OPINION D’UN MEMBRE ., FOURVOIEMENT SANS PAREIL Puisque les deux mots-clés, "société distincte", n’étaient pas définis dans V’Accord du Lac Meech, leur partie était laissée a la Cour supréme. Il serait irréaliste de croire que la décision de ces neuf sapientes eussent jamais avantagé le Québec: Ce que le Québec avait pergu comme un livre pour sa mise en valeur n’aurait été autre chose qu’un mécanisme chatoyant, habilement manié pour éblouir et embobiner Vauditoire. Vraisemblablement, cette flatteuse caractérisation aurait provoqué d’interminables disputes a travers tout le pays et serait devenue, a n’en pas douter, une source perpétuelle de déception et de désenchantement pour le Québec. Sans étre exclusives les propositions de 1991 sont beaucoup plus précises et partant plus restrictives. D’abord, elles ne visent que la Charte et non pas toute la Constitution. Mais surtout elle ne comprennent que trois éléments: a) une majorité d’expression francaise; b) une culture unique en son genre; c) une tradition de droit civil”. D’aprés les meilleurs dictionnaires le mot distinct veut dire: différent, non identique, distinguable; il ne signifie pas supérieur. Néanmoins, il implique dans Vobjet visé, une chose ou une personne, une qualité digne d’attention qui n’est par présente ou perceptible chez les autres. Quel est le rapport entre Vadjectif distinct et Vappartenance a une majorité linguistique? Sous-entendre que les membres d’une minorité ne peuvent pas se prévaloir d’étre distinct, comme le fait la clause (a) ci-haut, va a Vencontre du sens intrinséque du mot et conséquemment tombe dans Vabsurde. "Unique" (du latin unus:un) est un adjectif qui suscite deux idées: la premiére, quantitative, done autoexplicative; la seconde, qualitative, a savoir: sans pareil, sans équivalent. Incontestablement, le Québec, pas plus que toute autre société avancée, ne peut se targuer d’avoir une culture si homogéne, si hermétique, si exclusive qu’elle puisse se décrire comme unique. Sans aucun doute, le Québec jouit d’une culture vibrante et chatoyante. Mais la Charte des droits et libertés est guére Vinstrument voulu pour y proclamer et glorifier les dons personnels ou les talents collectifs. Ni est-ce le moyen approprié pour apprendre aux étrangers que le Québec posséde un code de droit civil. Le systéme fédéral actuel est un cheval a trois pattes. Ses pouvoirs doivent étre considérablement réduits - non pas augmentés comme le voudrait un groupe de petites provinces non viables dont Vexistence n’est plus justifiable. La réclamation d’un statut de société distincte a été et continue d’étre une diversion onéreuse et maléfique. Elle devrait étre abandonnée par Québec pour de bon et sans regrets, de sorte que toutes ses énergies puissent étre dévouées a la délégation de pouvoirs du gouvernement central aux régions. Sur ce point, Québec ne doit pas broncher. Télesphore Demers