Le Moustique ! ... Pacifique Volume 6 - 8 Edition ISSN 1704-4970 = Aoadt_ 2003 Un éphébe ingénu. Ma mére et moi-méme avons énormément en commun. Mais aussi, nous différons en de nombreux points. Tous les gens qui nous ont connus, Pun et l'autre, s’accordent pour dire combien nous nous ressemblons par le physique et, a plus d’un égard, par notre comportement. Ce en quoi nous nous distinguons, cependant, est que ma mére a toujours eu beaucoup de malheur pour s’ensuivre a ses périodes de chance, alors que dans mes propres malheurs, j'ai eu chaque fois assez de chance pour m’en dépétrer. Cette différence était a ce point marquée et constante qu’elle m’est apparue nous tre a jamais imposée par le destin. Ma mére souhaitait avoir un fils et, la ott la chance a paru lui sourire chaque fois, était qu’avec chacun de ses deux maris, elle a toujours porté des gargons en son sein. La malchance a voulu toutefois qu’avec ces deux conjoints, elle ait connu de nombreuses disparités. La principale étant, assez regrettablement, l’incompatibilité sanguine. Cette malédiction était 4 ce point persistante — elle avait déja perdu tant de fils — que le médecin lavait conjurée d’arréter ses expériences et, a l'avenir, de s’abstenir totalement de semblables espoirs. — Les chances de garder un enfant vous sont inexistantes, insistait-il, et, a supposer que l'un d’eux vienne malgré tout a survivre, le danger est grand qu'il soit mal formé a la fois physiquement et intellectuellement. Sans doute fallait-il plus que ces horribles menaces pour décourager ma mére aussi, persista-t- elle, méme aprés ma naissance ? Hélas ! En plus de ceux qui me précédérent, de tous les fréres potentiels a m’avoir succédé aucun n’a survécu. Je lui suis donc différent en ce sens qu’elle a eu la chance d’étre éduquée dans une famille nombreuse alors que, pour ma part et par la force des circonstances, j'ai été enfant unique. Entourée de fréres et sceurs, elle a souffert cependant de leur jalousie tant elle était belle, charmante et intelligente alors que, seul objet de son amour, j'ai été gaté et englué de tendresse. Un amour d’autant plus envahissant que jétais le miraculé de ses attentes. Qu’elle avait concentré sur ma seule personne incroyable somme d’amour résultante de tous ses 14 espoirs frustrés ! ll en est résulté que, de toute ma jeunesse, j'ai toujours ignoré la compétition ; je n’ai jamais appris a partager avec qui que ce soit et, sans étre fonciérement mauvais, j'ai pu passer parfois pour quelque peu indépendant. A entendre les psychologues et les sociologues, j’étais donc condamné a étre un monstre d'égoisme, complétement incapable de m’intégrer dans une société normalement exigeante. Les prédictions du médecin de famille me destinaient, en plus, a étre un assez triste accident de la nature. Grace a cette chance particuliére qui me caractérise, en grandissant, j’ai paru plutét attirant par le physique et j'ai méme su avoir un peu de ce charme qui rendait ma mére plus séduisante encore que sa beauté le laissait espérer. Je n’étais pas non plus handicapé au point de m’interdire les études. Je suis méme parvenu a dissimuler assez habilement une certaine lenteur d’esprit, sans toutefois 6étre en mesure de me débarrasser d’une grande candeur. Une naiveté qui, cependant, n’était pas sans en rajouter quelque peu a mon ascendant sur les gens en général et sur les femmes en particulier. Pas plus que pour la majorité des hommes, n’ai-je donc échoué dans la difficile tache de l’insertion sociale. Au contraire, cette jeunesse d’enfant seul et protégé avait présenté un double avantage: celui d’avoir une confiance en moi assez _raisonnable. Assurance qui, d’ailleurs, m’avait été longuement instillee par une mére absolument persuadée d’avoir créé une merveille en me mettant au monde; conviction que je n’ai jamais combattue que trés mollement. D'autre part, lisolement qui m’avait été imposé par les tristes événements, au lieu de me devenir nécessaire a jamais, avait, au contraire, développé en moi une grande curiosité des gens et des choses. Ainsi donc, les prémices effroyables de ma petite vie s’étaient assez rapidement transformées en conditions favorables a une existence normale, agréable et toute d’intérét pour les autres acteurs de cette étrange aventure. C’en sont plus particuligrement les actrices qui auront ainsi focalisé mon attention. En effet, le fait de n’avoir jamais eu de sceurs ou de Cousines, n’ayant jamais fréquenté de jeunes filles, étant de surcroit trés protégé par une mére qui passait