pas comme /es autres Au sous-sol d'une grange 3 jeunes filles sont en train de préparer, pelles en main, un mélange de terre a jardin. Un peu plus tard 2 autres jeunes viendront les aider a transférer la terre dans des godets pour ensuite ensemencer ces derniers et les acheminer dans des serres. Dehors, 2 autres travailleurs s’affairent autour de chassis qui serviront a abriter, de fagon transitoire, de jeunes plants fraichement sortis des serres au printemps. Dans une batisse mobile, 4 autres personnes travaillent devant un ordinateur ou des filieres. Les murs sont tapissés de schémas montrant des plans de culture, des méthodes de compostage, ou le cy- cle des micro- organismes dans le sol \ rt : i i MI ] Faut pas étre né paysan pour avoir deviné que nous sommes sur une ferme, La Ferme Yellowpoint Farm plus exactement, située a Yellow Point, entre Nanaimo et Ladysmith, un endroit des plus bucolique. Cependant, ce n’est pas une ferme comme les autres. Pas seulement parce qu’ ony pratique la culture biologique mais parce qu’elle est gérée par une société a but non lucratif, “ the Commu- nity Supported Agri- culture Project ” (CSA). Le CSA a pour mission de travailler en étroite col- laboration avec le producteur agricole en soutenant celui-ci dans les étapes de mise en marché des produits de la ferme et d’éduquer la communauté a des pratiques de consommation plus soutenables pour l'environnement. La communauté au sens le plus large profite aussi de ces produits vendus dans les restaurants et les marchés de la région de Nanaimo et de Ladysmith. Le producteur lui se retrouve a partager les risques inhérents a l'agriculture comme le commente Jean Ensminger, propriétaire de la ferme: <>. Jean sait de quoi il parl; né sur une ferme en France, il a longtemps travaillé surla terre familiale / avant de pratiquer des métiers aussi variés que _— professeur, instructeur d‘hélicoptere, ou soudeur. On ne peut pas oublier Jean une fois qu’on l’a rencontré; silhouette de chéne, mains larges, poigne ferme , timbre de voix a faire sortir les taupes de terre. Il est resté un indécrotable paysan, jusqu’a troquer littéralement ses grolles de prof pour des sabots. C'est aussi un passioné, au parler franc qui met en confiance son interlocuteur. Son idée de partir une ferme biologique n'est pas née d‘hier. Pendant des années il a criblé la région afin de trouver une terre qu'il voulait de type organique, c'est a dire une terre noire et riche composée en grande proportion d'humus, dans laquelle les Iégumes se sentent aux petits oignons, bref, l’or noir des agriculteurs. Pendant trois ans, il a convoité ce qui est maintenant La Ferme Yellowpoint Farm, une ancienne ferme a patates de 32 acres laissée a |'abandon ces derniéres années. A cédté de la terre a cailloux qu’il a béché en France, c’est du gateau. fi ‘i f ib ij Apres avoir acquis la ferme, il y a a peine un peu plus d’un an, il s'était retrouvé avec une maison presque abandonnée, une grange en danger de pourrir a cause de fuites dans le toit et un bon dépotoir de poubelles. Mais sa patience et sa vision ont porté ses fruits