12— Le Soleil de Colombie, vendredi 4 mai 1984 Explorateurs du passé Jacques Cartier Par Alexandre Spagnolo Avant propos La province de Québec sera en liesse du 23 juin au 24 aoat. Pourquoi? La célébra- tion et les festivités du 450éme anniversaire de la découverte de notre vaste pays, en 1534, par le navigateur-explorateur Jacques Cartier, le Maloin, déclaré héros avec un énorme retard, malheureux apanage dun grand nombre d’hom- mes. Nous croyons qu'il serait céans d’intéresser les lecteurs de notre hebdomadaire natio- nal, des faits et gestes de cet homme exceptionnel, passa- blement oublié méme dans son pays natal : quatre siécles et demi, c'est bien loin ... Une publication d’une série d’articles 4 batons rompus, sensibilisera probablement la population francophone tenant a coeur de mettre en évidence nos héros, de ce qu’on leur doit. Des ouvrages sur Jacques Cartier ploient les étagéres de nos bibliothéques municipa- les, mais ils sont d’auteurs anglais, toutefois impartiaux ; pas mal de différents - angles d’optique sur certains faits, certains oublis : notre narra- tion se veut une synthése de sept ouvrages consultés. Qui était Jacques Cartier Né a Saint-Malo, en 1491, avant la retentissante décou- verte de Christophe Colomb. —On a peu de renseigne- ments sur sa famille, si ce n'est qu'il accompagna son pére a la péche en haute mer dans l’Atlantique, considérant que seule cette navigation permet- tait le beurre sur les €pi- nards, non, celle a la décou- verte de terres lointaines, mys- térieuses, au mirage des richesses le jeune fiston n‘était pas de cet avis. Heu- reusement. Dieppe était un grand cen- tre d'études pour la navi- gation d’outre-mer et Jacques le fréquenta devenant un excellent marin. Des _histo- riens affirment qu’a 29 ans, soit en 1520, il aurait atteint les cétes de l’actuelle Terre- Neuve. Réve de monarque Les rois de France, d’Angle- terre, du Portugal avaient lobsession de la recherche d'un passage raccourcissant le voyage vers l’Extréme-Orient, les pays de la soie et des épices, |’Inde et la Chine, outre que celui par le Cap de Bonne-Espérance ou par le Détroit de Magellan. Francois ler, roi de Frante, ne pouvait faire exception, d’autant plus que de ‘terres nouvelles, c’est aussi des-colo- nies, un vaste rayonnement pour son royaume. Des géographes avancaient l'idée que ce passage se trou- vait dans le nord-ouest autour de l’Amérique, ‘ignorant l'immensité du continent. Francois ler, homme. batail- leur, réveur d'un ~ empire, guerroyant par-ci,, par-la, donc finances obérées, fut saisid’une illusion, d'un mira- ge, se rendre maitre de riches- ses possibles, tellement van- tées par les explorateurs espa- guols et portugais, notam- ment. Il décida, par personne interposée, d’approcher Jacques Cartier afin de réa- liser son réve 4 deux volets, le passage et les richesses. Cartier et Chabot fut de de la L’intermédiaire taille, son Amiral Marine Royale, le Comte Philippe de Brion-Chabot (1480-1543), presque peu cité dans divers ouvrages. Quoi-- que pas homme de mer, noble et riche, gouverneur de la Bourgogne : il connaissait bien Jacques Cartier, il le présenta au roi. L’élu n’eut pas froid aux yeux devant son monarque, il dit «Des richesses, des riches- ‘ ses, oui, mais il faut les voir. Le capitaine Verrazzano fut pendu par les Espagnols, il regardait le ciel, pas la terre sous ses semelles. Majesté, Passage ou pas passage de l'Est a l'Ouest la France serait avisée d’occuper |’Amérique du Nord et d’en faire une colonie. Visionnaire, ce gars de Saint-Malo ... Jamais quelqu’un avait par- lé de cette maniére hautai- ne a un roi, ainsi qu’a un puissant amiral. On Jengagea, _‘l’amiral Brion de Chabot, lui dit Capitaine Cartier, la France_ paiera pour vos navires, votre équipage et tout le reste, vous serez