Le Moustique ! ... Pacifique les rites et les techniques qui m’avaient manqué si cruellement. Conscient que la science sans expérience manquait d'armes, je surmontai toutes mes __ inhibitions. Courageusement, systématiquement et avec un plaisir de plus en plus certain, je rencontrai le plus grand nombre de femmes afin d’en découvrir tous les mystéres. Sur le plan physiologique, assez rapidement, jen fis le tour, tout en appréciant grandement I’originalité et l'esthétique de la conception. Quant a Tesprit, je découvris plus vite encore que si la femme pouvait faire preuve de quelques réserves, elle n’en était pas sainte pour autant. Je la trouvai finalement de compagnie extrémement plaisante, mais pas seulement pour les remédes qu’elle apportait 4 mes troubles sensuels. A l'inverse de ce qui se passe dans les soirées, surtout les nord-américaines, € chaque invitation, a chaque occasion, je quittais le cercle que forment les males pour parler de choses essentiellement viriles. Je joignais alors celui des femmes ot je découvrais chaque fois un monde original, different, autrement plus intéressant que les gasconnades, souvent machistes, de l’autre bord. Ce monde appartenait-il € un niveau supérieur a ce qui s’entendait du c6té masculin ? Pas absolument, mais au moins, tout cela était nouveau pour moi et assez plaisant a découvrir. On y gagnait un peu l'impression de vivre une seconde vie, de voir le monde avec un autre regard. J’en déduisis, a la longue, que la femme, a plus d'un égard, m’était trés semblable et qu’en cela, elle ne m’intéressait pas plus que l'homme. Physiquement plus intéressante, elle possédait également nombre de choses que jignorais ou que je ne comprenais pas toujours, mais qui semblaient étre aussi fondamentales que le savoir masculin. Elle m’était égale, sans aucun doute, et je lui rendis rapidement le respect que je lui accordais auparavant, alors aveuglément. Mais en plus, elle possédait autre chose que je n’avais pas. Ici, je me dois de le préciser immédiatement, et je prie chacun trés sincérement de m’en excuser, cette Volume 6 - 8 Edition ISSN 1704-9970 Aodt 2003 chose qu'elle aurait et que je n'ai pas, je n’en ai toujours aucune idée. Chez les Arabes, on explique d’une maniére assez plaisante l'apparente arrogance des dromadaires. On y raconte qu’a la naissance de homme, Allah lui aurait fait part de six parmi les sept plus grands mystéres de l'univers. L’homme respecte le dromadaire (plus que la femme d’ailleurs) et ce dernier, en retour, le tolere avec dédain, car, par une indiscrétion de ce méme Dieu, i aurait regu la signification du septiéme secret. Depuis lors et parmi ces gens, les hommes et les dromadaires forment un couple, un peu difficile parfois, mais remarquablement indissoluble. J’aime assez a croire qu’il en est de méme pour rhomme et la femme. Ils ne seraient, de fait, que les piéces complémentaires d'une entité supérieure, chacune avec son mode de perception et la connaissance qui en résulte. L’accomplissement de l'un et de l'autre ne se ferait totalement que dans leur union. Pour autant qu'elle soit entiére et parfaite. Aussi ai-je, un jour, enfin décidé de choisir parmi elles toutes la plus belle, mais aussi la plus charmante et la plus aimante. Une fois de plus, a la différence de ma pauvre mére, les choses se sont fort bien passées pour nous. Nous avons eu de beaux enfants, mieux avertis que leurs parents, et au cours de toutes ces années, je nai cessé d’étre plus amoureux a chaque instant. De la méme maniére, mes convictions concernant la femme se sont renforcées avec le temps. Et avec elles, le respect que je lui porte. Respect qu'elle me rend pour cette partie que jai a lui offrir 4 mon tour. Je ne peux toujours pas définir la féminité. Comment d’ailleurs définir ce que je ne connais pas? Je ne caractérise pas davantage la masculinité ; c'est qu’elle est un tout dont je ne suis que partie. Je reste toutefois persuadé que ma femme est tout ce que je ne suis pas, c’est-a-dire tout ce qui me manque le plus cruellement. C’est qu’a présent, je sais la femme m’étre assez semblable pour paraitre accessible et cependant assez différente pour la rendre attrayante. Jean Lebatty