ee oe or tourisme Il y a un siécle, lorsque les ~ vagabonds affluaient dans les Prairies canadiennes et en Colombie-Britannique pour gagner les gisements aurife- res de Barkerville, Téte- Jaune- désignait tout simple- ment le col le plus bas, le plus accessible et le plus fa- cile & franchir a travers les Rocheuses. —~ Aujourd’hui, la Téte-Jaune ‘Test une grande route de con- struction récente qui couvre la moitié d’un continent, per- mettant ainsi aux automobi-: listes de passer agréablement du Canada central a la cote du Pacifique. Mais comme toute grande entreprise, cela ne s’est pas fait tout seul... Il y a plus de vingt-cinq ans, un groupe de ‘Canadiens entreprenants vivant dans les localités voisines du 55e pa- ralléle & travers l'Ouest du Canada formérent une Asso- ciation de la route Téte- Jaune, dans le but avoué de convaincre les gouvernements des quatre provinces de Ouest de construire une route sur le tracé suivant: de Portage - La Prairie 4 Nee- pawa, au Manitoba; Yorkton, Saskatoon et North Battle- ford, en Saskatchewan; ‘Lloydminster a la frontiére provinciale; Edmonton, Edson et Jasper, en Alberta; et par le col Téte-Jaune a travers la Colombie-Britanni- que en deux grands embran- chements, l’un vers Kam loops et l’autre vers Prince- Rupert via Prince-George. Pendant un quart de siécle, ces visionnaires bien détermi- nés firent des pieds et des mains auprés des hommes publics pour obtenir petit a petit la réalisation de ce qui est maintenant lune des plus longues et stirement des plus belles routes de l’Ouest cana- dien. Lorsque la construction de cette route sera compléte- ment terminée, les quatre provinces y auront consacré des millions de dollars. Il se peut que les troncons de la route de la Téte-Jaune se trouvant en Colombie-Britan- nique aient retenu davantage Vattention des écrivains du tourisme parce qu’ils sont en grande partie complétement neufs et traversent certains endroits parmi les plus beaux en Amérique du Nord. Ce nest que le 15 aofit dernier . que le premier ministre Ben- nett a déclaré officiellement ouvertes la Téte-Jaune 16, al- lant de la frontiére de l’Al- berta a Prince George, et la Téte-Jaune 5, allant de Téte- Jaune-Cache 4 Kamloops. Des Prairies -au Manitoba Cependant, d’autres vastes troncons de la route Téte- Jaune, a travers l’ouest du Manitoba et en plein coeur de la Saskatchewan et de VAlberta, passent par quel- ques-uns des endroits les plus pittoresques des Prairies ca- nadiennes. Cela n’est pas trés bien compris par les voyageurs venant d’autres ‘parties de l’Amérique du Nord et qui, n’ayant peut- étre vu les provinces des Prairies que de la route no 1, n’en pensent qu’en termes de “milles et de milles... de mil- les et de milles”. Des collines boisées, des lacs resplendissants, une faune abondante enjolivent la route de la Téte-Jaune sur la “majeure ‘partie de son par- cours a travers les Prairies. En outre, plusieurs villes im- portantes et progressives de VOuest canadien se trouvent le long de ce que ses fer- vents appellent “La route du bonheur’. Autre preuve que la route de la Téte-Jaune ne manque pas de beautés naturelles: il y a prolifération de parcs natio- naux et provinciaux tout le long de son parcours. Riding Mountain, principal pare na- tional du Manitoba, se trouve juste au nord de la Téte- Jaune, tout comme le parc ' provincial de Duck Mountain, sur la frontiére entre le Ma- nitoba et la Saskatchewan. Le pare provincial de Good Spirit Lake est un petit peu au nord-ouest de Yorkton; le pare national Prince Albert est au nord de Saskatoon; et le pare provincial de Meadow Lake n’est qu’a 100 milles au nord de North Battleford. La route de la Téte-Jaune traverse le parc national d’Elk Island, entre Vegreville et Edmonton; Jasper est coupé en deux par la Téte-Jaune, et le pare provincial de Will- more Wilderness, légerement au nord, est accessible par Hinton, Alberta. Le parc pro- vincial du Mont Robson che- vauche l’extrémité est de la Téte-Jaune en Colombie-Bri- tannique. Le parc provincial de Wells Gray — ne comp- tant pas moins de six chutes spectaculaires — est niché le long de la Téte-Jaune 5 de la Colombie-Britannique et ac- cessible via Clearwater; le pare provincial de Bowron Lake est juste au sud de la Téte-Jaune 16, prés de Mc- Bride; et le pare provincial ‘gigantesque de ‘l'weedsmuit se trouve au sud de Burns Lake, également sur la 16. “Nous allons construire une montagne” a-t-on adopte comme chanson-theme a Sas- katoon, ou la plus grosse montagne faite de main d’homme au Canada a surgi pour les Jeux du Canada. Cette: montagne vaut bien qu’on s’y arréte un peu et Sur la Téte-Jaune Jusqu aux Rocheuses... elie est un exemple de tout ce qui vient s’ajouter aux beautés naturelles de la route de la Téte-Jaune, longue de 1900 milles. Pour les centaines de mil- ‘liers de familles qui font du caravaning, la Téte-Jaune est lidéal. Le col, d’une altitude ,de 3,600 pieds, est de beau- coup le plus bas pour fran- chir les Rocheuses. Mais ce ,n’est pas tout. Les. pentes ‘tout le long de la route