12 Le Soleil de Colombie, vendredi 13 juillet 1979 “Le Francophonissime” du Canada: — Pére Ambroise, vous arri- vez'd'Europe ou vous avez parti- cipé aux enregistrements du jeu-questionnaire sur la langue francaise le Francophonissime. Comment se sont faites ces re- trouvailles aprés une absence d'une année? — «Ce furent des agapes. Mes collégues étaient contents de me revoir, et moi aussi j'é- tais heureux de les retrouver. Comme je suis le Canadien qui a le plus souvent participé a ce jeu, vous imaginez bien qu'il existe des liens entre les gens de |’équipe. Enfin avec ceux qui y restent. Parce que la France, elle aussi, change de délégué a l'occasion. Ainsi, j'ai eu le plai- sir de retrouver Paule Hermann, Jean Valton, Michel Deneriaz, Me Capelovici, et |’animateur Jean-Pierre Cuny. II faut dire que ces émissions sont enre- gistrées au cours d'une méme semaine et que nous avons la joie de vivre ce moment ensem- ble. «La premiére fois que j'ai par- ticipé au Francophonissime, ce fut plus guindé. J’arrivais du Canada et je suis prétre. Vous imaginez comment cela s'est passé. Ils m'ont traité avec ré- vérence et ils ne mont rien dit. Aprés quelques saisons, cela a , beaucoup changé. Nous som- mes devenus des amis et nous échangeons, comme cela se passe entre amis.» — Et comment se sont dérou- lés ces derniers enregistre- ments? — «Chaque participant a rem- porté deux victoires et c’est la France qui a remporté la palme avec une victoire supplémentai- re, a la derniére émission. Les Francais seront contents. Pen- sez donc, pour eux, cela devrait revenir presque de droit a leur délégué! (Bien entendu, que je blague) .» — Mais comment définissez- vous cette émission, Pére Am- broise? — C’est un spectacle, c'est un jeu ow nous cherchons au- tant & nous amuser et 4 diver- tir le public qu’é trouver les bonnes réponses. Vous savez que ce n’est pas toujours faci- le. On nous pose bien des col- les.» — Mais 6étre un Francopho- nissime, est-ce que cela vous confére un statut? — «Pas du tout, Mais c'est fort intéressant pour moi qui voyage beaucoup. II y a quantité d’anecdotes qui surviennent a cause de cela. En Afrique, en Europe, dans les Antilles fran- caises, les gens me reconnais- sent: ‘Ah, le Francophonissime du Canada, comment _allez- vous?'» — Vous pouvez citer quel- ques anecdotes. — «Un jour que j'étais en A- frique a bord d'un avion qui de- vait atterrir au Congo-Brazavil- le, un grand Noir trés élégant: avait pris place prés de moi. Il m'avait reconnu et demandé de signer des autographes pour ses petites filles. Je signe les photos avec plaisir et nous cau- sons. Cependant, moi je savais que mes papiers n’étaient pas en régle pour la douane parce: qu’ayant pris l’'avion presque en pleine brousse, 1a ot il n'y avait pas d'agent du gouvernement et ie me demandais comment je ferais pour obtenir mes bagages et le visa de censure pour mes films. Or, au moment de |'atter- rissage, le stewart entre dans la cabine et déclare: ‘Tous les passagers doivent demeurer a leur place jusqu’a ce que mon- sieur. le ministre de I'Intérieur soit descendu.. Comme. vous pensez, c’était mon voisin. Et il me fut d'un grand secours pour régler tous mes petits pro- blémes de douane. Le ministre de |I'Intérieur, pensez donc! «Un jour a Paris, avenue de ‘Opéra, un couple se proméne avec leur jeune fils lorsque le papa reconnait encore une fois le Francophonissime du Cana- da. Et la mére me dit: ‘Vous étes bien le Francophonissime. Et vous étes prétre, Vous avez appris le grec et le latin. — ‘Mais oui madame’. Et me mon- trant son fils elle ajoute: ‘Dites- lui que c’est parce que vous connaissez les racines grecques: et latines que vous pouvez ré- pondre aussi souvent 4a certai- nes questions sur la langue fran- caise. Lui il ne veut pas étudier le grec et le latin’. «Un jour que j'allais & Uzer- che, un coin un peu perdu du Massif central, j'ai pris un taxi pour me rendre visiter une reli- gieuse canadienne. Et le chauf- feur de me dire: ‘Vous venez souvent & Uzerche?’ — ‘Non, c'est la premiére fois que je viens ici’. — ‘Cé n'est pas possi- ble, je sais que nous avons-pris l'apéritif ensemble déja.’ Alors je lui demande: ‘A quelle heure prenez-vous |'apéritif, & midi?’ — ‘Oui, oui, a midi, mon cher monsieur, et vous voyez: quand je suis chez moi et quiil y a quelqu’un, on prend toujours l'apéro ensemble.’ — ‘Et vous le prenez a midi?’ —~‘Eh bien, je viens de vous le dire’. — ‘Alors c'est ca. Juste avant le journal télévisé vous regardez le Fran- cophonissime.’ — ‘Ah!m..., c'est ca. Vous l’avez. Oh, excusez- moi, monsieur |’abbé.’ «Un autre jour, en Suisse, le chef de gare s'est trompé d'heu- re pour le train. Vous imaginez la scéne. C’est inimaginable. Etre Suisse, chef de gare et se tromper d'heure! Alors je fais les cent pas devant la gare et je vois des paysans qui bavar- dent entre eux en me regar- dant. Soudain, un des paysans s'avance vers moi et me dit: ‘Vous 6tes bien le Francopho- nissime du Canada? En eussiez- vous le temps, accepteriez-vous de prendre |’apéritif avec moi?’ — ‘Désolé, je vous remercie beaucoup, mais mon train arrive bientét’. Et le brave paysan de répondre: ‘Tant mieux, c’est la seule phrase que j'avais prépa- rée pour un Francophonissime’. «Comme il m’est arrivé sou- vent de me faire dire: ‘On sait bien, vous venez du Canada, pour vous ce n'est pas facile. Vous devez traduire dans votre langue’. Et il m’est arrivé aussi souvent de me faire dire: ‘On sait bien pour vous c'est facile. Vous 6tes prétre. Et vous avez appris le grec et le latin. C'est un jeu: d’enfant.’ «Allez-y voir, un jeu d’enfant! Il y a une chose que j'aimerais préciser au sujet de ce jeu-ques- tionnaire. J'ai remarqué que c'est dans les régions qui vivent avec les problémes_ linguisti- ques, comme fa Belgique, le Luxembourg, les régions péri- phériques de France, 4 Monaco et au Canada qu'on regarde le plus cette émission. Et je crois avoir trouvé les raisons a cet enthousiasme de ces gens pour le. Francophonissime. D'abord, ce public-la sait ce que c'est que de vivre dans un milieu ou le frangais n'a pas toujours la priorité, et ces gens sont fiers de parler le francais. Ils écou- tent |l’émission et parfois ils trouvent les réponses avant nous. Ce qui les flatte a juste titre. De plus, ils ont appris & connaitre tous les participants et ils les considérent comme des amis. Et ils savent que c'est un jeu et ils jouent avec nous au Francophonissime. Et il y a tous ceux qui, a partir de cette émission, décident de pousser plus avant leur connaissance du francais.» Me Capelovici a UT — Ainsi vous croyez que le Francophonissime atteint ses objectifs? — «Sdirement. Et les divers publics de France, de Belgique, de Monaco, du Luxembourg et du Canada francais manifestent. leur intérét auprés de la Com- munauté des Télévisions franco- phones.» _— A titre personnel, est-ce que ces participations vous ont aidé dans votre carriére de con- férencier? — «Enormément. A cause du Francophonissime, j'ai fait de trés nombreuses émissions de ‘radio et de télévision parce que les animateurs n’avaient pas a me présenter au public, et dans combien de villes et de villages, méme en Afrique francophone, on m’a invité & venir parler du Québec et du Canada.» — Pére Ambroise, revenons au Francophonissime, et dites- nous qui prépare ces question- ' naires? — «Des spécialistes; des spécialistes qui ne font que ga. Ils sont une dizaine en France qui préparent tous les question- naires des jeux radiophoniques et télévisés.» — Etes-vous d’accord avec toutes les questions qu’ils po- sent? . — «Regardez bien la présen- te série et vous verrez les jus- tes remarques que mes collé- gues et moi-méme nous ferons au cours des émissions.» — Et quant a ce que I'on ap- pelle le format de I’émission, gu'avez-vous a dire? — «Tous les ans, on tente des essais pour améliorer la formule, mais i] semble qu'il soit bien difficile de trouver mieux. «Naturellement, il survient des changements mineurs et c'est normal. Prenez le cas des séauences de films que les par- ticipants commentaient eux-mé- mes. Vous imaginez bien qu’a- prés dix ans, le représentant de Monaco avait fait le tour de la Principauté et ne pouvait rien montrer de nouveau aux +élé- spectateurs. Tous les pays ne sont pas aussi grands que le Canada et aussi variés que la France.» ; -—— Pére Ambroise, merci pour cette entrevue et bon succés dans vos.tournées de. contéren- ces. ? Claude Lacombe ®@ Le samedi 7 juillet 4 20h 30, juste avant le film /es Beaux Dimanches de Richard Martin d'aprés la piéce de Marcel Du- bé, présenté dans le cadre de Cinéma canadien, on pourra voir un court documentaire de |'Of- fice national du film intitulé Be- noit. Réalisé par Beverly Shaf- fer, gagnante d’un Oscar lI'an- née derniére, ce film fait partie de la série Children of Canada. «Moi, mon fort, c'est le violon». Ainsi s'exprime Benoit Lajeu- nesse, un petit Québécois de onze ans. En effet, il joue bril- lamment de cet instrument avec Orchestre symphonique des jeunes de Joliette, mais ne dé- daigne pas pour autant, les sa- medis soir, faire danser des couples de l'Age d'or, au son d'un «reel» enlevant. Benoit lé- ve aussi des poids et haltéres, sert la messe, invente des nou- veaux tours au billard et adore aller aider un fermier du voisi-. nage. Benoit. s'adresse certes, avant tout, & un public de jeu- nes ici et ailleurs, qui naturelle- ment savent s'émerveiller a la découverte de |'un d’entre eux. Mais le charme émanant de Be- noit en fait un film qui saura tout autant séduire leurs ainés. : ee > ates sialliguliipice es