Loisirs | 19 Voyages Honavar, coin de paradis Le lendemain, 8 mars. Le- ver matinal, puis messe en konka- ni (un des innombrables dialectes indiens) dans une église a 1’as- pect délabré. Tout 4 coup, fracas! L’assemblée se tourne: un grand morceau de platre vient de s’écrou- ler du plafond devant la porte d’entrée. Dieu nous protége dans son propre temple! L’ office terminé, Fernand m’améne au sommet d’une col- line pour me faire admirer, avant que le soleil devienne impitoya- ble, les beautés naturelles des environs. Magnifique! Fleuve se jetant dans la mer, une multitude d’arbustes en fleurs et d’élégants palmiers donnent 4 la région un air de paradis. Le frére se dit pri- vilégié d’habiter ce joli coin de l’Inde éloigné des grands centres inhumains, s’en lissant la barbi- che de contentement. Nous en reparlons au petit déjeuner, pro- longé indéfiniment. Le numéro spécial d’une revue sur le récent assassinat d’Indira Gandhi me dé- voile ensuite les dessous de cette tragédie. Vient I’heure de nous ren- dre au village 4 pied prendre un «launch» qui nous ménera a l’aven- ture sur le Saravati. Il n’en coiite que 7 roupies (70 cents) pour qua- tre heures de randonnée en pre- miére classe. L’attente du départ me permet de me reposer, allongé 4 l’ombre, casquette rouge sur la téte, l’esprit 4 la dérive. Je me sens 4 mon tour trés privilégié, surtout d’étre en parfaite santé et libre de faire, ici, maintenant, ce qui me plait. Sur le Saravati Lent départ. Sila premiére classe n’a rien a voir avec le luxe de nos bateaux de plaisance, elle a du moins 1’énorme avantage, entre autres, de permettre a cha- cun des passagers de pouvoir s’asseoir et de circuler sans crain- dre de se faire écraser les orteils. Il est d’une largeur impression- nante, ce fleuve. Le domaine des Sainte-Croix «passe» 4 une bonne distance: batiments blancs se dé- tachant d’une forét de palmiers. Clic!, une photo. Puis commence une série de lentes escales d’une rive 4 |’autre. Je griffonne dans mon jour- nal, en vrac: gamins nus excités, cabanes de paille, fagots sur la téte,