sont ‘ généralement plusfaciles, moins élevées et plus dou- ces que celles de la Transca- nadienne ou route no J. Sclou des releveés, il n’y a que cua- tre grosses cotes sur la Té- te-Jaune, aucune n’ayant une iélévation verticale de plus de - 400 pieds; par contre, il y a ‘onze cétes sur la no J, toutes ‘de plus de 400 pieds et allant 'méme jusqu’a 2,000 pieds d’é- lévation verticale. I! en va ainsi pour Jes courbes qui sont moins nom- breuses et plus larges le long de la Téte-Jaune. Nonobstant, cette nouvelle route facile ne le cede a aucune autre en, splendeur — le Mont Robson, qui est la pius haute monta- gne des Rocheuses, s’éléve au-dessus de la Téte-Jaune juste a l’ouest de la frontiére entre la Colombie-Britannique et l’Alberta. Une excursion unique Si. vous associez le mot aventure aux seuls voyages interplanétaires, il est temps ee de revenir sur terre. Il y a en effet plus d’un voyage -sur cette bonne vieille terre qui comportent suffisamment de surprises pour émouvoir le plus insen- Sible des voyageurs. Une ex- .cursion autour du plus grand | lac du monde est certaine- ment du nombre de ces voyages sous le signe de l’a- venture. Le plus grand lac est évi- demment le lac Supérieur borné par Ontario et les Etats américains du Michi- gan, du Wisconsin et du Min- nesota. _ D’une — distance de 1,000 milles, cette excursion nest réalisable que depuis dix ans puisqu’il n’y avait auparavant que la route ameéricaine qui permettait de visiter seulement la partie sud du grand lac. Comme au 17e siécle Les: quelque 500 milles de- la route située en territoire canadien n’ont heureusement pas. transformé le bord de ce magnifique Jac en un centre banal de tourisme: Les con- structeurs ont en effet res- pecté la nature a un point tel que l'explorateur francais Etienne Brilé reconnaitrait facilement les‘ paysages rive- rains du 17e siécle. Si le voyageur commence son excursion a Sault-Ste-Ma- © rie, il ne tarde pas a décou- vrir le pare provincial du lac Supérieur ot des chevreuils, des orignaux et des ours ui font un accueil inoubliable. précieuses a aussi Yoccasion de collectionner des améthys- tes que la nature a mysteé- rieusement ‘serties dans le sol. Plusieurs postes de traite de fourrures qui re- montent a lére amérindienne attirent. également le voya- - geur qui revit ainsi une épo- que héroique. A la sortie du'pare, la ville du “canard sauvage”, Wawa en langue Ojibway, porte bien: son nom puisque les ca- nards font toujours une étape dans la région au printemps et a Tlautomne. Wawa a aussi été le site d’une ruée vers lor, en 1898, ce qui ne Ya pas empéché de garder son cadre romantique. De cette ville jusqu’A Ma- rathon, la route s’éloigne du lac Supérieur pour pénétrer profondément dans un pays de montagnes. A White River, au coeur de la région, la population est fiére d’avoir les températures les plus basses du pays, en hiver, ce Ashland | WISCON Sd Newser as qui n’est pas surprenant a cause de la haute altitude de la ville. La région est vraiment Sauvage. Le voyageur qui aime l’aventure est comblé puisque la forét et les hautes montagnes font un spectacle inoubliable. Des bicherons ef des arbres En atteignant Marathon, le voyageur fait un retour a la civilisation. La route longe alors le lac Sunereae jusqu’a la frontiére du Minnesota. La majorité des villes que le touriste tra- verse font surtout l’exploita- tion forestiére. A Nipigon, ce- pendant, la vocation pre- miére de la ville était la traite des fourrures, et il reste des " vestiges de- cette Pe MAD aoe ha ee Mii.C- HG AN époque qu'il est intéressant de visiter. Mais il n’est pas rare de rencontrer a nouveau des animaux au’ bord de la ‘route. Les automobilistes sont (ailleurs appelés a conduire leur véhicule avec une ex- treme prudence. La derniére partie du cir- cuit touristique en territoire canadien a pour attraction principale la ville de Thunder Bay. Cette ville, née de la fusion de Fort William et de. Port Arthur, a le troisiéme plus grand’ port du Canada ‘mal- gré que la population ne soit _ que de 100,000 habitants. Un jardin botanique, un zoo et un pare du Centenaire sont © des sites de grand intérét pour les enfants. A 18 milles de Thunder Bay, il ya les chutes de Ka- ‘L’amateur de pierres semi- _ ON 2 T Ai Red D “Marathon ¥ hy * White, River Parc provincial du lac K- Superieur kabeka qui atteignent une hauteur de 128 pieds. Les hu- — bitants de la région les ap- peilent les “Niagara du Nord”. L’excursion se poursuit en-. suite en territoire ameéricain. La distance est de quelque 600 milles, et elle se fait en grande partie le long du lac Supérieur. Four les amateurs de cam-. ping et de caravaning, cette randonnée autour du Jac Su- périeur est certainement une des plus captivantes du pays, les installations sportives étant fort nombreuses. Il y a aussi de bons hétels, -des auberges et des motels qui rendront le séjour dans" la région tres agréable. Aprés cette excursion, le voyageur réalise que les plus beaux voyages ne sont pas toujours au bout du monde. LE SOLEIL, 2 JUIN 1972, vil