Pauvre et splendide Mexique par Roger Dufrane A Jalapa, les classes socia- les s’étagent A l’image de la ville, toute en gradins telle un temple du soleil. Les plus pauvres vivotent 4 l’ombre des bas-fonds. Dans mon quartier, loin des sommets ou troOnent les riches, se dresse une église réduite 4 la petitesse d’une chapelle. Rose et bleue, elle est toute pavoisée d’ex-votos et meu- blée de bancs rustiques. Pour qui est accoutumé au gigan- tisme des villes d’Améri- que du Nord, il est diffi- cile de concevoir l’exiguité de certains logis du Mexique. Des masures 4 piéce unique, au sol de terre battue, al- ternent avec des échoppes 4 fagades ouvertes, ou se vendent tortillas, haricots, et beignets en forme de ba- guettes. Plus haut, aux alentours de la cathédrale et du parc, la ville, comme vivifiée d’un air plus pur, s’épanouit. La luxe, bons restaurants et confortables hotels. Le parc municipal est fré- quenté par les étudiants de l’Université. On en voit qui étudient sur lamargelle des bassins. Des amoureux se caressent sous les feuil- lages. Ici flotte une atmos- phére de ‘‘farniente’’ qui charme le visiteur. Des In- diennes aux yeux de braise passent en chantant leurs patisseries. Tant de hail- tout. Méme 4 ciel couvert, la luminosité du jour ré- et les choses. lons et de bariolages sa- | liraient une ville nordique. Mais ici, le soleil enjolive | pand sa magie sur les étres {Deux heures du matin ! La nuit orageuse m’empéche de dormir. L’arbre d’en-face dort. Tantdt, il s’ebrouera, secouera la nuit qui l’enve- loppe et il chantera de ses mille voix d’oiseaux. Dans le soleil voltigeront les créatures multicolores et charmantes. Puis surgiront les garnements armes de frondes. Ces gamins de mon quartier sont d’inconsé- quents tortionnaires. Je ne sais quelle école ils fréquen- tent, mais leur morale est assez singuliére. Ne les ai- je pas vus, hier aprés-midi, trafmer dans la poussiére le cadavre d’un chien jaune La personne, ici, qu’il s’a- gisse des animaux ou des | humains, n’est pas respec- | tée. Bien souvent, des chauf- fards prennent lafuite, aprés avoir écrasé quelque piéton imprudent. Les manoeuvres des plantations de canne 4 | sucre, pour quelques pesos (le peso vaut huit sous !) s’af- frontent 4 coups de machette. En marge de la société végétent les Indiens. Rebel- les 4 la civilisation, ils vi- vent de petit élevage, de culture marafchére, de pot- terie et de vannerie. Pié- tinés jadis par lesseigneurs aztéques, puis par les grands de Castille, leur vie d’es- clave ne valait pas une chi- que et ils se résignent 4 ce que leur vie libre d’au- jourd’hui ne vaille pas beau- coup plus. La plupart des Mexicains des classes moyennes sont | des métis. Les conquérants espagnols comprenaient plu- sieurs groupes sociaux, dont les guerriers, les prétres et la masse des commer- gants et des soldats. Les descendants de ces deux der- niers groupes se sont mé- lés aux populations autoch- tones. De 1a tant de tradi- tions espagnoles mélées aux | coutumes indiennes, tant de |‘* paienneries ’’ dans les moeurs chrétiennes. Les notabilites aiment se réclamer d’une origine européenne, castillanne, basque, ou autre. Le visage pale est un signe de distinc- tion. Les familles de la bon- ne bourgeoisie de Jalapa re- cherchent des jeunes gens de race blanche pour marier leur fille. *, A poursuivre de telles en- quétes, je commence par me prendre pour unexplorateur. Le touriste voit les choses en surface, l’explorateur en- dedans. Déja le rythme de ma vie, mes heures de repas, de repos, s’adaptent aux | moeurs locales. J’ai V’im- | pression de devenir un petit | peu mexicain. Hélas, il fau- dra bientot repartir }} J’aurais pourtant voulu étu- dier