I el 12 Le Soleil de Colombie, Vendredi 3 Juin 1977 Pendre la crémaillére par Roger DUFRANE “Tiens, donne-moi encore un coup de sang!” Mon copain parisien tendait son verre 4 mon copain espagnol qui lui versa une nouvelle rasade de Sangre de Torro. Quand je dis mon copain parisien. c’est 14 une facorn de parler. Comme la plupart des Parisiens. c’est un Frangais de province tout frotté de l’air de Paris, ce fluide mystérieux et subtil qui donne de l'esprit 4 en revendre. Nous étions attablés dans une grande cuisine-salle 4 manger. Quant aux femmes, aux rares instants ob nous arrétions de discuter et de nous esclaffer, nous les entendions rire en sourdine. Filles nous écoutaient, les fines mouches, dans une vaste salle 4 manger. la vraie, celle de cérémonie. Et en quel honneur ce diver- tissement? Nous pendions la crémaillére. Cette expression désigne, comme on sait. un diher a la bonne franquette offert par un amia l’oceasion de son emmé- nagement dans une nouvelle maison. Qui étions-nous? Outre les enfants jouant au rez-de- chaussée, une vingtaine de convives, hommes et femmes, séparés 4 la maniére des Turcs pour la commodité du service et le plaisir des tartarins que nous sommes tous. “Moi, commenca |’Espagnol, je ne me plairai jamais au Canada, Couleur et gaité de l’Espagne. Musique et danse.’Vins et seno- ritas.” Nous Pécoutions bouche bée. — Sa fougue électrisante nous em- péchait de la contredire. Tout au plus répliquai-je: “Moi, ce qui m’irrite dans mes promenades a4 Vancouver, c’est de ne jamais rencontrer person- ne. Dans les rues de France et de Belgique, on éprouve du plaisir 4 s’observer les uns les autres.” Mon copain parisien m’inter- rompit: “On se regarde sans pouvoir faire autrement, tant c'est surpeuplé. Pour moi, j'aime le Canada et j’y reste. En France, je ne gagnerais pas la moitié de ce que je gagne ici.” Je l’approuvais dans mon for intérieur. Et je concevais en méme temps combien il est difficile de définir un patriotisme canadien. Comment. attendre de nous un amour désintéressé, alors que nous sommes venus ici pour les dollars? D’ailleurs, mé- me avec un bagage de regrets, on se laisse peu a peu envoiter par cette immense pépiniére de beaux paysages. On finit par aimer ce pays ot |’Etat vous laisse aaaffiter a votre guise votre destin, et ot les gabelous vous ignorent, tant que vous payez vos impéts. Nous en vinmes a parler du Québec: “Moi, dit quelqu’un, si le Québec se sépare, je m’en fiche!” Or je percevais dans la voix de mon interlocuteur une nuance de repentir. “Parle tant que tu veux, me disais-je. affirme, contredis, emballe-toi. je ne te prendrai pas au sérieux. Ce que tu avances, tu n’y crois déja plus. Et en bon chevalier latin tu combats, selon ton caprice, sous différentes armures.” “La menace de séparatisme existe aussi ailleurs. remarquai- je. Exemple: la Belgique et la Wallonie. La-bas, la faute vient des Flamands. Ils empiétent, aux alentours de Bruxelles, sur des régions francisées depuis le dix-septiéme siécle. Les Fla- mands, voila les empécheurs de tourner en rond!” Soudain j’entendis la voix de ma compagne flamande, qui depuis un moment de décochait de la salle 4 manger d’impérieux coups d’oeil: “Hola! Hola mon ami! A ton aise!” Cette intervention me calma et je me contentai dés lors d’écouter les souvenirs de voya- ges. Les propos étaient gais, quoique teintés de nostalgie: — Moi quand je suis retourné l'année derniére dans mon villa- ge, je n'y ai reconnu personne. Un peuple d’intrus envahissait les rues de mon enfance. Je me suis cru spolié de mon héritage. Livres neufs et usagés en vente A PRIX REDUIT EN FRANCAIS! Tm un A Librairie “LE SOLEIL” 3213 rue Cambie, Vancouver, C.