= = ij “< jn : wt inn > te Jour aprés jour, la moin- dre part de la langue fran- caise dans la vie internatio- nale de Genéve se fait plus vivement sentir. Les confé- rences de presse du Palais du temps, prononcées en an- glais, sans traduction fran- aise, alors que les Nations nies disposent d’un remar- listes-interprétes. Il est de plus en plus fréquent d’en- tendre des orateurs, par- faitement bilingues ou de langue maternelle frang aise, s’exprimer en anglais, sans songer que les correspon- dants de presse de la Suisse romande qu’ils ont conviés a les écouter sont francopho- nes. Les documents de 1’ONU et de ses institutions spé- cialisées A Genéve sont sou- des nations sont, la plupart | quable service de spécia- | vent distribués uniquement en version anglaise. Les or- ganismes internationaux, in- dependants de 1’ONU, comme le Conseil oecuménique des Eglises (C.O.E.), suivent cet exemple. La situation générale A l’egard de la langue fran- gaise est particuliérement grave au C.O.E., qui groupe prés de quatre cent millions de fidéles (appartenant 4 quelque deux cent quarante Eglises non catholiques), et déploie une activité intense dans les pays sous-déve- loppés. Bien qu’aucune décision n’ait été prise officiellement et A titre définitif, une vive inquiétude régne dans les milieux proches du C.O.E., ou on n’hésite pas 4 dénon- cer 1’*fimpérialisme lin- guistique américain’’. dollars. On croit savoir que les services | communications’’ du C.O.E. se trouvent amputés de | 100,000 dollars sur le bud- get de 1972. On envisage- rait donc de supprimer 1’in- formation en francais ainsi que dans toutes les autres langues d’expression latine. Si une telle mesure était dé- finitivement adoptée, elle risquerait de porter un coup Les craintes de voir triom- pher ce nouvel ‘‘impéria- lisme’’ sont accentuées de- puis l’aggravation de la si- tuation budgétaire du C.O.E. provoquée par la réévalua- tion du franc suisse. En ef- fet, les subventions les plus importantes proviennent des Etats-Unis et sont, par con- séquent, comptabilisées en ‘*éducation et sensible aux efforts mené par le C.O.E. pour s’implan: ter en Afrique francophon et en Amérique latine et pou se rapprocher du Vatican Il serait question égalemen d’amputer sérieusement les services de traduction, ce qui signifie que seul l’anglais subsisterait en fait dans les publications. Les milieux in- ternationaux de Genéve de- meurent persuadés que si les Eglises intéressées réa- gissaient avec suffisamment d’énergie, l’emprise de l’Angleterre au sein du C.O.E., la langue frangaise ne serait pas sa- crifiée et d’autres mesures pourraient étre trouvées pour équilibrer le budget. Les aveugles par Madeleine BERTHAULT Pour un aveugle, la plus grande perte, c’est l’indépen- dance, car n‘ayant plus l’u- sage de ses yeux, il doit de mander constamment l’heure, son chemin, il doit demander de laide a tout moment, il ne peut plus vivre par lui- méme, il depend des autres: de ceux qui voient... Redonner l’usage de ses yeux a un aveugle n’est pas encore chose tres courante, mais l’aider 4 recouvrer son indépendance, ¢a se fait tous les jours. En effet. tel est le but principal de l'Institut cana- dien pour les aveugles (INCA): lui rendre son indeé- pendance, améliorer sa con- dition et prévenir la cécite quand cela est encore possi- ble. Fonde en 1929, INCA a son siege social a Toronto, mais a des succursales par- tout au Canada. Pour le Que- bec, le bureau principal est a Montréal, dans le centre- ville. De plus, a travers la province, il y a 12 bureaux régionaux qui dependent de Montreal. L'INCA offre une multitude de services aux aveugles de tout le pays, sans distinction de race, de couleur, de croyance ou de langue. De plus, la majorite du person- nel de l'INCA est composee de personnes aveugles car le critere d’embauche est la compétence. Les enfants Mais il n’y a pas que les adultes qui peuvent étre at- teints de cécité, il y a aussi les enfants, c’est pourquoi VINCA a un service “En- fance et jeunesse’. On con- seille les parents d’enfants d’age preé-scolaire et scolaire, on place ces enfants dans des écoles appropriées et tout se fait en collaboration étroite avec les parents et les autorités educatives. L’INCA offre de plus des cours a domicile: une dou- zaine de professeurs vont en- seigner le braille a travers la province, pour Montréal seu- lement, il y en a cing. On préte aussi du materiel tel