2 __Le Soleil de Colombie, Vendredi 18 aoat 1978 LE ce ay L DE COLOMBIE LE MINI-QUOTIDIEN DE LANGUE FRANCAISE DE LA COLOMBIE-BRITANNIQUE Directeur: André Piolat Rédacteur: Jean-Claude Arluison Mise-en-page: Richard Lussier Secrétaire: Lyne Paradis . eEKKK PUBLIE PAR LE SOLEIL DE COLOMBIE LTEE, 3213, rue Cambie, Vancouver, C.B., V5Z 2W3 Téléphone: 879-6924 Courrier de deuxiéme classe | sous le numéro d’enregistrement 0046 € EDITORIAL Au compte-gouttes Lundi 27 septembre 1976: un grand jour pour les Franco-colombiens. Nous l’avions enfin, cette fameuse télévision francaise. I] avait fallu se a démener pour rallier les “pour” dans une croisade contre les “anti”. Et 3 c’était la victoire, et le plaisir de suivre les premiéres émissions, de regarder a le premier Téléjournal. a Une seule ombre au tableau, une seule déception: il avait été question d’avoir, dés le début de la station, 4’ heures de programmation locale [Pavait-on bien entendu, ce chiffre, ou l’avait-on révé?]. En réalité, les émissions locales s’étaient limitées 4 un bulletin de nouvelles de dix lH minutes, chaque soir, Edition Pacifique. Radio-Canada avait expliqué que q a les restrictions budgétaires en étaient la cause. Les Franco-colombiens q LES HEBDOS Pe es tn Presse | s’étaient résignés... ils sont patients. D’ailleurs, cette situation ne devait 4 REGIONAUX francophone Hors-Québec . étre que temporaire, et au bout d’un an, la programmation devait étre — accrue. a Le deuxiéme anniversaire de CBUFT approchant a grands pas, et la 4 programmation locale se limitant toujours 4 Edition Pacifique, M. Jean a Riou, directeur général de la Fédération des Franco-Colombiens, s’éleva contre cet état de choses, dans une lettre adressée a M. Johnson, président de la Société Radio-Canada. | Pensez aux petits La réponse est venue de M. Jean-Jules Trudeau, représentant de Radio-Canada, qui a annoncé qu’a partir du mois prochain, la programma- tion serait portée 4 65 minutes. Pas 65 minutes par jour, non! 65 minutes... par semaine! Notre bulletin de nouvelles ne dépassera pas ses dix minutes quotidiennes; cette augmentation sera due a la création d’une émission © 4 hebdomadaire de quinze minutes. C’est a l’automne 1979 que la durée _La tyrannie restera toujours la tyrannie Au commencement, il y avait les Nantis et les Dému- nis. Les Nantis vivaient con- fortablement du produit de leurs investissements, qui consistaient notamment en usines ott les Démunis suaient sang et eau pour des salaires \ de misére. Ils finirent par en. q avoir assez et exigérent une rémunération équitable pour leur travail. Progressivement, ils obtinrent le droit de for- mer des syndicats — et d’ac- quérir ainsi un certain pou- voir. ; Le pouvoir ,c’est une chose dangereuse, car il entraine la corruption. Et le pouvoir ab- solu est générateur de corrup- tion absolue. Par conséquent, plus le mouvement syndical s’est approché du pouvoir absolu, plus il s’est écarté de son objectif initial, 4 savoir établir l’égalité entre les tra- vailleurs et les employeurs. La dénaturation des buts syndicauxest dangereuse,ain- — si que le montre le Rapport de la Commission Cliche sur la criminalité au Québec. D’aprés le juge Cliche, un di- rigeant de la FFD, Yvon Du- hamel, serait entré dans une rage folle en apprenant que quelques membres d’un syn- dicat rival participaient au . Projet de la Baie James. Le 21 mars 1948 il aurait déclen- ché une émeute provoquant des dégats d’un montant de 33 millions de dollars (aux frais des contribuables qué-. bécois) et des retards impor- tants. La section locale 791 de la FTD aurait, par la suite, félicité Duhamel “de l’excel- lent travail accompli pour la section et pour tous ses mem- bres.”” : Dans le sud-ouest de 1’On- tario cette année, les Travail- leurs Unis de l’Automobile _ déclenchérent une gréve con- tre Fleck Manufacturing, compagnie qui refusait de procéder a un prélévement obligatoire de cotisations pour le syndicat. Ce dernier, renforcé par des ouvriers d'une usine Ford des envi- rons, constitua des piquets de gréve. Malheureusement, comme Fleck partage un complexe industriel avec d’autres firmes, leurs emplo- priorités. d’Edition Pacifique sera portée a quinze minutes. Il n’y a pas la de quoi allumer des feux de joie. C’est vraiment au compte- gouttes que la Société Radio-Canada semble espérer satisfaire nos besoins. Est-il nécessaire de lui rappeler que la situation des Franco-colombiens est loin d’étre brillante et devrait figurer en bonne place sur la liste de ses. Jean-Claude ARLUISON yés furent également affectés — par I’action du syndicat. Le statut juridique de la violence syndicale est inté- ressant. Exception faite de quelques provinces, parmi lesquelles la Colombie-Bri- tannique, les syndicats ne sont pas considérés comme entités juridiques. Is jouis- sent donc de divers priviléges — notamment le droit de pa- ralyser une compagnie — tout en ne devant respecter que trés peu d’obligations. Au contraire des compagnies et des particuliers, qui peuvent étre poursuivis pour les mémes délits que ceux com- mis par les syndicats, ces der- niers n’ont rien a craindre dans la plupart des provinces. Méme dans celles