4 — Le Soleil de Colombie, vendredi 17 septembre 1982 Le petit cochon qui savait voler —___. (1) Le bon Dieu réconforte une pauvre truie , Une truie robuste et sympathique _ vivait dans une ferme ou, toujours enfermée dans un enclos a |’éta- ble, elle mettait au monde de nombreux enfants que ses pro- priétaires lui enle- vaient. Elle en éprou- vait beaucoup de cha- grin. Elle se sentait seule. Elle s’ennuyait. Elleétaitmalheureuse. , Un jour elle fut con- duite dans la cour ou le posses l’attacha a |’a- reuvoir. Il voulait nettoyer |’étable. Pen- dant que "homme tra- vaillait dans l’enclos de la truie, celle-ci dehors fit la connaissance d’un mouton que la paysan- ne avait amené a |’a- breuvoir. Le morton connais- sait presque tous les animaux dela ferme. I voyait souvent les va- ches qui avaient leur Ne nioeannans dusien. oila pourquoi il put Texte de Rosemarie KIEFFER : Illustrations de Marie-Paule SCHROEDER Un conte publié | aux Editions Naaman [1] _ J apprendre a la truie ce ue les 6tres humains aisaient de ses en- fants. Quelque temps aupa- ravant, les fermiers étaient venus dans le paturage des vaches Pont paper dupiaeen: lit. s° s’accroupis- saient par terre a la recherche de cette planteetseparlaienten méme temps. L’hom- me raconta a sa femme combien d'argent le boucher luiavait donné pour les petits cochons que la truie avait eus récemment. , Unevache avait écou- té la conversation des étres humains. Elle avait appris au mouton que le boucher tuait les petits cochons et le mouton dit a la truie: “Les hommes mangent tous tes enfants.” _ Trouvez votre adresse erchez bien et s'il s'agit de verre pages du journal. adresse, appelez-nous. naire. Vous gagnerez un billet de loterie provinciale et peut-étre serez-vous l’heureux[se] futur[e] million- Rentrée dans son éta- ble, la truie se mit a leurer. Elle était tout fait désespérée. Quand le bon Dieu, du haut du ciel, la vit verser de grosses lar- mesaméeres, il eut pitié d’elle et résolut de la réconforter. Quand une nouvelle fois elle mit au monde une bonne douzaine d’enfants, il se trouva parmi eux un petit cochon qui avait des ailes; elle étaient trés fines, si fines que lors- qu’elles restaient apla- ties sur le dos du petit cochon, on ne les aper- cevait pas. Le petit cochon s’éle- va en l’air et s’arréta pour planer, tout con- tent, au-dessous du plafond de l’étable. Sa mére le vit et fut remplie d’horreur. “Descends tout de suite!” s’écria-t-elle. “Comment _oses-tu m’effrayer dela sorte!” “Mais ce n’est pas dangereux du tout”, répondit le petit co- chon. “Regardecomme c'est facile.” Iidescendit et remon- ta, plusieurs fois de suite. Alors sa mére comprit qu’un miracle ‘avait eulieu et qu’enfin elle pouvait préserver du boucher un de ses enfants. “Tl faut que tu partes sur-le-champ”, dit-elle au petit cochon. “La porte de l’étable est entrouverte. Sors, va- ten, mais prends gar- de: les étres humains sont dangereux.” Le petit cochon s’en- vola aprés avoir em- brassé sa mére une ~ derniére fois. A SUIVRE [1] C.P. 697, Sherbrooke, Québec, J1H 5K5 La nouvelle Par Michel MONNET Les aventures de Simplet Simplet et la FJC CC unespritbien saison de Radio-Canadag fancouver' : && Yécho de “Bonjour, bonsoir, bonne nuit”. André Rhéaume, d’une voix venue du coeur, vient delancercesamedisoirla premiére émission en direct de Vancouver a destination de tout le Canada. Des notes, des accents, des paroles nés sur la céte ouest, en Colombie Britannique ou en Californie, trempés dans particulier et quiinaugurentla soirée des auditeurs de C.