des moeurs inquiétan- tes et immémoriales dont j’ai saisi des échos, entre autres la polygamie. Mais je ne puis rien en dire, mon information sur ce su- jet tabou restant trop frag- mentaire. Posséde-t-on ja- mais une connaissance to- tale des choses Non. Nous n’en saisissons qu’impar- faitement quelques facettes. Efforgons-nous du moins de les noter sincérement, en essayant d’en rendre le pit- toresque. (A suivre ) i THE €pines” “La rose sans par Jennifer Lulham. Dimanche soir, passait 4 la télévision le cinqui¢me épisode du saga conjugal d’Henri VIII, roi d’Angle- terre. Ce monstre sacré, interprété par Keith Michell, est maintenant pitoyable avec sa jambe suppurante, mais fait quand méme des réves romantiques. Il es- pére trouver enfin une fem- me douce qui lui donnera le fils tant desiré. Hélas, la jeune fille qu’il épouse, Catherine Howard, mari royal. Angela Pleasance donne au role de Catherine de l’espiéglerie et une. sorte de luminosité folle. L’homme responsable de ce mariage est le Duc de Norfolk, un politicien rusé et homme de guerre ambi- tieux (il est admirablement interprété par Patrick Troughton). Incapable d’éprouver de la pitié ou de méme, il manie Henriet Ca- 4A la gloire de la famille Howard. Catherine est la d’instrument, et comme 1’in- nocente Anne Boleyn, elle va ‘*une rose sans épines’’, est | une dévergondée qui prend | un amant sous le nez de son | l’affection, sauf pour lui- | therine, ensongeant toujours | deuxiéme niéce 4 lui servir | étre trahie et abandonnée | par son oncle qui conseille 4 Henri de la faire mettre 4 mort. Catherine, belle et impul- sive fille de dix-huit ans n’a pas été trés surveillee dans son enfance. Elle avait déjA eu quelques amants avant d’étre présentée au | roi comme petite fille sage. | L’un d’eux, Frances Dere- -+ham, lui fait du chantage pour obtenir le poste de secrétaire particulier de la Reine. Le matin des noces, Cathe- rine pleure de déception. Le roi, malade et impuissant, | ne lui plaft pas. Elle se con- fie A Lady Rochford, une intrigante sans scrupules, et cette dame facilite les rendez-vous de Catherine avec Thomas Culpepper, un bel écuyer plus 4 son goat. Norfolk fait la découverte des folies de sa jeune niéce. La seule chose quisauverait Catherine, maintenant, se- rait une grossesse suivie de la naissance d’un fils, mais cela ne se passe pas ainsi. Pour sauver sa pro- pre peau, Norfolk la trahit auprés du roi. Henri, n’osant plus revoir Catherine, de peur de luipardonner, laisse 4 l’impitoyable Norfolk la décision finale. [I] la con- damne A mort. Catherine } est conduite A la Tour de Londres par la Tamise. Le bateau passe sous le pont: oa sont pendus les cadavres de ses amants. Lorsqu’on la voit en pri-, son, son air d’adolescente insouciante a disparu. Subi- tement, elle est digne d’étre, reine, mais il est trop tard. : Elle demande 4 son effro- yable oncle de lui faire por-' ter un billot, afin de pou-' voir mieux répéter son der- nier geste. Cependant, Henri furieux et triste, bannit Norfolk et! se livre aux chirurgiens - ‘*sa rose’’ ne sera plus 14 pour changer les pansements'} de sa plaie, ni pour appliquer| les herbes guérissantes de¥ ses douces mains. # **Coupez | Coupez profon-} dément !’’, hurle le roi, ‘‘car} je ne sens plus rien.’’ De $130 a $225 leurs prix de— 47 meurent cependant raisonnabies, + TAILORS trd.. Il vous serait impossible, que]— que soit la saison, de faire un! meilleur achat que nos nouveaux costumes SHIFFER—HILLMAN faits entitrement 4 la main—— Leur style parfait «ous placera ra sommet de 1’élégance mascu— ne. OLYMPIA CUSTOM | 2425 rue Hasting,est. (prés de.la rue Nanaimo) 4 . Tél: 253-1310. vancouver LE SOLEIL, 7 MAI 1971, XI