L’APPEL, VOL. 7, # 9, 22 sepieriire 1972 oy L’ORGANE DE LA FEDERATION EDITORIAL: LA FIN D'UNE EPOQUE La Fédération des Fran- co-Colombiens ne fait pas de politique partisane. Nous ne favorisons , officiel- lement, aucun parti politi- que. Cependant, nous som- mes forcés d’ avouer qué nous souhaitions un change- ment de gouvernement A Vic- toria. Ce changement s’est accompli et nous avons rai- son de croire que l’avenir nous réserve un meilleur sort que le passé. Le résultat immédiat de ce changement sera sans doute la dissolution d’ un régime dépassé, qui s’était graduel- lement éloigné de_ l’esprit démocratique. M. W.A.C. Bennett pourrait étre décrit comme le dernier de cette lignée de fidéles **commis’’ d’un empire colonial et com- mercial qui a fait ses débuts au Canada avec la Hudson Bay Company. Dans le sil- lage de cette tradition, le role du gouvernement con- sistait A proteger les valeurs vehiculées par cet empire et A mesurer , par consé- quence, la qualité adminis- trative par l’intensité plus ou moins grande de l’ex- ploitation des richesses na- turelles et par 1l’équilibre du bilan financier. Le bon gouvernement était celui qui assurait la meilleure disci- pline au peuple afin de mieux assurer aux ‘* entrepre- neurs’’ un rendement ma- ximal. De plus, comme tout ré- gime politique qui a gar- dé trop longtemps le pou- voir, celui du Crédit Social de la Colombie Britannique avait maintenant pris pour - acquis que son autorité ve- nait de ‘*Dieu et non du peuple’’. Le gouvernement ne cherchait plus A répon- dre A des aspirations 1é- gitimes mais A démontrer que la Vérité avait pris nais- sance aA Victoria, avec le régime, et qu’elle demeurait immuable. L’institution gou- vernementale n’était donc plus sur la méme longueur d’ondes que la population. Il n’est pas nécessaire de rappeler, ici, les déboires de tous ceux qui présentaient 4 Victoria leurs lettres de créance, si celles-ci déran- geaient, par leurs orienta- tions, la ligne bien étroi- te et peu compliquée que s’était tracé le régime. Les réformes réclamées en ma- tiére scolaire, culturelle ou sociale, se butaient 4 la question de savoir si ¢a pouvait se transformer en dollars. Les valeurs qui ne sont pas rentables sur le plan économique étroit ( en- treprises et administration), apparaissaient aux yeux du gouvernement. créditiste comme des frivolités dont tout le peuple sérieux, ci- vilisé et discipliné, peut se passer. C’est ainsi que les poli- tiques de bilinguisme du gou- vernement fédéral ont tou- jours subil’anathéme de 1’é- quipe Bennett-Gagliardi . L’ arrogance des décla- rations emanant des porte- parole de ce gouvernement n’avait d’égal que leur igno- rance -consciente ou incons- ciente- de la question. Par ailleurs, il était évident au’a leurs yeux toute politique contraire 4larecherche d’un dénominateur commun pour tous comportait une tra- hison, une hérésie digne d’ excommunication, puis- que, présumément, le Ca- nada ne peut avoir d’autre vocation que celle de pays britannique. M. Bennett était le derni- er d’une dynastie qui vient, avec lui, de rentrer dans l’ombre. En quelque deux ans, le bloc personnifié par les Manning, Thatcher, Weir et Bennett, encore enraci- nés dans le vieil esprit co- lonialiste, a été remplacé par des jeunes politiciens, nés depuis la derniére Guer- re Mondiale, et mieux pré- parés A voir le monde au- trement qu’en terme d’un monolythe. (Suite en page 4 de 1l’Appel) QUI EST LE DIRECTEUR GENERAL DE LA FFC? D’ abord, le DIRECTEUR GENERAL de la Fédération des Franco-Colombiens c’ est Roger