-B. Tél.: 879-6924 ~ — Et moi, lors d’une visite au pays, j'ai pensé rencontrer une ancienne bonne ami: mémes cheveux blonds, mémes yeux de. bluets, mémes fossettes aux coins des lévres. Une superbe cavale! Et c’était sa fille! Le Parisien parle de Puteaux et de Suresnes. Je revois la _ Seine et ses ponts, et au tréfonds de ma mémoire une voix lance d’une terrasse: “Patron, un per- niflard!” L’Italien parle. Il évo- que des chasses canadiennes; les chevreuils suivis 4 la piste et les bivouacs au clair de lune. Je ferme longuement les yeux et je © me rappelle, contemplé d’une fenétre de train, un ours brun dans la plaine, rapetissé comme un nounours d’enfant par la ‘distance, et qui débout comme un bambino cueillait des baies 4 un arbuste. Horaire et lieux de la tour- née de la Troupe de la Seiziéme dans les écoles de Ja région de Vancouver. La piéce s’intitule “Le Mysté- rieux Signe du Cygne” et la mise-en-scéne est réalisée par Maurice Méloche, qui est l’au- .teur de la piéce, et Thérése _ Champagne. | 3 Juin a 14h00 — L’Ecole Hastings, 200 Penticton Suda Vancouver. 6 Juin a 18h00 — L’Ecole élémentaire Alderson, 800 rue Alderson a4 Maillardville: 7 Juin a 9h00 — L’Ecole Glenay- re, 495 Glencoe Drive a Port Moody 7 Juin a 13h00 — L’Ecole élémentaire Centennial, 2260 Central Ave. 4 Port Coquitlam. 8 Juin a 9h30 — L’Ecole Park- land, 1563 Regan, 4 Coquitlam. 8 Juin 4 13h00 — L’Ecole Notre-Dame de Lourdes, 1189 rue Rochester 4 Maillardville 9 Juin 4 9h30 — Ecole St-Sacre- ment, 3020 rue Heather, a Vancouver 10 Juin 4 14h00 — L’Ecole Elémentaire Burquitlam, 550 RUE Thompson a Coquitlam. 11 Juin — Au Café BAAZAR durant la soiré (le Café BAAZAR est situé au coin’ des la 128me Avenue ouest de la rue Ash a Vancouver). 13 Juin a4 14h00 — a l'Ecole élémentaire Moody, 2717 rue St-John a Coquitlam. 14 Juin 4 14h00 — 4a l’Ecole Shaughnessy, 4230 rue Margue- rite 4 Vancouver. 17 Juin 4 13h00 — York House, 1500 King Edward a Vancouver. 21 Juin 4 14h00 — Ecole Jamie- son, 6350 rue Jamieson a Van- couver. 23 Juin a 10h00 — Il’Ecole . Bilingue, 1545 Ouest 62é¢me ave- nue a Vancouver. 24 Juin a 14h00 — Il’Ecole Elémentaire Queen Mary, 2000 rue Trimble 4 Vancouver. 25 Juin — PARTICIPATION A LA FRANCOFETE 27 Juin a 14h00 — !’Keole Henry Hudson, 551 Avenue Cypress a Vancouver. FH PS A FS CaS ae a a 3 Arrétez le fléau. Donnez géné- reusement a la Fondation des maladies du coeur. SEEEEEEEESELELELELELETSE co SEECECELELELELELELESESE PRESS KIT Groupe de documents généralement insérés dans une pochette plus ou moins luxueuse et destinés 4 renseigner les journalistes sur un sujet donné. Le contenu comprend notamment un ou plusieurs communiqués, des notes explicatives, des photos, des esquisses, des documents publicitaires, etc. Traduction: CAHIER DE PRESSE Ex.: On a remis un CAHIER DE PRESSE aux journalistes lors on panachage de I’édifice. BARRE Langlais [chocolate] BAR se rend en francais par TABLETTE [de chocolat].Le mot BARRE s’emploie quelquefois en francais pour -désigner une portion transversale de la tablette de