le Woustigue pacikigue Elle apprend que "sans la permission écrite de son mari, aucune femme ne peut quitter |'Arabie Saoudite ni méme la ville ot ré- side. Une femme n'est jamais majeure au regard de la loi"(123). Un jour, elle crée la stupeur pour avoir dit merci 4 la servante qui lui apportait une tasse de thé. " Ce mépris pour le personnel dénotait le fait que |'Arabie Saoudite avait été l'un des derniers pays au monde 4 abolir |'’esclavage. Jusqu'en 1962, les grandes familles possédaient encore des esclaves... Quinze ans plus tard, les do- mestiques n'étaient toujours pas considérés comme des étres hu- mains"(49). De pére suisse et de mére iranienne, Carmen a vécu sa jeu- nesse selon les valeurs de la civilisation occidentale, aussi, malgré le luxe, d'aprés elle vulgaire et criard dans lequel elle vit au milieu de cette famille la plus riche du royaume, a-t-elle |'impression d'étouffer et d'étre prisonniére dans sa propre maison(126). Heu- reusement pour sa santé mentale, elle retourne souvent avec son mari passer des vacances en Suisse. En 1973, le prix du pétrole fait un bond spectaculaire et l'Arabie Saoudite s'enrichit. Les affaires de son mari marchant trés bien, Carmen, optimiste de nature(51), espére toujours que le pays va se moderniser : "Je m'imaginais que la prospérité améne- rait la société saoudienne 4 entrer de plain-pied dans la moderni- té"(70) et que les femmes seraient libres de porter ou non le voile, comme en Iran ou en Irak. Il n'en est rien. Elle nous apprend que le terme arabe pour désigner la femme est "hormah", dérivé du mot "horam", le péché, ce qui explique, selon elle, l'attitude a l'égard des femmes. L'Arabie Saoudite vit sous la doctrine wahha- bite qui s'attache a une interprétation trés puritaine et mysogine du Coran. Les femmes de la famille du clan Bin Laden "me faisaient l'effet d'animaux domestiques sous la garde de leurs maris dont elles attendaient le retour toute la journée et parfois toute la nuit"(94). 8