Fournier, 25 ans, originaire de la Gaspésie, au Québec, retraité de la vie militaire au service de laquelle il occupait le rang de lieutenant. Sa carriére militaire l’a- yant conduit 4 la base de Chilliwack, au mois de juin 1970, il ne tarda pas 4 se familiariser*’ avec les pro- blémes que doivent affron- ter les Canadiens de lan- gue francaise, non seusement comme menbres des forces armées canadiennes, mais aussi dans leur vie de ci- toyens ordinaires. Disons qu’il est marié, qu’ il a un bébé de sept mois, et qu’il a été obligé de ré- intégrer la vie civile A cau- se d’un genou blessé, et dont le traumatisme rend inopportune la vie militai- re mais ne cause pas d’in- convénients facheux dans le déroulement ordinaire d’ une carriére civile. Au mo- ment de son licenciement, _il avait le choix entre re- tourner en Gaspésie ou se chercher un travail confor- me A son expérience, en Colombie Britannique. C’est au Méme moment que la Fédération des Franco- Colombiens ouvrait un con- cours public dans sa recher- che d’un nouveau Directeur Général. Ce poste venait d’ étre laissé vacant par 1’au- teur de ces lignes qui; lui, désirait se destiner A l’ani- mation orientée sur la cré- ation de coopératives d’ex- pression frangaise. Ceci se passait 4 la fin de juin 1972. Plusieurs candidatures parvinrent au comité de sé- lection, dont celle de Ro- ger Fournier qui fut jugé apte A remplir les fonc- tions d’administrateur de la Fédération et finalement choisi parmitrois personnes dont les noms avaient été re- tenus par le Jury. (Suite en page 4 de l’Appel) COMMUNIQUE DE LA FEDERATION DES FRANCO —COLOMBIENS, EN MARGE DE SES POLITIQUES EN MATIERE DE SCOLARITE FRANCAISE A la suite de certaines am- biguités qui se sont glissées dans le débat public au sujet de l’attitude de la Fédération des Franco-Colombiens face A certaines initiatives qui ont été prises, présumément en faveur, oucontre l’enseigne- ment du, ou en frangais en Colombie Britannique, il s’ est avéré nécessaire de faire les mises au point suivantes. 1 - La Fédération des Fran- co-Colombiens a pour mis- sion de promouvoir et de défendre les intéréts des francophones de la Colom- bie-Britannique et l’intégri- te de leur citoyenneté A part 3 3 entiére au Canada, attendu que le Canada affirme étre la patrie, 4 titre égal, des Canadiens de langue fran- gaise et de langue anglaise. 2 - La Fédération des Fran- | co - Colombiens, répondant au voeu exprimé par 1’As- semblée Générale, le 22 mai 1971, aun mandat quil’oblige a revendiquer les droits du frangais, langue d’enseigne- ment pour les citoyens fran- cophones, dans les cadres de la loi provinciale en matiére d’enseignement public. Malgre toute la sym- pathie et la volonté de col- laborer que nous: éprouvons a légard des familles et des organismes anglophones qui font ia promotion du bi- linguisme, qui cherchent a améliorer l’enseignement du ‘francais langue seconde, qui cherchent A contourner les obstacles contenus dans les lois en matiére de recon- naissance d’écoles autres que celles qui sont présen- tement reconnues par 1]’Etat, nous devons réitérer, de fa- ¢on non équivoque, qu’a moins de _ changements constitutionnels profonds- L’APPEL, Page l. et il n’en est: pas encore sérieusement question au a veau fédéral, ni au nivea de cette province - nous tra- hirions le droit de citoyen-| neté A part entiére des Ca nadiens d’expression fran- api si nous accepHional compromis de confier 4 ee organismes privés la responsabilité qui revient a 1’Etat. (Suite en page 4 de 1’Appel) LE SOLEIL, 22 SEPTEMBRE 1972, Vil #