Le Moustique | Volume3 - 1°” édition Janvier 2000 Une lapalissade, sans doute ! Ne dit-on pas depuis toujours que l'italien se parle aux dames, le frangais aux savants, l'espagnol a Dieu et, qui sait, l'Arabe a ses chevaux e l'anglais a l'ordinateur. Dieu sait, alors, 4 qui ou a quoi s'adresseraient les langages de l'espace! Et qu'entendait-on réellement quand je jouais sur les berges de la Mampeza avec les petits noirs de mon Age ? Je ne vous apprends certainement rien quand j'affirme que l'Afrique centrale n'est pas recommandée pour les sports d'hiver. Si les petits Canadiens passent pour naitre avec des patins a glace aux pieds et les petits scandinaves pour vivre en permanence sur leurs skis, en Afrique on ne trouve la neige que sur les plus hautes montagnes. Donc on ne patine pas, on ne skie pas, mais on fait de la luge. Trés souvent j'allais retrouver les petits copains du coin sur une pente herbeuse qui plongeait assez abruptement dans la riviére. En saison séche, I'herbe, toujours trés haute, était brun trés clair, presque jaune comme les blés. Séche et cassante, elle se couchait aisément sur la pente et se transformait, alors, en un épais tapis terriblement glissant. Ce qui restait a faire alors était tres simple: vous arrachiez une feuille de palmier, vous en coupiez toutes les folioles et il vous restait une sorte de longue selle ligneuse, trés étroite, dont on coupait la pointe et sur laquelle nous pouvions nous tenir 4 plusieurs. Quatre ou cinq d'entre nous, assis, les pieds reposant sur l'énorme pétiole et les jambes repliées, servant de siége et de dossier au lugeur de devant, dans un équilibre totalement instable. Le premier a le perdre entrainait toute son équipe dans un roulé-boulé éperdu qui se terminait péle-méle dans la riviére. La pente était si forte et la selle sur I'herbe une si bonne glisse qu'on atteignait une vitesse incroyable permettant aux plus habiles de franchir le ruisseau et de s'écraser dans l'argile molle de la berge opposée. C'était incroyablement excitant et quand, épuisés et crottés, on se reposait en commentant nos exploits, ni la langue de la région, plutét facile, ni la culture qui sont toutes équivalentes quand il s'agit de chanter des louanges sur la virilité d'une bande de petits machos en herbe, ne présentaient d'obstacles majeurs. Mais des que l'on abordait des sujets plus austéres, c'était la fin de l'entendement. C'était toujours dans cette méme période de temps que Bangabasi avait soulevé soudain le probléme des martiens. J'aimais bien Bangabasi. Fort sympathique, tres éveillé, je m'étais moqué un jour de son nom et I'avait regretté aussitot ; il était également fort sensible. Aussi, quelle curieuse idée avait eu son pére de l'appeler de la sorte. Bangabasi, qui a peur des femmes ! Je n'ai jamais su pourquoi on lui avait trouvé ce nom. Un jour, son pére lui avait raconté une histoire ou il était question de petits hommes verts qui allaient détruire le monde et depuis, il était devenu trés inquiet.