-B. et d’Alberta, Rs ag OuUeS accueillentlesMontréalaisretour du cinéma et ouvrent les portes du sommeil a Halifax. adrs Rhdkime: a. radio”... Miracle des ondes. Miracle aussi qu'une telle émission ait pu voir le jour, la nuit plutét, puisqu’elle est diffuséea Vancouverde 20h00 & 22h00! C’est que le direct, - _ [était une fois une jeune fédération, fille de Madame Fédération Franco-Fauve qui, a l’exemple maternel, passait le plus sombre de son temps a renvoyer, liquider, décapiter, proscrire ses employés les meilleurs. Elle avait trés peu de sujets hormis les sujets de mécontentement. On!’appelait FJ CC C: Fédération des Jupes et Culottes Courtes de Colombie. Cette dextérité dans l’extermination des serviteurs sera célébrée dans les siécles des siécles. Victor Hugo lui-méme, dans le journal Oceano Nox: Oh,combiend’intendants, combiendedirecteurs Quisontsortisjoyeuxlematindugarage Nesontpointrevenus. Etcombiend'employésquipourtant étaient sages N’ontplusderevenus. La derniére victime en date connue et dénommée MichelGervaisfut boutéeaufeuduchémageéternelenun riendetemps pour ne pas fairetournerle Tempsatemps. Quel contre-temps! bs ah Le pests uple franco-faune des rtellés qui‘de loiff voyait te sur les donjons du castel se lamentait: — “Ils ont pendu Michel ce soir pour incapacité, gabegie et mille autres crimes.” ; — “Mais ils l'avaient embauché ce matin a son de trompettes cavaliéres, célébrant son mérite, son talent, son génie.” attristés chacun en sa cahute. M&me, quelque journaliste de mondiale renommée osa insinuer que tout ne tournait pas rond et avanga le mot: crise. Remarque qui attira une réponse fulgurante, incisive et décisive de Madame Entre Mars Et Mai: —“NousalaF JCC Cnesommespasencrise. C’estnotreétatnaturel.” C'est pourquoi Simplet dans un grand mouvement | humanitaire a décidé d’unir et rassembler toutes les || victimes fédérationnistes: raccourcis, renvoyés, éjectés, portez la téte haute, formez votre propre association qui demain sera la plus importante en Céte de Beauté. Et les manants n’y pouvait mie [ MIE ] retournaient = l’équivalent du sans-filet au cirque -, bouleversait bien des habitudes en béton, de ces habitudes que les bureaucra- ties, conservatrices par es- sence, entretiennent naturel- lement. “Les gens de l’est voulaient de la musique, des informations, des choses d'ici qui ne se font pas ailleurs depuis 3 ans, explique Pierre Tougas, le réalisateur de I'émission. C’est ce que nous projetions de faire, c’est ce que nous avons expliqué a Montréal, avec l’appui de la station ici. Et nous avons été entendus. Nous allons désor- mais renvoyer la balle.” (La thusiqitie “language “Tei Vancouver”, c’est un thermométre, ou un baromé- tre, de la vie musicale sur la céte ouest, a partager avec le public del’est. Mais pas de la vie musicale en un sens étroit, puisque pour les concepteurs de l’émission, la musique est bien plus: un langage, un reflet de la vie des rues, des campagnes et des hommes vivant, travaillant dans ces villeset ces provinces, présde lamer maissouvent aussi sous la pluie! “La cdte ouest, c'est la Floride des plus jeunes”, plaisante André Rhéaume a Yantenne. Comment leur expliquer a ces concitoyens si prochesqu’onpeut leur parler 4 Yoreille et tellement diffé- rents en méme temps? L’animateur disserte: il faut prendre le temps de prendre son temps; on pratique par ici unnouvelartdevivre;onaune facon différente de rencon- trerles gens; on est conscient de la valeur de la nature qui nous entoure. Et de raconter les projets de péche de deux nouveaux jeunes épaulards par l’aquarium de Victoria et l’opposition a cette chasse du mouvement écologiste Greenpeace. Il y a un esprit, que voulez-vous, inimitable, mémesicen’estplustout a fait lamémechose,mémesila ville est chére. Unréservoir de talents La musique de l’ouest incar- * ne et.amplifie tout ga. “C’est une musique pacifiste, écolo- giste: folk, jazz, blues” expli- que André.