récompensé ... ; Premier voyage Avril 1534, Cartier 43 ans, quitte Saint-Malo avec deux petits navires, 60 tonneaux chacun, mais avec des voi- les triangulaires facilitant la manoeuvre et la_ rapidité, méme la sécurité, un total de 60 hommes a bord. A l’approche des cétes qui devaient étre plus tard celles de Terre-Neuve, Cartier entrevit l’embouchure d’un grand canal, il s’écria : Brion- Chabot avait raison, c’est le passage conduisant a l’océan Pacifique, ce ne fut que le Détroit de Belle-Ile.: il vit des Indiens, les prit a bord. Il atteignit; Ile du Prince Edouard, sans nom 4 |’épo- que. Puis la Baie des Chaleurs, sans issue. De nom- breux Indiens entourérent les nouveaux venus blancs qui venaient de prendre pied, heureux d’abord, puis inquiets, lorsqu’ils virent Cartier et ses hommes esca- lader un promontoire et plan- ter une énorme croix de 30 pieds, portant 1'inscription «Vive le roi de France». Ils soupconnérent alors les blancs de vouloir s’approprier leurs terres : silencieux, les Indiens se retirérent vers leurs tentes, puis revinrent avec des arcs, fléches et tomahawks, —Cartier, malin, leur fit comprendre qu'il s’agissait de la pose d’un poteau-repére en vue d’un prochain voyage, ils se calmérent, méme ils per- mirent que deux jeunes des leurs, Taignoagny et Damagaya, puissent monter a bord ainsi que de les emme- ner en France. Le retour Pratiquement, a ce premier voyage, Jacques Cartier n’ex- plora que le Golfe St-Laurent, et les terres avoisinantes, pas beaucoup somme toute. A son retour, le roi Fran- cois ler lui dit : vous étes mon pilote des Mers de l'Ouest. —Le récit de cette primié- re exploration enthousiasma Francois ler, son ambition pour le futur l’exalta. —II ajouta : peut-étre que la voie: que vous avez explorée est celle qui nous conduira au coeur de |’Asie. nous aurons un grand empire. —Peut-étre aurons-nous de telles richesses 4 faire envier a Charles V?. . N’oublions pas que ce roi Charles V d’Espagne fut en lutte ouverte avec Francois ler, qu'il fit prisonnier : il ne se libéra qu’en signant le Traité de Madrid (1526). Jacques Cartier fut égale- ment félicité d’avoir emmené ‘les jeunes Indiens, Taignoa- et Damagaya, qui feraient, en apprenant le francais, d’utiles interprétes. On a souvent attribué aux grands navigateurs, comme aux grands explorateurs d’avoir eu l’esprit mercanti- le : il.ne semble pas que cela fut le cas de Jacques Cartier, quoiqu’on ait mentionné qu'il avait taté de la piraterie envers des navires espagnols. C’était probablement de bon- ne guerre. , : L’entrevue avec |’Amiral Brion-Ghabot eut lieu suivant ce dialogue : «Alors, ce passa- ge que vous avez vu, conduit- il a VOcéan Pacifique?» «Comte, uh homme ne peut savoir ou un chemin finit, s'il ne l’a pas parcouru. Vous me posez une question a laquelle je ne puis répondre.» «Capi- taine Cartier, vous étes tou- jours le méme, réponse a tout ...». : L’Amiral eut tét d’ajouter que le roi Francois ler dési- rait un deuxiéme voyage, au prochain printemps, avec un puissant équipement de navi- res, d’hommes, de vivres, afin de clarifier le mystére qui entoure l’embouchure du Détroit de Belle-Ie et son pro- longement. L’Amiral trouva modeste l’exigence du _navi- gateur, trois navires, une cen- taine d’hommes, il s’attendit a beaucoup plus. (A suivre) — Peut-étre © Un francophone en voyage _ L’aventure mexicaine Par Roger Dufrane. Lundi 12 mars, L’aéroport de Vancouver a neuf heures du matin, atmos- phére dilattente. _‘J'erre, . désoeuvré, d’une boutique a lautre. En contrebas de la grande salle vitrée, les appa- reils, oranges ou blancs, som- meillent avant l’envol. Des véhicules, semblables a des jouets, chargés de bagages ou ventrus d’essence, s’affairent alentour. Dans la salle d’attente exi- gué, une poupée japonaise, aux cheveux