que dactylos, magnétophones, machines a écrire en braille. Un service social est tou- jours a la disposition des aveugles dont la condition, dans certains cas, accentue des problemes familiaux. Dans les cas d’urgence, VINCA accorde aux person- nes aveugles nécessiteuses une aide en especes ou en na- ture, en attendant l’aide offi- cielle. Les chiens... Certains aveugles préferent le chien-guide a la canne blanche. Etant donné qu’il n’y a pas assez d’aveugles au Quebec et meme au Ca- nada pour justifier une école, VINCA envoie ces: aveugles aux Etats-Unis. A YVécole, Vaveugle et le chien sont entrainés ensem- ble, ils apprennent a se con- naitre mutuellement: le chien devient les yeux de l’aveugle. Le directeur des relations publiques de INCA, M. Ro- bert Shea, ajoute cependant, qu’en retour, l’aveugle doit prendre soin de son chien, ne pas le maltraiter ou lui faire subir des foules. ‘‘On ensei- gne tout ca dans les écoles”, ‘souligne M. Shea, ‘‘et cela ne signifie pas qu’on enléve a Vaveugle sa liberte ou son in- dependance. ~ Tl vaut mieux, dans cer- tains endroits publics, que Vaveugle s’abstienne d’y en- trainer son chien. Et M. Shea a donne l’exemple de la Place des Arts. a Montreal. Si certains theatres ou cine- mas acceptent les chiens des | aveugles, c’est parce que les | d’une locaux sont moins vastes, qu’il y a moins de monde. Quant a la Place des Arts, loin de refuser l’entrée aux aveugles, elle la leur facilite. Liaveugle qui arrive avec son chien peut laisser l’ani- mal dans un bureau tran- quille ou il ne sera pas ex- cité par le bruit et ou per- sonne ne risquera de le bous- culer. Puis, l’aveugle, escorté hdtesse, ira prendre | son siege pour le spectacle. | Aprés la représentation, !’ho- fesse reconduira l’aveugle a son chien. Les aveugles au travail Régle générale, une per- sonne aveugle, si competente soit-elle, a de la difficulté a se trouver du travail. Et pourtant, nombre d’aveugles ont acquis une dextérité qui ferait palir bien des voyants. Dans certains cas méme, l¢ travail est mieux fait car ils ne sont pas distraits par ce qui les entoure, et se concen- trent plus sur ce qu’ils font. L°INCA a un service de placement pour les aveugles et peut les faire embaucher dans certains secteurs de l'industrie, dans les services CaterPlan de INCA qui sont des services de cafétéria, ainsi qu’au sein du personnel méme de l’INCA. D’autre part, il y a aussi l’Association canadienne-fran- caise des aveugles qui s’oc cupe de fournir du travail | aux aveugles dans leurs ate- liers, out ils font de la répa- ration et restauration de chaises et de fauteuils ainsi que des objets en osier, en jone et en corde. Des chiffres et des statistiques D’aprés une loi qui date d’une vingtaine d’années, le gouvernement provincial verse $75 par mois a chaque aveugle. L’Association cana- dienne-francaise des Aveugles ne peut pas donner de salai- res décents a ses employés aveugles car ces derniers se verraient diminuer d’autant leur pension. Done le maxi- mum que l’association peut payer, c’est $39 pour l’aveu- gle marié et $19 pour le céli- bataire, par semaine. Ces montants constituent un sup- plément appréciable mais in- suffisant a la pension du gou- vernement. Il y a environ 24,000 aveu- gles connus de V’INCA dans ‘out le Canada. Sur ce nom- bre 7,046 sont au Quebec: 3,596 hommes et 3,450. fem- mes atteintes de cécité et qui sont inscrits a INCA. Seulement au Quebec, 161 enfants de moins de 10 ans sont aveugles. Comment V’INCA et |’Asso- ami et non en esclavece. Le chien: les yeux et l‘ami de l'aveugle Les yeux du chien sont les yeux de 1l’aveugle. En retour, ce dernier doit prendre soin de son chien, le traiter en ciation canadienne-francaise des aveugles sont-ils finan- cés? D’abord VINCA recoit des subventions gouvernementa- les. En. 1970 il a recu $80,000 du gouvernement fe- déral et $76,520 du gouverne- ment. du ‘Québec. Outre ces sources de revenu, V’INCA gui est membre de la Cam- ‘pagne. des Federations du Grand Montréal, a recu via VAssociation des oeuvres de - santé de Montréal, un mon- tant de $238,240. De plus, des dons et des legs ont permi a VINCA, section province de Québec, de-houcler son bud- get. a ‘ |. Ensuite, il y a l’Association canadienne-franc¢aise des Aveugles qui a recu un octroi | du fédéral s’élevant a $6,500 et un octroi du provincial de $5,000. quelle que soit} LE SOLEIL, 13 AOUT 1971, V . — ae ais at Ss eas Oe | | t i