chocolat. [FAUTE] Il n’aime pas les BARRES de chocolat aux noix. [CORRECT] I n’aime pas les TABLETTES de chocolat aux noix. MANIFOLD Assemblage de feuilles de papier et de feuilles de papier carbone prétes a étre utilisées pour établir des doubles de documents. . Traduction: LJASSE. Réf. Grand Larousse Encyclopédique NOTE - MANIFOLD figure au Grand Larousse comme synonyme de LIASSF. Le Robert mentionne aussi MANIFOLD. DANS ““Représentant dans le tapis” Le francais emploie de préférence EN & DANS pour exprimer la spécialité d’un agent. EN marquant un rapport moins concret que DANS, il convient mieux a cette fonction. [FAUTF] TI est représentant DANS le tapis. [CORRECT] I est représentant EN tapis. Observation:Dans une annonce d’emploi, on peut d’ailleurs se dispenser de Ja préposition: Importante maison de tapis cherche un - représentant. Une collection de précieux souvenirs Cherchez-vous la liste des immigrants que tel paquebot italien a amenés au Canada? Une bible de famille ukrainienne? Un numéro du Canadian Hungarian news datant des années 30? Adressez-vous alors aux Archi- ves ethniques nationales; elles constituent une mine de rensei- gnements et de souvenirs sur les groupes ethnoculturels du Cana- da. D’année en année, des centai- nes d’historiens, de généalogis- tes et de chercheurs passent au crible les millions de pages que conservent les Archives; ils peu- vent ainsi consulter des docu- ments qui vont de 1500 a 1977. Rien a voir avec l'image tradi- tionnelle des vieux. registres poussiéreux et moisis — paradis des toiles d’araignées — que seuls consultent parfois quel- ques dévots historiens. Au contraire, ce sont des témoigna- ges de la vie quotidienne: corres- ~ pondance familiére, journaux in- times, bibles de famille, albums de croquis, tableaux. photos, films et enregistrements sono- res. Découverte intéressante Encore tout récemment, les Archive’ ethniques nationales se sont révélées d’un grand secours pour le cinéaste canadien Brian Nolan. Fn faisant des recherches pour un documentaire sur les camps d’internement des Japo- nais au Canada, M. Nolan a découvert prés de 5 000 pi de pellicule d’un film passionnant et unique sur la vie des Japonais dans l’ouest du Canada, entre 1932 et 1950. “C’est pratiquement le soul qui existe sur la vie des Japonais pendant cette période. explique M. Nolan, et bien qu’il s’agisse d’un film d’amateur, il est, d’une telle qualité qu'il défie toute critique. II s’agit 14 d’un trésor.” Ce film, quoique assez vieux, est parvenu aux Archives en excellente condition: toutefois, ce n'est pas toujours le cas. C’est pourquoi il existe aux Archives une section spéciale de conserva- tion et de restauration; elle s’efforce d’assurer la préserva- tion des documents pour les générations futures. L’équipe du service de réfé- rence répond aux lettres qui lui sont adressées. De plus, une partie de la collection. microfil- mée, peut étre empruntée par les chercheurs, par l’entremise des bibliothéques de tout le Canada. p, . 3 La recherche médi- cale moderne a permis de mettre au point des médi- caments pour le traitement dun grand nombre de ma- ladies. Il est merveilleux de savoir que !’on peut soula- ger la douleur, la dépres- sion, Vinsomnie et méme un simple rhume en cro- quant une pilule. Mais cela comporte certains risques. S’il vous faut prendre des médicaments, exercez de la prudence.