Critique littéraire Un roman de I’Ouest canadien Les Editions du Blé viennent de publier Valcourt ou la derniére étape de Marie-Anna Roy. Cette ouvrage sous-titré «Roman du Grand Nord canadien» a paru une premiére fois en 1958, mais la présente édi- tion tient compte des modifications apportées par Marie-Anna Roy dans les années 1960, ow elle a supprimé toute une partie du livre ce qui lui donne une plus grande unité d’action. L’histoire se déroule dans les années 1930 et 1940 dans un vil- lage éloigné ow des pionniers cultivent les terres nouvellement défrichées de la région de Riviére-la-Paix. Les conditions de vie sont rudimentaires et la pauvreté extréme. L’héroine, Antoinette Bernier, institutrice franco- phone partage la misére générale. Elle doit aussi faire face 4 toutes sortes de tracasseries de la part de certains villageois, du curé de la paroisse, d’un inspecteur scolaire, et elle est finalement contrainte 4 donner sa dé- mission. Elle achéte un homestead 4 un colon et se met avec ardeur a son nouveau travail de défricheuse et de cultivatrice avec l’aide de quelques journaliers. Les récoltes n’étant pas a la hauteur de ses espoirs, elle doit abandonner sa terre au bout de quelques années et c’est alors qu’elle ren- contre une fin tragique Il y ade nombreux personnages dans ce roman, dont Il’homme qu’elle aime, Marcel Dupuis. Sous l’influence d’une mére possessive il ne répond pas a son amour. M.-A.Roy analyse avec acuité ses personna- ges, et réussi a rendre vivants les divers membres de cette communauté avec leurs qualités et leurs défauts, chacun dans sa spécifité. Elle nous présente 14 un document remarquable sur la vie des paysans dans les ter- res de colonisation du nord albertain de 1’époque. C’est précisément par des ouvrages documentaires que M-A Roy a trouvé sa voie. Ainsi, se voulant la représentante de la famille Roy, elle traite de ses parents, fréres et sceurs, oncles, tantes et ancétres dans divers livres : Le pain de chez nous, le miroir du passé; son enfance et son adolescence revivent dans Les visages du vieux saint-Boniface, au- tant de textes qui évoquent aussi la vie au début du XXé siécle. Au point de vue de |’écriture, Marie-Anna Roy raconte et décrit de la fagon la plus objective possible. Elle rejette l’invention et l’imagi- nation au profit de la documentation et de |’ observation. Elle offre une vision bien différente de celle de sa sceur, la célébre Gabrielle Roy, pour qui la création romanesque est un processus beaucoup plus mystérieux qu’une simple mise en page de faits.