qui per- mettent de les poursuivre, il en résulte un cout que doi- vent supporter les autres pro- vinces plus libérales. Chaque acte illégal entraine tot ou tard des conséquences finan- ciéres pour les consomma- teurs, espéce que I’on re- trouve généralement dans toutes les parties du pays. Les syndicats ont un réle 4 jouer, méme s'il n’est plus aussi important qu’autrefois. Cependant, les droits qu’ils exigent doivent s’accompa- gner de responsabilités socia-: les définies par la loi. On ne: gagne rien 4 échanger la ty- rannie du capitalisme contre la tyrannie des syndicats. *Pensez aux petits” est un message adresse sous forme d'éditorial parla Fédération canadienne de "entreprise indépendante Rapport final M. Hubert Gauthier fut, pendant deux ans, directeur général de la Fédération des Francophones Hors Québec. (Suite’) 1. Dénorcer fimmoralité de notre situation: 4 cause de notre contexte historique, il n’est pas étonnant de voir plusieurs politiciens nous ac- cuser de vivre dans le passé, car ils se donneraient plus facilement-bonne conscience. Tous les gouvernements sont coupables d’un vérita- ble génocide ayant comme résultat l’effritement de nos communautés. Ils le savent et c’est a nous de |’exploi- ter. 2. Exposer notre situation actuelle: elle est trés claire et nous indique |’urgence du probléme. Nous avons des problémes d’envergure qui doivent étre traités par des moyens d’en- vergure. Nous serons toujours ac- cusés de vouloir aller trop vite, mais notre réalité nous impose un tempo qui doit dépasser toutes les autres considérations telles que les restrictions budgétaires, “backlash”, contraintes de temps. Nous avons suffisamment de boulets au pied sans s’en, ajouter volontairement. 3. Le contenu et son impor- tance: en réalisant qu’il y avait autour de nous plu-. sieurs interprétes de notre réalité, nous avons df déve- lopper notre propre capacité de recherche et d’analyse. Trop longtemps nous avons sous-estimé le bien fondé de nous doter de bons mécanismes qui alimente- raient toutes nos associa- tions au niveau du contenu. Nous avons nettement dé- montré qu’avec de bons dos- siers, nous pouvons pousser nos exigences plus loin, plus - vite. Sur le plan national, nous nous sommes vite ren- dus compte que des “‘criti- ques vides” deviennent rapi- dement désuétes. 4. Le redressement de notre colonne vertébrale: voila un moyen que nous contrélons! Il s’agit principalement de démontrer, a chaque occa- sion qui nous est présentée, notre fermeté dans la pour- suite de nos objectifs. C'est une attitude, un style, une fagon de procé- der que nous devons déve- lopper. Nous devons créer | une mentalité de “francopho-. nes exigeants qui ne seront satisfaits que par des vraies solutions”. L’effort immédiat de cette attitude commandera un plus grand respect a notre égard. 5. Notre prise de parole: un deuxiéme outil que nous contrélons! Ce droit a la parole doit étre utilisé constamment pour dire no- tre condition déplorable, dé noncer ceux qui nous utili- sent gratuitement et propo- ser nos options. C’est nous qui devons décider quoi dire, quand le dire et a qui le dire — et ca en fonction de nos objec- tifs et de nos intéréts. . Notre prise de parole obli- ge continuellement les au- tres a tenir compte de nous. Finalement, la prise de paro- le efficace présuppose que l’on assure l’intégrité de notre message tant par le contenu, le ton, la pertinen- ce et la conséquence logique. 6. Notre vigilance: autre moyen que nous contrélons! Nos intéréts doivent étre étroitement surveillés, car en situation de minorité, nous ne pouvons pas nous fier aux autres pour com- prendre et encore moins pro- mouvoir notre développe- ment. 7. Définir nos besoins: il est impératif que dorénavant, nous puissions déterminer “Vidéal” pour nos commu- nautés. Il n’y a que nous qui puissions connaitre 4 fond les implications de tous nos problémes. Tl ne faut donc pas laisser a d’autres ce qui doit étre notre premiére préoccupa- \ tion. 8. Notre visibilité: nous de-- vons nous manifester ouver- tement afin d’obliger toutes les autorités 4 discuter pu- bliquement de nos besoins et des solutions qui s’imposent. Il faut que les discussions concernant la francophonie hors Québec sortent. des antichambres, des coulisses, des comités secrets. Enfin, il s'agit de sortir de cette clandestinité trop souvent entretenue et que favorise le statu quo plutét que le déve- loppement. C’est pourquoi, nous devons maintenir une approche qui favorise un trés haut degré de visibilité. Toutes les parties en cause doivent alors “sortir du bois” et se prononcer d’une facon ou d'une autre. Le simple fait d’agir ouvertement, est en soi un élément addition- nel de pression. 9. L’opinion publique et les média: l'utilisation efficace des média est indispensable si nous voulons maintenir notre visibilité et influencer l'opinion publique. I] ne faut surtout pas sous-estimer leur trés grand impact poli- tique au niveau des franco- phones hors Québec. Il faut donc cultiver, batir des con- tacts solides, donner de I’in- formation réguliérement. aux journalistes importants. [ A SUIVRE ] ' TS ee ee ae Peat WOE A ee Ee sea ln ve oe