peut entériner un amende- ment constitutionnel haute- ment controversé, qui pourrait ébranler notre sentiment d’ap- partenance nationale». Enfin, on dénonce la régle de l’unanimité pour toute modifi- cation constitutionnelle. Selon le Groupe de travail, les changements au Sénat, la création de nouvelles provinces et le prolongement des frontié- res provinciales ne devraient pas 6tre soumises a cette régle qui aurait pour effet de géner la refonte constitutionnelle dans ces domaines. Pour les parle- mentaires manitobains, sept provinces représentant au moins 50 pour 100 de la population devraient autorisées les. modifications dans ces secteurs. Le ministre d’Etat aux rela- tions fédérales-provinciales, le sénateur Lowell Murray, a expriméson scepticisme devant les exigences du Manitoba. | Qualifiant le rapport de «liste d’épicerie», il s’est réjoui d’avoir enfin entre les mains une liste compléte des préoccupations — du Manitoba. M. Murray maintient qu’il sera difficile de réouvrir |’accord du lac Meech sans le tuer, mais s'est montré ouvert a des accomodements. Le défi, dit-il, sera de répondre aux attentes des provinces récalcitrantes, sans tuer l’accord actuel, et la responsabilité d’expliquer com- ment s’y prendre incombera, poursuit M. Murray, aux premiers ministres Filmon du Manitoba, McKenna du Nou- veau-Brunswick et Wells de Terre-Neuve, qui s‘opposent a l'accord du lac Meech. La terre peut nourrir le monde DEVELOPPEMENT Ef PAIX Nos petites annonces... c'est efficace 4