“ Il y a aussi une fagon d’interpréter plus dou-; ce, plus mélodique”. C’est Mike Taylor, par exemple, un pianiste de Vancouver que vous pourrez entendre (gra- tuitement)le7 octobre au Soft Rock Cafe. Nos deux hommes sont affirmatifs: lacéte ouest, de Vancouver 4 Los Angeles, regorge de talents, un vrai réservoir. Au micro, André Rhéaume raconte, et illustre musicalement, la saison qui a vu festival sur festival, a Yellowknife, Seattle, San ‘Bernardino et Vancouver bien sir. “Vancouver en particulier est une ville mélo- a wae pees ek dique, poursuit l’animateur, la voie ensorceleuse, visible- ment inspiré. On _ peut entendre-la musique dans la’ rue. Ilyadestroubadours, des gens de partout et de nulle part, quil’anime, l'instrument sous le bras”. Provoquer -des échanges “Ici Vancouver” les fera connaftre, donnera aussi des adresses, établira des con- tacts. Sans dresser pour autant un simple catalogue de la musique locale: “Nous sommes pour l'instant les seuls au Canada a faire ce genre d’émission, disent les deux compéres-associés-ca- marades-amis-complices(on ne sait comment définir ces deuxhommes, plusliés queles doigtsd’une main). Mais nous espérons susciter des initiati- ves semblables 4 Edmonton ou Ottawa.” L’équipe de Vancouver a pris de l’avance, tirant profit de l'originalité de la ville, aspirée par le fort courant californien. Une ville de passage aussi, comme le souligne André Rhéaume, ot l'on vient chercher quelque chose, mais ot l'on apporte en retour, 00 l’on partage. D’ou cette musique de carrefour surgissante, impulsive. Lors du Folk Festival de Vancou- ver, les musiciens échan- geaient leurs instruments, improvisaient. La ville, comme Los Angeles, concen- trelesinfluences,lestransfor- mant. “La céte ouest seule -.-avec un professionnel: Pierre Tougas permet aux artistes japonais de marier la musique tradi- tionnelledeleur pays avecdes recherches contemporaines.” Un an de préparation Mais il y a aussi pour expliquer le grand pas vers lest de CBUF et d’Ici Vancou- ver’ letravailetledynamisme des deux ordonnateurs de la cérémonie, dela “tcommunica- tion” comme ils disent. “Il a fallu un an de préparation avant de pouvoir lancer la “premiere édition” disent-ils. Ta fallu écumer les concerts; fouiner, nez au vent, dans les festivals; répertorier les stu- dios; visiter l'un aprés l'autre — % les endroits d’ot suinte le “son de l’ouest”’. L’expérience * Pierre Tougas est passé maftreencetart. Depuis6ans ; qu'il vit a2 Vancouvenoil en connait tous les recoins. André Rhéaume, arrivé a Fe Vancouver il y a juste trois mois et demi par la route des pionniers,celleduNord,dela rencontre avec les Indiens, aveclesenfantsdansla“van”, — compense cet “handicap” par sa connaissance de la musi- que, l’expérience acquise dans des radios importantes de Montréal, et la passion, lattitudedevant le micro. “Je suis un chaman de la radio” — dit-il. Sans doute pour rappeler quesansles Indiens, “]’esprit” de la céte ouest ne vaudrait pasd’étreportéatraverstout — le pays. Marc Girot ANN abieter ad < CoN