page 4 L’APPEL Avril 1967 Au seuil du deuxieme e centenaire A notre point de vue il y a deux paliers politiques qu'il faut considérer, au Canada, quand on veut sonder la réalité. Il y a le palier du “power struggle” qui se joue entre politi- ciens, corporations, hommes d’affaires, haut- financiers, etc., et qui se traduit par loppor- tunisme du moment a gagner une manche. C’est, de fait, le jeu des forces qui puisent au “bien commun” pour assurer leur propre hé- gémonie. Ca se voit au niveau des luttes inter- syndicales, dans les conflits entre patrons et ouvriers, dans nos parlements ot plus des trois-quart du temps est utilisé 4 préparer la position des partis en présence au cas d’une élection hative. CA se voit aussi ailleurs, dans des domaines aussi inattendus que celui des religions, des associations de bienfaisance, des mouvements d’éducation, ete., dont nous évi- terons de parler parce que ce serait étendre indfiiment le sujet. On se retrouve devant le méme phénoméne dans la complicité du silence sur les sujets & controverse. Ignorer un pro- bléme dans Vespoir qu’il disparaitra de lui- EDITORIAL... (suite de page 3) francaises. Mais, il semble que la solidarité ministérielle n’était pas acquise sur le sujet. La diversion s’est faite par un débat animé au sujet des écoles confessionnelles. Le gou- vernement a réaffirmé son opposition a toute dissidence. Au moment ou nous écrivons ces lignes tout n’a pas été dit. Chez nous, contrairement aux autres provinces de l’Ouest, la langue instruction n’est pas mentionnée dans la loi scolaire. Il suffirait, apparemment, qu’une commission scolaire manifeste le désir d’établir une ou des écoles oti la langue d’enseignement serait francaise et le ministére ne s’objecterait pas. Ceci laisse la porte ouverte. Les conjectu- res sont toutefois plus nombreuses. La me- sure dans laquelle nous profiterons de cette ouverture dépend maintenant presqu’entiére- ment de nous. On pourra l’appeler l’opération “boot strap”. Enfin, qui vivra verra! Entre-temps, il n’est pas exagéré de dire, avec Mme Chaput Rolland: “la démocratie est bien malade au Canada”. Quand un peuple est obligé de définir et de redéfinir ce qu'il entend par égalité civile; quand il est obligé de toujours répondre 4 la méme question qui nest pas posée avec sincérité: “What do you want?”, par les mémes gens qui s’appitoyent (est-ce sincére?....) sur Vinégalité des noirs aux Etats-Unis; par ces mémes gens qui étai- ent préts A courir au secours des Esquimaux du Nouveau Québec, il y a deux ans, de peur que la juridiction du Québec ne lése leurs droits culturels, (que font-ils, eux, pour les droits culturels des Indiens et des Esquimaux ailleurs?) on peut légitimement se demander laquelle des deux définitions est la plus juste: hypocrisie ou ignorance. —Roméo Paquette. méme est l’une des grandes vertus de ceux qui sont en place. Ce sont 1a les principaux as- pects de ce qui s’appelle aussi les “power poli- ties”. C’est ce qui a caractérisé lévolution ca- nadienne au cours du premier centenaire de la confédération. Mais, la présence d’un autre palier se fait de plus en plus sentir. C’est celui qui, utilisant les mémes armes que autre, est surtout mo- tivé par le souci du bien commun. Une con- science plus universelle de la complexité des sociétés humaines semble étre la qualité qui se retrouve chez un nombre grandissant de la nouvelle vague. Dans le domaine qui nous in- téresse le plus, la politique, nous aimerions at- tirer attention sur le Premier Ministre actuel du Canada, l’Hon. Lester B. Pearson. Pour les les traditionalistes qui comparent encore l’au- torité avec l’inflexibilité, L. B. Pearson n’est pas trés haut coté, mais, comme le disait, Gor- don Pape, du Montreal Gazette, pour ceux qui voient la réalité délicate du probléme de V’uni- té canadienne, les historiens futurs Iui donne- ront probablement la place la plus importante. Il faut aussi mentionner Hon. Jean Mar- chand, Ministre de Vimmigration et de la main-d’oeuvre. Il aurait sirement été plus fa- eile, ponr lui, d’occuper un haut poste dans Varéne provinciale, mais, il a choisi d’aller dé- fendre une cause la oti les perspectives d’une solution ont plus de chance de s’établir par le dialogue que le monologue, et par l’action plu- to que par la réaction. Deux autres noms sont dignes de mention: ceux du premier ministre de Ontario, M. John Robarts, et, du premier ininistre du Manitoba, M. Duff. Roblin. Ces hommes, et plusieurs autres qu’il serait trop long d’énumérer, ont fait preuve, 4 nos yeux, d’un courage digne de Vhomme d’état de Vavenir. Is ont su rallier le sens pratique de celui qui plonge malgré les imperfections du systéme, avec la détermination de contribuer a établir une meilleure conception de la justi- ce et de la démocratie. Quelle que soit Voption éventuelle de notre constitution canadienne, ce sont des hommes qui la rédigeront. Si la qualité de ces hommes est & la hauteur du défi qui leur sera lancé, il est permis d’étre optimiste. C’est de Vopti- misme que nous exprimons. LE FRANCAIS a LA TELEVISION ATTENTION —— ATTENTION Syntonisez votre canal 2 tous les diman- ches & midi pour une demie-heure de franche gaieté en compagnie de Domini- que Michel et Denyse Filiatrault, dans “Moi et les Autres”. Pour les plus roma- nesques suit ‘Le bonheur des autres.” Avec les célébrations du centenaire sur- veillez votre horaire des programmes té- lévisés, car parfois il sont présentés plus té6t ou plus tard. Merci. P@PP PPP IPP PPP LP PPP PPP PP PPPPPP IPP PPP PPP PPP PAP PPP PPP