" A Vancouver ~ REUNION, A. VANCOUVER, DE LA COMMISSION DE LANGUE FRANCAISE DE LA F.C.E. par R. Paquette. Vous ne le savez peut-étre pas. Nous ne le savions pas. Mais il existe une commis- sion de langue frangaise au sein de la Fédération Cana- dienne des Enseignants - mieux connue dans nos pa- rages sous le nom de Cana- dian Teachers Federation - dont fait partie la British Columbia Teachers Federa- tion. Mieux encore, cette commission de seize mem- bres, tous francophones - du moins pour ce qui est de pouvoir tenir des assises en frangais - s’est réunie, cette année, a Vancouver, au coeur méme de la for- teresse ‘‘anglomane’”’ (néo- logisme qui place la domi- nation de l?’anglophonie au niveau de l’inconscience plu- tOt que du rationnel). De plus, cette Commission de lan- gue frangaise, présidée par Monsieur Maurice Belli- veau, de la Nouvelle Ecosse, siégeait 4 Vancouver a 1’in- vitation de la B.C. Teachers Federation. Le membre de cette commission quirepré- sente la Colombie Britanni- que est Monsieur John Young, directeur de la Senior Secondary High School de Campbell River. M. Young, bien connu pour ses idées radicales en matiére d’édu- cation, est de langue mater- nelle francaise, puisque sa mére était une Acadienne. Le secrétaire général de la Fédération C.-F. de la C.-B.,Roméo Paquette, avait été invité par Jim Killeen, président de la BCTF, apar- ticiper A titre d’invité a tou- tes les séances de la com- mission ainsi qu’aux récep- tions sociales organisées pour l’occasion. Ce geste | re EEE pli de la part de la direction de la BCTF mérite d’étre sou- ligne, car il marque un pas qui pourrait avoir beaucoup d’importance en vue de 1’a- morce d’un dialogue signi- fiant dans l’avenir. Il a donc été possible, pour cette commission, dont l’existence est relativement nouvelle puisqu’elle n’a pas encore deux ans, d’obtenir des renseignements utiles au sujet de la situation faite aux francophones, dans le domaine de l’enseignement, en Colombie-britannique. Mais 1’on peut se demander quel est le rdle exact d’une commission de langue fran- gaise au sein d’une associa- tion jusqu’ici exclusivement préoccupée du sort de ses membres en pays ‘‘unilin- gue anglais’’ - C’est, du moins, sur la présomption (ou la conviction) de l’exclu- sivité anglophone qu’a tou- jours fonctionné la Canadian Teachers Federation avant de prendre conscience de lV’existence d’enseignants francophones dans son sein. J’ai dQ écouter attentive- ment durant trois jours pour pouvoir me faire une opi- nion. Et, quand je dis ‘‘écou- ter’’ ce n’est pas peu dire. pour ceux qui me connais- sent ; mais, c’est la vérité. Et, si je dois dire que je m’en suis faite une (opinion), jhésite A l’émettre. J’ai l’impression que cette com- mission aura 4 jouer le réle de missionnaire dans une forteresse qui est loin de s’étre affranchie du dogme de lasuprématie anglophone. Pour s’imaginer un peu la dimension de l’obstacle a surmonter, l’on peut citer le fait que la plus puissante association d’enseignants de langue francaise, les quel- que 70,000 membres de la Corporation des Enseignants du Québee, n’a jamais réus- F) si a faire reconnaftre son caractére particulier par la F.C.E., et préfére mainte- nant ne pas étre invitée par la F.C.E. lorsque cette der- niére organise des congrés. Tout ceci parce que la loi majoritaire, dans la menta- lité anglo-canadienne, a pré- séance sur les principes dégaliteé au niveau organi- que, particuliérement quand la majorité est anglophone. Toutefois, il est évident que la F.C.E. prend cons- cience d’une réalité cana- dienne qui ne disparaftra pas d’elle-méme. Dans tou- tes les provinces, A l’exté- rieur du Québec, il y a des enseignants franco- phones qui doivent payer leur cotisation syndicale 4 la F.C.E., mais qui, jusqu’d) maintenant ont été considé-' rés comme des enseignants| anglophones, enseignant une) matiére appelée le ‘‘fran- gais’’, langue étrangére. II y a, au sein de la B.C. Teachers Federation, par exemple, une section appe- lée B.C. Association of Tea-| chers of Modern Languages,, mais ceci n’a rien 4 voir avec la reconnaissance d’un statut particulier