} } . ile. 7” mai 21980. | Varanasi-Calcutta, d’une durée | d'une heure et quarante, est | comparable a un long séjour en i chambre froide. Habitué a la ' chaleur torride de 1’Inde, jai ' beau enfiler mon imperméable, eux-mémes mon ticket : _ Par Jean-Claude Boyer Le vol m’emmitoufler dans une couver- ture de laine, je grelotte encore. L’aéroport de Calcutta deviendra donc chaleureux malgré lui. La prolongation de mon visa de trois mois spécifie que je dois quitter le pays au plus tard le 9 mai. Je ne peux donc me permettre de passer plus de deux jours avec les Chowdhury la famille bengalie amie de mes amis missionnaires de Bangalore qui m/’a offert l’hospitalité. En déposant mon sac a dos a la consigne, un préposé me demande si j'aime 1’Inde. Je lui réponds : «I love zt and I hate tt at | the same t¢me.» I] me presse alors de lui expliquer pourquoi J hate zt. Je lui résume, entre autres, mon aventure de café drogué. Il la répéte a ses compatriotes dans leur langue maternelle. On se montre aussitét plein d’égards a mon endroit : en plus d’inscrire minutieusement dans un grand _cahier la liste de mes objets précieux, on va jusqu’a me trouver deux étudiants-porteurs qui m’accompagneront jusqu’a la famille amie. Ces jeunes m’offrent d’abord un souper-pas-trop-épicé dans un fouillis serré d’abris-restaurants, en face de l’aéroport. Les fanaux, le plancher de terre battue, la musique indienne, l’absence de, - | femmes, l’ambiance de kermesse, tout est exotique. Seul occiden- tal, je suis, bien sar, le centre @attraction. On multiplie les gentillesses. J’ai encore soif? Voici un autre campa-cola. Voici également, pour terminer, une feuille d’arbre pliée en quatre sur diverses essences que l’on suce comme un bonbon. Mes deux guides me _ font ensuite monter dans un bus en bois archiplein - certaines banquettes sont réservées aux femmes. Ils insistent pour payer 5 cents pour une heure de_ trajet! (J'apprendrai qu’ils ne gagnent que 20$ par semaine.) Pluie battante qui semble un peu perdre de sa violence au moment ou nous descendons. Je reste sous un abri avec l'un de mes compagnons tandis que l’autre se met ala recherche du logis de mes hétes. En attendant le retour de l’éclaireur, je vois passer les premiéres rickshaws, taxis a traction humaine typiques de Calcutta. Les coureurs maigre- lets vont et viennent, pieds nus, comme des ombres furtives. Une bonne marche 4 travers les flaques d’eau, et nous voila enfin arrivés. La famille Chowdhury m’ac- cueille, me semble-t-il, comme un fils ou un frére qui revient de loin; ils sont au courant de mon aventure de café drogué. (Le pére a joué pendant dix ans pour l’équipe nationale de football du Pakistan Oriental - aujourd’hui Bangladesh; son épouse me rappelle la bonne mére canadien- ne francaise d’autrefois. Leur fille, championne de basket-ball, et leurs deux fils sont étudiants a Puniversité. Beaux, simples et bons suffit a les décrire tous les ‘cing.) Collation, puis adieux a mes deux samaritains qui refusent avec indignation le pourboire que je leur offre. J'ai gaffé. Je m’endormirai aisément, dans un bon lit douillet, au coeur de la métropole indienne oi des centaines de milliers de sans-abri couchent dans les rues. Le lendemain 8 mai, anniver- saire de Tagore, fils de Calcutta, toute la ville est en féte. Joy, le benjamin, étant en congé, il se fait un plaisir de me servir de guide. Dix pages ne suffiraient pas pour détailler mes observa- tions ; jem’en tiendrai donc a une description impressionniste. accompagnant une dépouille mortelle. A la gare, c'est une marée humaine qui _ nous submerge. Nous nous postons prés d’un mur pour observer cette foule mouvante. Devant nous, un bambin nuet une jeune Indienne qui, soudain, se mouche avec ses doigts. Au plafond, les ventila- teurs, rangés comme pour la bataille, s’acharnent en vain a combattre la chaleur suffocante. Récit d’un tour du monde O Calcutta! SO po a Tagore - Victoria Memorial de Calcutta. D’abord, l’obtention de mon _ visa bangladeshois, qui, je n’en reviens pas, se fait vite et bien. Ensuite, l’envoi d’un colis au Québec : achat d’un tissu pour l'emballage, couture, cachets sur de la cire, formulaires collés et cousus poids, cout, formule - écrits sur le tissu - certifiant que le contenu n’est pas commercial, formulaire arraché et remplacé par un autre, timbres... Une corvée de prés de deux heures! En sortant de la poste, un rat mourant... Joy affirme avoir vu mourir un pauvre vieillard dans larue, il y a quelques jours. Nous passons devant l’un des couvents de mére Térésa et croisons deux de ses religieuses. - Suite la visite -d’un quartier cauchemardesque : un monde fou, une pauvreté indescriptible, des’ animaux efflanqués, un immense dépotoir. Des gens s'affairent autour de précieux jets d’eau, symboles de la survie. Puis nous nous entassons dans un tram jusqu’a la gare. En traversant un pont, j’apercois un. véritable squelette ambulant. Et, dans la cohue, un cortége d’hommes Une fanfare en uniformes blanc sale réussit 4 se frayer un chemin - Dieu sait comment - 4 travers la foule. Des miséreux sont allon- gés, l’air hagard, autour d’une pile de bambous. «Sortons, suggére mon guide, pour éviter la ruée de 4h00!» Et moi qui croyais avoir vu le pire. Nous voila maintenant sur le bac. Toujours trop de monde. Un petit Indien y vend a l’unité des bonbons non enveloppés. Nous piquons ensuite a travers un grand parc. Jesalue au passage la gracieuse et grassouillette reine Victoria. Rafraichissements, sur un banc brilant, prés d’une partie de football. Pagode thailandaise. Joy me fait ensuite passer par ce qu'il appelle un one-man lane, sorte de ruelle ot lon ne peut pas se croiser, l’un des piétons devant reculer jusqu’a la sortie pour laisser passer l’autre. Puis je parviens 4 monter ° de force dans un bus (j’y perdrais connaissance que je resterais debout!) tandis que mon compagnon s’accroche tant bien que mal 4a Jextérieur. A l’avant-dernier arrét, il vient me crier, de l’autre c6té du bus : Get off next stop. On doit me pousser pour m’aider 4 sortir. Le lendemain, longue prome- nade dans un quartier musulman extrémement pauvre, avec Joy - il a sa matinée libre. Tout, ici, pourrait servir de modéle 4 un peintre de la misére humaine. Déchets recouverts de corneilles. Des gamins s'amusent 4 se lancer un rat par la queue. Une vieille (jeune?) Indienne décharnée, un bambin sur la hanche, remplit un panier de papiers malpropres pour le recyclage. Nous descen- dons ensuite dans une station de métro moderne et... déserte, sans doute un luxe pour la majorité. Et enfin, visite du New Market qui n’a de nouveau que le nom. Retour a l’appartement des Chowdhury en rickshaw. Avant que notre chauffeur se mette a courir, je demande a mon guide de prendre une photo de nous deux, lui entre ses brancards, moi sur ma banquette rouge de riche; en arriére-plan, un mur tapissé d’affiches de cinéma flamboyantes invite a oublier lindigence. Le brave Indien parcourt les quelques kilométres pieds nus, dégoulinant de sueur. Joy me trouve généreux de lui donner quatre roupies (a peine 50 cents). La famille Chowdhury me considére maintenant, me sem- ble-t-il, comme un fils ou un frére qui s’appréte déja a repartir au loin. Propos variés sur Calcutta, l'Inde, la religion, le Canada, lavenir des jeunes. Nous tournons les pages d’un album qui fait revivre le passé. Echange de petits souvenirs, prises de photos, et, finalement, repas chinois copieux : Mme Chowd- hury m’a fait avouer, la veille, que ce sont ces plats que je préfére. Expression de ma _profonde gratitude et adieux répétés avant de remonter dans un_ bus archicomble qui me raméne a l’'aéroport. Je m’envolerai vers Chittagong, au sud du Bangla- .desh. Mon séjour a Calcutta n’aura duré que le temps d’un éclair. Jen garde cependant une impression indélébile celle d’une concentration monstre des pires miséres physiques — et morales de l’Homme malgré sa recherche de l’Absolu. uy Quel moude gue le ustre/ LE WOM COMPLET BY PEWTEE PiCASSO ETAIT PABLO DIEGO Jose FERAW- ciSce DE PAULA WA WEPOMUCEWO CRIS - pial CRISPIAIO DE LA SANTI SIMA TRini- PAD RulzZ Y PICASSO. S.0.P. 104 ANTES ee / a oz —<—— =) SS panciracrion