de soie noire et aux joues de _ porcelaine, attend elle aussi. Soudain, dune voix fluette et musi- cale, elle annonce 1|’embar- quement. Verrai-je 4 bord des hétesse en Kimono? Non! - Mais mignonnes, tout cour- bettes et tout sourires, en robe bleu marine brodée de fleu- rettes, et a l’heure du déjeu- ner, un- gentil petit tablier bouton d’or. L’aile de l’avion, marquée du disque rouge du soleil nippon, domine _|’échevéle- ment des nuées. Plus ou sud, on apercoit le lacis jaune des routes de Californie; puis la découpure _fantaisiste du pays mexicain. Une petite bouteille de bor- deaux blanc, du poulet, une tasse de thé parfumé, des avis . énoncés en japonais puis en anglais, et nous atterrissons, aprés cing heures de vol sans escale, 4 Mexico. Cing heures de route enco- re, par plaines et monta-. gnes, avant d’atteindre Xalapa, but de mon voyage, capitale de l’Etat de Vera- Cruz. Le scintillement loin- tain des bourgades concurren- ce les étoiles, et aussi la lumié- re rouge qui clignote lors- que le chauffeur, entre deux précipices, dépasse la vitesse permise. Arrivé a bon port, je me couche, moulu de fatique, a l’étage d’une villa solide com- me une forteresse, au sommet d’une motte de plein pied avec ma chambre. Les cogs chan- tent et les poules 4 tout bout de champ, prenant la nuit claire et douce pour le jour. Les chiens jappent, les gril- lons grillonnent. Et, dans l'aube, ot bien vite le soleil resplendit, des oiseaux, parmi lesquels, inattendu et pur, le chat mélodieux du rossignol. Mardi 13 mars, Dans le bas de la chaus- sée qui dévale puis grimpe vers la ville s’'anime un pim- pant supermarché en minia- ture. Les dalles de céramique y luisent de propreté et la frai- cheur y régne. Aux cétés des deux caissiéres, des garne- ments 4 bonnet -de_ police emballent contre pourboire. Aux heures creuses, il aban- donnent le comptoir et se poursuivent, jouant a cache- cache entre les rayons. Xalapa. est une ville hon- néte de l’extréme sud-est mexicain. Ville jeune de nombreux enfants en bas age, de nombreux étudiants, grace aux facultés d’Architecture et de Beaux-Arts de ]’Universi- té de l’Etat de Vera-Cruz, aux édifices modernes. Cité pro- \ vinciale, aux contastes abrupts comme son site, mais infiniment pittoresques, Xalapa, en dépit d’une rela- tive pauvreté, ne manque pas de millionnaires, ni de gens cossus, amis des arts, et qui, sans étre riches, vivent confor- tablement. Une chaleur par- fois torride au soleil, une frai- cheur. de pierre a l’ombre. Ville de montagne, dans les jardins les sapins voisient avec les orangers. Les maisons riches et grillagées, alternent avec les maisons basses et pauvres, les unes aussi colo- rées que les autres, toutes en pierre massive et aux toitu- res de tuile. (A suivre). CBUFT recherche 8 concurrents pour le jeu questionnaire studios de Radio-Canada a Vancouver. Chaque partie deux concurrents qui, avec gagner des prix alléchants. amusant. . chance et de connaissances, pourront Venez tenter Dame Fortune en vous Vas CEN € ow Gace Pile ou face est diffusé sur le réseau : Ouest de Radio-Canada. Les enregistrements se dérouleront entre le 6 et le 8 juin 1984 dans les opposera Je désire participer au jeu questionnaire Pile ou Face. un peu de NOM AGE ADRESSE CODE POSTAL TELEPHONE SIGNATURE Pour de plus amples renseignements, contacter le service de la Publicité au 665-8039 " COUPON DE PARTICIPATION Pour participer, il suffit ed’étre agé de 18 ans et plus ed’envoyer avant le 22 mai 1984 le coupon de participation ci-dessus a des concurrents est laisse & la discretion de Radio-Canada at ai PILE OU FACE ' al CBUFT 4 SEIT Case Postale 4600 : Ré aunakidek: Seven te cealit Vancouver, C.B. V6B 4A2 4 détaillée & partir du 22 mai. Les candidats seront selectionnés par un test préliminaire. Le choix