pour l’une de ces langues, que 1l’une d’entre elles soit une langue officielle du Canada ou non. Ainsi, il faut dire que cette ‘Commission de langue fran- g¢aise en a sur la table pour plusieurs années 4 venir. Elle aura atteint son but quand naftra un secteur fran- cgais des diverses associa- tions d’enseignants dans chacune des provinces, qui seront, A leur tour, fedérées a l’échelle nationale. Ce qui n’est pas exactement la mé- me chose que la reconnais- sance du bilinguisme dans les opérations de la C.T.F. (méme chose que laF.C.E.). Et, il va sans dire qu’il faudra du temps avant qu’un enseignant de langue fran- caise, accrédité par une uni- versité de langue frangaise, (l?on sait que trois provin- ces seulement, le Québec, le Nouveau Brunswick et l’Ontario, peuvent s’en ré- clamer) au Canada, puisse étre considéré comme ‘tayant atteint le niveau de qualifications nécessaire’’ s’il n’est pas diplOmé par — une universite de langue an- glaise. L’esprit colonial ala vie dure. Point de vue LA DEMISSION D’ERIC KIERANS. Ce que je trouve intéres- sant dans cette décision- surprise du ministre des Communications, c’est la motivation économique. Il ne faut pas étre un éco- nomiste bien averti pour se rendre compte que les in- vestissements en capitaux n’ont pas souvent les ré- sultats anticipés en ce qui concerne la reduction du chomage et le développement général du pays. Pourtant, c’est encore par la recher- che d’investissements en ca- pitaux, pour |’exploitation des matiéres premiéres et pour l’industrialisation des milieux sous-développés, que les hommes politiques prétendent creer des em- plois et rendre le pays, ou les provinces, prospére. M. Kierans vient de la- cher le mot clef en décla- rant sion télévisée, dimanche soir, que l’investissement de la main-d’oeuvre dans le développement de 1’éco- nomie canadienne devrait étre préférée 4 larecherche de capitaux étrangers. M. Kierans a réveélé - et il a raison - que l’accés A des capitaux ne comportera ja- mais un probléme parce que la masse monétaire a ten- dance A toujours grossir de ses propres forces par le |mécanisme des taux d’inté- | utilisées au cours d’une émis- | rét et de la plus-value. Par ailleurs, les ressources en hommes qui ne sont pas sont, par elles- mémes, des consommatri- ces improductives de capi- taux et de biens de consom- mation. Il en est de m@éme pour les grands travaux d’exploitation des matiéres premiéres par l’aménage- ment d’oléoducs pour ame- ner le pétrole de 1’Arctique vers le sud, ou par 1|’ins- tallation d’une mécanisation poussée au maximum. Dans ce dernier cas, les ressour- ces en hommes sont gaspil- lées du fait du faible taux d’emplois pour les vastes sommes investies. Il serait donc souhaitable que M. Kierans, non plus 4 titre de profane comme nous, mais en raison de son autorité comme économiste de carriére, contribue 4 fai- re crouler quelques-uns des mythes qui nous maintien- nent, comme Canadiens, | dans un état de colonialisme perpétuel, de la part de l’aristocratie capitaliste et | de ses rois-négres, les in- | libres, dustriels, commergants et politiciens qui ne parlent qu’un langage, celui de la valeur du dollar. Ils sont de plus en plus nombreux, ceux qui croient qu’il est temps, si l’on dé- | sire que ce pays puisse se les nations avant de se dislo- quer par ses propres divi- sions internes, de convain- cre le public de la vérité suivante : 14 of il y a les ressources ranger parmi | matérielles et humaines - et cela s’applique au Canada au centuple - il est plus important, pour les diri- geants et les entrepreneurs, de savoir comment orien- ter le développement social et humain et aménager le territoire, que de se deman- der of ils vont prendre l’ar- gent ; la monnaie et les de- | vises ne devraient étre que le reflet des valeurs réelles en mouvement, et non pas le moteur. Mais, essayez de faire croire cela A unpeuple qui a été habitué 4 croire A la magie de l’argent, depuis des siécles, par tous les pouvoirs successifs quil’ont | mais il faut de l’argent pour lntalne cela eeawes | | exploite. Il vous dira ACOs par Roméo Paquette. X, LE SOLEIL, 7 MAI 1971 aes