Information DOSSIER EDUCATION Le programme cadre L'école de la persévérance Programme cadre. L’ori- gine de ce nom singulier, une traduction littérale de «English Court Program» effectuée par le ministére provincial de 1’Educa- tion, prouve a elle seule les diffi- cultés rencontrées pour imposer en Colombie-Britannique un sys- téme d’éducation en francais. Une lutte qui ne date pas d’aujour- hui puisque des... 1881, Mon- seigneur Paul Durieu demande, en vain, a la Législature provin- ciale de reconnaitre officiellement les écoles catholiques, toutes de langue francaise a cette époque. Il faudra attendre pratiquement un siécle avant que le gouveme- ment de la Province revienne sur Sa position. Si les parents n’ont jamais totalement baissé les bras, au début des années 1970, la pres- sion se fait plus forte. Structura- tion des associations francopho- nes, sensibilisation des média anglophones au probléme de 1’édu- cation en frangais, victoire du parti Québécois, engagement détermi- né de bénévoles - on pense, no- tamment 4 Suzanne Horie, autant d’éléments qui vont infléchir la position du premier ministre Bill Bennett. En aoit 1977, il annonce officiellement son intention d’of- frir aux franco-colombiens un programme d’éducation en fran- ¢ais. Un an plus tard, le programme cadre voit le jour et 1’ Association des parents du programme cadre (APPCF) est fondée dans la fou- lée. Son but: coordonner les ac- tions auprés des commissions scolaires et du Ministére de1’édu- cation, mais également promou- voir et revendiquer ce systéme d’éducation. Douze ans aprés, le pro- gramme cadre de francais, c’est 2200 éléves répartis sur 23 dis- tricts et quatre écoles dites homo- génes: les établissements Anne Hébert, André Piolat, Lavéran- derie (Chiliwack) et Victor Broe- der (Victoria). Est-ce a dire qu’au- jourd’ hui la bataille est finie? Pas réellement. Si les parents mesu- rent le chemin parcouru, certai- Ils sont huit rassemblés autour de la table, dans la biblio- théque. Huit enfants qui font par- tie des 125 éléves de I’école André Piolat, dernier-né des établisse- ments du Programme Cadre. L’école en frangais, ils la con- naissent depuis la tendre enfance, méme si les expériences vécues sont parfois bien différentes. Ni- loo, jeune Iranienne, suivait au- paravant une scolarité en Suisse alors qu’Olga, en 7éme année, vient tout juste d’arriver du Qué- bec. Dés lors bien difficile pour eux de comparer avec une école anglaise qu’ils connaissent a peine. Mais s’ils se sentent «un peu dif- férents», pas de regrets, en revan- Des éléves de l'école André Piolat. Vendredi 23 novembre 1990 ‘est le francais quiils preferent che, vis-a-vis du choix de leurs parents. Pour la majorité, suivre une scolarité en francais dans une province anglophone, c’est un atout. «Connaitre deux langues, c’ est mieux pour trouver un mé- tier» explique Sophia, 12 ans, avant d’ajouter: «le frangais est beau- coup plus difficile 4 apprendre». Suite page 8 Le Soleil de Colombie nes préoccupations et insatisfac- tions demeurent. En premier lieu, la qualité de 1’éducation reste au centre des débats. «Si de la maternelle a la 7éme, tout se fait en francais, il y aun probléme, enrevanche, pour les autres classes. Le pourcen- tage de cours en francais est le plus souvent de 50% en 8éme, 9éme et 10éme, et il tombe a25% en Iléme et 12éme,» explique Martine Galibois-Bars, présidente de 1’APPCF. De plus, Victor Broeder est] unique école offrant une scolarité compléte en fran- ¢ais de la maternelle a la 12@me, et donc la seule véritablement constitutionnelle. Selon les parents, il ne fait aucun doute: on est encore loin de V’idéal préconisé par l’article 23 _ de la Charte des droits et libertés. (voir encadré). C’est pourquoi dés — pour 1989, ils décident de passer al’at- taque et de défendre leur cause devant les tribunaux. Principale revendication: l’accés, la gestion et le contréle du Programme Cadre, seul moyen aux yeux de l’APPCF pour faire avancer |’éducation en francais. «Dans les districts sco- laires, nous sommes toujours en minorité», poursuit Martine Gali- bois-Bars. Un rapport de force qui pose, notamment, des problé- mes lorsqu’ils’ agit de déterminer silenombre d’éléves est suffisant pour ouvrir une nouvelle classe du programme cadre. Au printemps 1990, la confrontation judiciaire entre — VYAPPCF et le gouvernement provincial parait inévitable mais Le 4 mai 1990, le gou- vernement de la Colombie-Bri- tannique annonce la mise sur pied d’un comité spécial sur 1’éducation en langue minori- taire officielle. Son mandat: étudier la meilleure fagon d’im- planter dans la province un systéme scolaire pour les Fran- cophones, géré par les Franco- phones, tel que garanti par la Charte Canadienne des Droits et Libertés et interprété par l’arrét Mahé contre Alberta. Il devra remettre un rapport au ministre de 1’Education avant le 31 janvier 1991. Présidé par Le comité spécial brusquement, mi-avril, 4 quelques jours du procés, ce dernier fait volte-face et propose la constitu- tion d’une table ronde chargée d’étudier la facon d’implanter un systéme scolaire pour les Francophones, géré par les Francophones (voir article). C’est qu’entre temps, la Cour su- préme du Canada s’est pronon- cée sur la cause Mahé, opposant parents francophones et gouver- nement de |’ Alberta. Pour les septs juges, il ne fait aucun doute: «L’ article 23 englobe clairement un droit a la gestion et au con- tréle.» L’heure est donc actuelle- ment a la concertation et a la dis- cussion. Un peu prise de court par l’attitude du gouvernement de Colombie-Britannique, 1’ APPCF a travaillé d’arrache-pied tout 1’été ‘finaliser son dossier. Si parfois _ «on Se prend a réver de commis- sions scolaires francaises», |’as- sociation sait trés bien que la partie est loin d’étre gagnée. Et puis, méme en cas de victoire, il restera 41’ APPCF tout le travail de promotion et de formation: «/l faut faire de la sensibilisation en permanence. Nous avons 400 membres, nous devrions en avoir 1500. Dans certaines régions notamment, pour les parents, s’ identifier comme francophones représente une grosse étape.» Autrement dit, il ne suffit pas de faire reconnaitre ses droits, encore faut-il s’en ser- vir. Francois Limoge Edgar Gallant, qui a déja rem- pliceréleen Saskatchewan, ce comité de travail est composé de 17 personnes: 4 représen- tants des associations franco- phones, 4 représentants du gouvernement provincial, 2 re- présentants des commissaires (BCSTA), 2 représentants des professeurs (BCTF), 2 surin- tendants, un directeur, un se- crétaire-trésorier, un secrétaire, Del Lyngseth, et un président. Depuis le 4 mai, cette table ronde s’est déja réunie trois fois. F.L. ai +}